Vous savez que le comité d’élection fait toujours savoir huit jours avant la finale, qui est élu Biòu d’Or et on nous prévient que notre taureau est l’heureux élu.
Félicitations et engagement pour la finale qui a lieu à Arles, se succèdent. Le jour de la finale, ont part à Arles le matin avec le camion et une fois qu’on a débarqué le taureau, un responsable du comité nous aborde et nous dit :

  • "Ce n’est pas Régisseur qui a le biòu d’or".

Ah bon ! Bon sang !

  • "Non, c’est GANDAR. Parce qu’au sein du comité il s’est dit qu’il ne faudrait pas que GANDAR, qui est un peu plus vieux que REGISSEUR, ne soit trop vieux l’an prochain.
    Alors comme il est important qu’il l’ait, on le donne cette année à GANDAR
    ".

Pour nous Gandar le méritait le bióu d’or, autant que nous, et même l’année d’avant. Mais sur ce coup, ils nous avaient pris pour des billes.
L’histoire avait vexé tout le monde, mon père, mon oncle et nous deux et cela très profondément.
C’est alors que le responsable nous dit :

  • "Ne vous en faites pas, l’an prochain c’est lui qui l’aura".
    Comment l’an prochain ? Le taureau peut être goï toute l’année, ne pas courir et du coup bonsoir le trophée !

L’élection suivante arriva : COSAQUE est élu Biou d’Or 1956 !

Personne n’a jamais entendu une plainte de notre part sur le coup, mais la blessure venait de s’aggraver.
L’année suivante, huit jours avant la finale, on nous fait savoir que Régisseur était Bióu d’Or 1957 !
Casimir et Jacques qui n’avaient rien oublié ont alors répondu : 

  • "Ce ne sera pas REGISSEUR qu’on enverra a la finale, on enverra un taureau... "
    Et le jour venu, REGISSEUR n’est pas allé à la finale en réponse à l’affront qui avait été fait. Nous avons donné CERF à la place. C’est "le Cabot", Marcel Guillarmet, qui était passé le matin le récupérer avec son camion. On l’a encocardé et on dit à Guillarmet :
  • "Tu t’en occupes, il est brave, et tu nous le ramènes ce soir "
    Nous des quatre que nous sommes, personne n’est allé à la finale ce jour-là. Au micro ils ont annoncé : REGISSEUR BIÓU D’OR ! Ils ont annoncé : le frères RAYNAUD !
    Ils les ont réclamé plusieurs fois. Mais ils ne risquaient pas d’être là, ils étaient au Cailar les frères RAYNAUD.
    Et Mario, il a gardé son Biòu d’OR.
    Quelques années avant qu’il ne meure, Mario nous aborde un lundi à la Bourse à Nîmes :
  • "Vous savez il y a un trophée qui me gène à la maison, j’ai toujours ce biòu d’or, le vôtre, ma femme l’astique et il n’a rien a faire chez moi."
  • "Ecoutez ! Mario", lui a-t-on répondu, "votre femme l’astique ? Et bien qu’elle continue de l’astiquer. Pour nous le Biòu d’Or reste là où vous l’avez mis. Sur la mémoire de nos disparus qui avaient pris cette décision, nous ne viendrons pas le récupérer, REGISSEUR a été sacré Biòu d’Or en 1957, d’accord : c’est écrit, c’est classé et c’est comme ça ! Mais à ce jour on ne veut même pas savoir ce que vous allez en faire."

Aujourd’hui Mario est mort, et sa femme aussi. Le trophée serait du côté de Saint Géniès de Malgoirès chez un aficiounado ami de la marque.
Notre père et notre oncle l’ont refusé, on ne va pas le prendre maintenant, on a un devoir de mémoire.
Voilà l’histoire, ils nous ont pris pour des billes il y a cinquante six ans maintenant ( en 2012 NdT) et la réponse est venue à l’image de la mule du Pape.

B.D. : «  Tout cela veut dire que les pressions et les manipulations se sont faites un jour dès la création de ce trophée et son histoire en est jalonnée.
L’ exemple le plus récent est l’élection de VIRAT de L. Nicollin en 2002. Pour que Virat soit élu, à coup sûr, il faut que PALUN du même propriétaire n’ait pas ou peu de voix. Si jamais les voix s’éparpillent à égalité sur les deux, c’est un troisième larron qui peut gagner. Que croyez-vous qu’il arriva !
PALUN a eu zéro voix, après la saison qu’il avait faite.

  • Tant que la transparence ne sera pas là, il y aura ce sentiment de doute.

B.D. : Ce qui est contrariant dans ce scrutin du Biòu d’Or c’est qu’au moins 3 aspects ne sont pas, ou mal, vus.
— Le mode de scrutin : un bulletin sur un seul taureau est une aberration.
Voter en classant cinq taureaux de premier à cinquième en attribuant de 5 à un point paraît équitable
— Le vote a bulletin secret !!!
Pourquoi ?
Dire pour qui on vote et pourquoi semble un devoir de transparence
— L’aspect médiatique. La presse régionale pourrait facilement vendre ce vote pleine page à son meilleurs bénéfice. »

On ose à peine évoquer un Biòu d’Argent et de Bronze dans une remise de Trophée qui serait une fête en piste. La déception vient aussi du fait que le Président de ce Trophée Bernard FESQUET, à l’habitude inventif et plein d’initiative, va laisser cette institution en l’état où il l’a trouvée, c’est-à-dire, pleine de poussière.
Et ça ne lui ressemble pas.
La question est posée : Pourquoi ?

Il y a quelques années, Yves JANIN avait connu une très grosse désillusion avec son taureau SAINT HILAIRE battu sur le fil par FILOU et encore une autre avec OURAL il y a quelques temps. Savoir qui vote pour tel taureau et pourquoi apaiserait sûrement en grande partie les esprits.
Pourquoi donc ce Trophée laisse-t-il derrière lui un tel goût d’amertume ?
Faut-il à tout prix cultiver cela ?

REGISSEUR en ce jour, depuis son coin de terre au Grand Radeau, doit secouer ses cornes avec dérision en se disant que ses patrons n’avaient sans doute pas tort.