S’il ne vient à l’esprit de personne de prendre le large sans connaître la mer, nombreux sont ceux qui se juchent du jour au lendemain sur le dos d’un cheval et s’en vont plutôt mal que bien et non sans risques, par monts et par vaux.

Photo : E. Blanc

A l’étude sérieuse de l’hippologie, de l’alimentation du cheval et de l’équitation classique, se substituent à tort nombres d’idées reçues et de préjugés. Aux yeux du profane et sans grandes chances pour lui de parfaire sa culture équestre, le dernier a avoir parlé se trouve avoir raison.
Bien souvent au nom des traditions, des voix s’élèvent contre le progrès et ses nuisances. Mais ceux qui aiment les chevaux n’hésiteront pas à améliorer leurs conditions de vie.

Des études scientifiques, théoriques et expérimentales poursuivies conjointement par des vétérinaires chercheurs Français et Américains ont permis d’évaluer très exactement les besoins nutritifs des chevaux, qualitativement et quantitativement en fonction du travail, de l’âge et du poids corporel de l’animal. Il en ressort que l’alimentation traditionnelle : fourrage + avoine est insuffisante et qu’il faut introduire dans la ration quotidienne d’autres grains, d’autres denrées, des vitamines et des oligo-éléments, afin d’assurer une croissance normale des jeunes et un maintient satisfaisant de l’état des adultes. L’observation vigoureuse de ces données permet de garder des animaux sains et d’augmenter considérablement la longévité moyenne. Il n’est pas rare aux U.S.A. que des chevaux dépassent les 30 ans encore en état..

Photo : E. Blanc

Hélas, bon nombre de nos cavales en sont réduites à chercher dans un coin de pré ou de marécage une nourriture aussi pauvre que peu abondante ; Les clôtures leur ôtant toute possibilité de migration vers des pâturages plus riches. On oublie trop souvent que le cheval sauvage se déplaçait sans cesse à travers le pays et avait donc une nourriture variée à sa disposition. La semi-liberté d’aujourd’hui si séduisante dans l’esprit implique des soins n’en déplaise à certains. C’est au nom de la rusticité que l’on fait subir à beaucoup de chevaux camarguais les affres de la malnutrition.

En fait, avoines et fourrages sont autant de denrées onéreuses et certains cavaliers - méritent-ils ce nom - apprécient ces chevaux qui leur permettent de caracoler à moindre frais d’entretien.
L’endurance, la vraie est celle obtenue par un travail raisonné de mise en. muscles et mise en souffle, d’assouplissements montés. Ce sont là les secrets pour faire un bon cheval et non les souffrances d’hivers rigoureux et de malnutrition forcée.

C’est avec le même état d’esprit et sous le couvert l’une équitation de travail rude que de nombreux amateurs se permettent d’aller défiler dans nos rues et dans nos arènes sur des chevaux aux crinières terreuses, aux queues jaunies par le purin, aux cuisses maculées de boue et de fumier.

Un minimum de fierté et d’hygiène devrait leur faire prendre un seau, une éponge, et un couteau de chaleur et laver leur monture.
Trop souvent règne un laisser-aller qui mènera le gardian à être assimilé à un « débauché équestre » comme l’est devenu le cow-boy américain.
Pour en revenir-à la malnutrition, c’est chez les juments pleines que se fait le plus de ravages, le poulain se développant au détriment de sa mère, en parasite, il faut assurer à celle-ci une grande richesse de l’alimentation par les denrées au taux de protéines élevé, telles que la luzerne, les grains, en particulier au moment de la mise bas et de la lactation.

Les juments trop peu nourries s’affaiblissent car le fœtus puise dans leurs réserves corporelles, emprunt pouvant aboutir à une décalcification de la mère, en outre les risques :le rachitisme et de déviation des aplombs sont alors chez le nouveau-né presque inévitables.
C’est donc dès le tout jeune âge qu’il faut assurer une alimentation correcte et le poulain se trouvera bien de manger de .bonne heure un peu d’avoine et de fourrage disposés à cet effet dans une crèche hors de portée de la mère. L’homme profitera de cette période pour apprivoiser avec douceur et manipuler le poulain ce qui simplifiera le. débourrage ultérieur.

Une parenthèse : il faut préserver les jeunes juments de la saillie, car n’ayant pas terminé leur croissance elles ne peuvent assurer une gestation sans problèmes.

Pour finir je parlerai de l’équitation classique.

Qui d’entre nous n’a pas admiré la tenue et les prouesses équestres des cavaliers portugais ? d’un Ardiade ou d’un Lupi ? Leur, supériorité indiscutée les classe au premier rang des cavaliers actuels ; mais savez-vous qu’ils travaillent leur chevaux de la manière la plus classique dans un manège, en selle anglaise de dressage ? Que l’équitation qu’ils pratiquent est l’équitation de tradition Française du 17e siècle dont leurs costumes et leurs selles sont tirés ? Ils rappellent l’apogée équestre de la cour de Versailles qui fut mise en honneur et codifiée pour la tauromachie par le marquis de MARIALVA, écuyer portugais.

Ces principes d’équitation classique de dressage sont enseignés dans les écoles d’équitation par des professeurs dûment qualifiés. Ils sont immuables, trouvent leur utilité dans toutes les formes d’équitation (les rejoneadores en apportent la preuve) et sont applicables à tous les chevaux.
Il faut souhaiter que les jeunes camarguais y puisent la connaissance, avec l’élévation du niveau équestre, pour le plus grand bien des chevaux.

Se verront supprimés et rangés au musée des horreurs, les caveçons de fer à pointes et les martingales de toutes sortes. C’est par le travail raisonné et méthodique que les chevaux trouvent la force et la souplesse et le calme, j’en veux pour preuve mon propre cheval.