Chère AURELIE, chère AUDE,

Il y a plus de 25 ans que l’Association CAMARINA a abordé au Grand Radeau, séduite par cette nature sauvage qui l’entoure, loin de tout, et toujours d’une beauté incomparable.
Certains en parlent comme d’un mirage nous, nous préférons en parler comme d’une très belle réalité, liée sans doute possible, aux gens qui l’occupent.

Les RAYNAUD, comment les définir ?
Ce sont des êtres simples, sincères, sans détours au point de nous séduire d’amblée, au point d’avoir la furieuse envie d’écrire leur histoire en 2004, tellement elle est riche, belle, dure parfois, au point d’avoir envie de les mettre à l’honneur comme MAGUY en 2008, JEAN en 2009, FREDERIC en 2011 et MARCEL en2021, cette dernière avec une tristesse infinie.
En cette année 2022, l’hommage à AURELIE et AUDE s’impose comme une évidence, et je vais vous dire pourquoi.

C’est ici au Grand Radeau, que s’est construite une des plus belles histoires de Camargue, une de celles que la toute petite FLORINE pourra raconter dans trente ans, le soir au coin de sa cheminée, ou peut-être dans un de ses livres. C’est votre histoire, celle que vous, AURELIE et AUDE écrivez chaque jour.

Florine dans les bras de Romain Bousquet, son père

AURELIE et AUDE, en 2016, vous êtes devenues les 1ères femmes manadières de la famille en rachetant toutes les parts de la manade.
Cette décision est le fruit d’une longue réflexion doublée d’une volonté farouche.

AUDE tu as eu cette idée en tête très tôt, alors qu’AURELIE a eu besoin de se conforter dans cette idée.
Personne dans la famille RAYNAUD ne vous a poussées, rien n’a été imposé.
Mais toutes deux, au bagage solide fait de diplômes de très bon niveau, vous avez connu la vie active hors de la manade. Ces expériences diverses vous ont menées très vite vers une certitude et cette affirmation :
« Ce n’est pas cette vie là que l’on veut, c’est ici au Grand Radeau qu’on a envie d’être »

Toutes deux, très complémentaires, vous formez une équipe très soudée au point d’affirmer :
« Nous n’aurions pas pu faire cela l’une sans l’autre » !
Une phrase qui en dit long sur votre complicité.

La 6e génération est en place.
C’est un duo solide, comme tous les duos depuis
— 1945 avec CASIMIR et JACQUES,
— 1959 avec MARCEL et JEAN,
— devenant trio en1985 avec l’apport de FREDERIC,
— 2016 avec AURELIE et AUDE, solidement appuyées par votre père FREDERIC et votre oncle JEAN.
La continuité est la marque des RAYNAUD.

Vous voilà donc manadières, 1er duo de femmes dans l’Histoire des manades et de la Camargue, sur les traces de Fanfonne GUILLIERME, Magali SAUMADE, Nicole REBUFFAT, Anne JANIN et bien d’autres.

Vous voilà aux prises avec ce milieu machiste, masculin et les débuts ne sont pas si simples.
Encore une fois il y avait votre père, il vous a laissé la place, soutenu, et surtout conseillé :
« Faites ce que vous avez à faire, avancez, et laissez dire ! »
Et tous les autres ont vu que vous étiez capables et c’est passé en douceur…
Mais des remarques, vous n’en avez pas manqué !

Avec toujours au départ cette idée fausse de la femme.
Mais sachez-le clairement : être manadière, c’est du 24h sur 24, c’est faire les barrages, castrer les étalons, marquer les veaux, conduire camions et tracteurs, négocier les courses et les suivre, assurer la compta, recevoir les groupes, faire le foin de nuit et même faire de la mécanique si nécessaire…mais ça…
C’est enfin prévoir le lendemain en détectant le bon étalon et les bonnes vaches.
Et j’allais oublier : c’est aussi avoir des compagnons passionnés, qui acceptent cela, sinon rien n’est possible.

Chers amis, la manade Raynaud a 118 ans cette année, plus ancienne manade sous le même nom de tous les temps !
Cela pourrait être écrasant pour ces jeunes épaules.
Et pourtant pas du tout.
Elles m’ont dit :
« Notre Histoire est un trésor, on a des connaissances, un savoir-faire. Une Histoire comme la notre il ne faut surtout pas la gâcher. On se dit qu’il faut maintenir, quoi qu’il arrive, c’est vrai, mais notre métier, tel que nous le concevons est fait d’espoir, constamment tourné vers l’avenir » .

Chers amis, rencontrer AURELIE et AUDE est un plaisir multiple.
Fait de joie, de sérieux, d’éclats de rire, de projets ou encore d’optimisme.
Rencontrer auprès d’elles leur père FREDERIC immensément heureux et fier de pouvoir travailler avec ses filles, est un moment rare qu’on a aimé partager.

Chers amis camariniens, je crois qu’on peut tous se lever et ovationner comme il se doit le travail déjà accompli par ces deux jeunes manadières, qui par bien des côtés, nous épatent !

Bernard DUMARCHER