Beaucaire le 28 mars 2022

Un vent de fraicheur et d’optimisme a soufflé
sur la 1ère journée du MUGUET d’OR.

Beaucaire accueillait ce dimanche la (presque) complète Royale de Lautier en cette 1ère journée du Muguet d’or.
Soixante ans, cela se fête et c’était un plaisir de voir s’avancer en piste cette belle famille en grand apparat, sous l’ovation reconnaissante d’une bonne moitié d’arène.

Il est de très bon ton de dire depuis des années qu’il n’y a plus de taureaux.
Rabaisser le moment présent est pour beaucoup un vrai sport, c’est oublier un peu vite qu’il n’y a pas de grands taureaux s’il n’y a a pas de grands raseteurs. C’est oublier qu’un taureau se valorise au travers d’un travail constant, engagé, propre.

Or que voyons-nous depuis des décades ?
Un combat d’entrée pour les attributs, un arrêt des hostilités souvent total aux ficelles, combat qui se ranime si une ficelle est démarmaillée et cela dans une atmosphère de rivalité en piste dénuée bien sûr de toute amitié. La priorité c’est l’attribut, pour le spectacle vous repasserez…
Qu’il y ait encore des spectateurs sur les gradins relève du miracle.

Eh bien ce dimanche à Beaucaire rien de tout cela.
Certes la compétition était là, nécessaire, mais dans le respect des deux camps, droite et gauche, avec une couche visible de camaraderie. Et surtout le travail était constant pendant quasiment 15 mn avec l’envie pour certains (Félix, Martin, Zekraoui voire Allam ou Marignan) de mettre en valeur les taureaux malgré la difficulté bien réelle.

Car de la difficulté, il n’en a pas manqué avec un 1er acte plus que solide.

Le 1er CARDINAL (16 ans) a déroulé toute la gamme du 1er solide voire plus.
Après un début plein de fougue, dès la 3e mn il laisse passer ne partant que sur les rasets engagés à la tête (Marignan, Martin).
Sa tactique : chasser les droitiers dans la foulée d’un raset des gauchers.
Son intermittence a laissé planer le danger mais sa course, trop raide, trop réservée a été sauvée par le travail assidu des hommes.
Pour moi, sa course vaut 9/20.

Le 2e ATTILA (16 ans aussi) calme son monde d’entrée, anticipe Lopez puis Martin en gros danger, excelle sur les reprises à grande vitesse, écarte Allam parti ….à l’aventure.
Le taureau domine. Très brillant et combatif, son sens du combat lui permet de créer le danger en particulier sur Martin et Allam puis en final sur Zekraoui , auteurs de rasets très engagés.
Seul bémol : Attila est très rarement sorti de la zone du toril. Mais quel cœur et quelle envie !
Les hommes ont pris des risques et ont assumé.
Pour moi sa course vaut 14/20.

Le 3e GALLION (8 ans) fin de type, bien dans la race.
Chasse et prend tout avec vigueur. Subit la bourre car vulnérable et son coup de tête à droite le sauve et le fait tenir 4 mn aux attributs.
Aux ficelles le rythme tombe et le taureau domine et se refait un gros moral. A partir de la 8e mn il enchaine les séries avec un grand dynamisme, à la 11e mn Félix allonge un magnifique raset puis il anticipe Zekraoui et termine sur une série de reprises dont il sort avec les honneurs et ses deux ficelles.
C’est un espoir qui devra prendre de la bouteille mais il est à suivre.
Pour moi sa course vaut 12/20.

Le 4e MYTHRON (12 ans), costaud, de l’allure, du peps.
Placé de suite au toril, il s’impose dès la 1ère série où personne ne peut poser la main.
Sait changer de terrain à sa convenance.
Chez les blancs on prend beaucoup de précautions. Félix, très actif le tire deux fois avec classe.
Cocarde et glands tiennent 8mn20.
Le taureau se durcit. Très bon travail d’Allam, actif, efficace.
MYTHRON inspire la crainte et le respect. C’est un taureau d’envergure. Placé à mi-piste c’est un problème pour les hommes, placé au toril son style de combat parait une équation insoluble, un niveau trop élevé pour chacun d’eux.
Le final est superbe avec une grosse enfermée sur Zekraoui mais surtout sur Martin en très gros danger à l’arrivée.
Il rentre 2 ficelles à 600 €. Il a été le maitre absolu et dicté sa loi.
Pour moi sa course vaut 15/20.

Le 5e TIMOKO (12 ans). Doté de cornes immenses, il sort plein de gaz et d’envie, subit une grosse pression, se montre vulnérable sur les reprises et perd ses attributs en 1 mn 25. Aux ficelles il devient brillant, spectaculaire après Félix (3cb), Martin, Charrade, Zekraoui. A noter le beau duo formé par Félix et Zekraoui au meilleur intérêt du cocardier.
Coté négatif il est resté cantonné au toril, cherché le centre à la 5e mn,, sélectionné à la 10e mn. Beaucoup de positif, un peu de négatif et surtout un beau travail des hommes qui ont tiré le bioù vers le haut. Il a rentré ses 2 ficelles après une lutte très intense.
Pour moi sa course vaut 14/20.

Le 6e ACAJOU (9 ans) ; Encore un Lautier très rapide.
D’entrée subit une grosse pression où il souffre et ses attributs partent en 1 mn 30.
Il est facile à la tête mais son accélération en sortie de raset est un danger. Brillant dans les séries, il sait se déplacer et chasse beaucoup. La fatigue des hommes se fait sentir.
Le taureau est doté d’un cœur énorme et s’éclate dans des séries devant le toril (3e, 6e 8e mn). Cette débauche continue le fait finir épuisé, tirant la langue, le cœur entre les dents.
Rentre 1 ficelle avec grand mérite.
A confirmé sa course de la Palme d’Argent. Il a été brillant mais pas dominateur.
Pour moi sa course vaut 14/20

Le 7e PEROLEN (9 ans). Hors Trophée et hors Muguet d’OR…
La question évidente : puisqu’il ne compte pour rien, pourquoi est-il venu ?
Du coup un rythme amical, sans pression et sans passion s’est installé.
Le biòu est apparu vulnérable, bravet sur le raset pendant ses 10 petites minutes. La course ne méritait pas de finir sur ce type de déception.
Le principe même du7e est une fois de plus posé.
Pour moi sa course vaut 8/20.

La valeur de la course ressort à 12,3 (86/7) plombée en partie par les prestations du 1er et du 7e.
Pour un mois de mars c’est excellent quand on pense que ORCA, TYRION mais surtout MONTEGO n’étaient pas de la partie..
Les hommes ont fait la course et sont les artisans de son bon niveau.
Pour notre part on en redemande.

Prochain rendez-vous à Beaucaire le 8 mai pour la 2e journée. On saura alors s’il s’agit d’un renouveau durable ou d’un simple feu de paille

Bernard DUMARCHER

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