Hommage à Albert CHAPELLE

« Bébert » comme l’appellent tous ses intimes.
Bébert, ne se livre pas énormément sur sa lointaine enfance qu’il a vécue en terre de Crau au milieu des pâturages.
Mais il nous livrera qu’un jour, pour bien marquer le début de sa passion pour les bêtes, à l’âge de 6 ans alors qu’il se rendait à l’école de Mas Thibert à bicyclette accompagné de sa mère, un croisé Espagnol de Marius Lescot lui barra la route et le chargea.
Ce taureau l’ envoya dans le fossé et estrassé son vélo rouge en mille morceaux.
Il en perdit la parole pendant 8 jours et la passion pour les bêtes a commencé curieusement dès cet instant.

Adolescent, il s’initie au dressage des chevaux et avec son frère Jean Pierre. Ils brûlent d’envie de monter une manade.
Tout commencera vraiment en 1963 lorsqu’ils créent la manade avec Chauvet.
Cette manade portera le nom de Chauvet/Chapelle et démarre à partir de bêtes achetées à Raynaud-De Montaud-et du Marquis…

Ils achèteront ensuite la manade « Arc en Ciel » puis Rebuffat.

De là vont sortir des cocardiers solides comme Nîmois-Pernen-Saint Louisien- mais surtout le grand Aiguilleur, le taureau redouté par les raseteurs de l’époque des Soler- Marchand-César- et j’en passe…
Cette alliance durera 6 ans.

En 1969 les partenaires se séparent, Chauvet s’installe au mas de Cadenet à Fontvieille et Albert et son frère Jean Pierre montent leur propre manade dans la plaine de Crau au mas de Pernes où nous sommes.

A partir de là, les frères Chapelle après avoir été raseteurs occasionnels vont s’initier à la monte en caballero et se révéler excellents, particulièrement Bébert qui remporte le Rejón d’Or à Méjanes en 1969 et 1971 devant Pelen et Monnier.

Puis les années passant, ils vont mettre en valeur le domaine avec l’organisation de ferrades, l’aménagement de la grande salle de réception pour les amis, clubs taurins et même les agences de voyage, les comités d’entreprise etc….
Hector, le taureau apprivoisé qui barrule [1] au milieu des tables des convives sera incontestablement la vedette des lieux non sans provoquer quelquefois la frayeur parmi les invités et Oscar, le chien qui trie les taureaux à lui tout seul sur le pays sera la seconde attraction.

Mais la manade Chapelle sera surtout connue par ses abrivado et bandido où chose rare, la cavalerie tournait sur place pour faire demi-tour, sans char, sans barrière, au bout du circuit.
Des abrivado qui débuteront à St Laurent d’Aigouze, un pays pourtant en froid avec les Provençaux, mais c’était sans compter sur la verve et la bonhomie de Bébert qui chantait « Le chant du gardian » ou « Albert est né en Provence, entre Avignon et les Saintes Maries, c’est Aubanel qui me l’a dit » avec l’orchestre « Pico Bacèlo ».
Bébert disait qu’on y buvait pas mal de pastis, mais qu’il en servait plus que ce qu’il en buvait.

Hélas, le temps des réjouissances s’arrêtera brusquement en 1989 où la famille est éprouvée par la disparition de son neveu Eric puis de son frère Jean Pierre.

En 1998 la famille se sépare à nouveau avec la création de la manade Chapelle- Brugeas, sa nièce, et Bébert va confier les destinées de sa manade à son petit-fils Florent LUPI et sa mère Nadine.
Quant à Jean-François, le fils de Bébert, il présidera aux destinées de la manade La Galère en ayant épousé Chantal la fille de René LAMBERT.

De leur devise où il détaillera le bleu du ciel, le jaune du soleil, le vert de ses prés de Crau et le rouge symbole du sang généreux de ses bêtes, Bébert nous parlera de ses nouveaux espoirs : les brillantes vaches cocardières CANOPEE et DAMISELO qui a remporté la finale Philippe THIER S aux Saintes en 2018, ainsi que les valeureux taureaux d’aujourd’hui MEPHISTO-AMPHYTRIUM-SPHINX qui ont déjà des kilomètres au compteur et pour les plus jeunes -MYSTERE-PRIMADIE….
De beaux jours en perspective pour la relève.

Après une longue carrière de passion énorme de près d’un demi-siècle, je salue un grand nom de la bouvine, un personnage mythique et je lui dis :

« Merci Bébert pour l’œuvre honorable que tu viens d’accomplir, du bel accueil que votre famille nous a réservé, merci à Florent LUPI pour son engagement au bureau fédéral de la FFCC, tous les amis de Camarina se joignent à moi pour vous encourager à poursuivre le travail qu’Albert a engagé jadis en créant cette illustre manade .  »

[1Barrule : qui va et vient sans cesse