Jean-Claude DUFAU.

Pierre Saurel, un des 5 créateurs de la feria d’Arles.

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Ce était en 1950 pour la Fête d’Aigues-Vives ; mon père regretté venait de prendre quelques mois auparavant, ses fonctions de Receveur des Postes, dans ce village qui devait devenir mon village, et bien sûr le jeune garçon que j’étais, avait découvert lors de la fête de Gallargues cette course à la cocarde.

Moi qui ne connaissais de la Tauromachie que les Arènes Bordelaises du Bouscat, je découvrais les plans de village et leur environnement si particulier.

Aussi, lors de la Vote, j’étais déjà afeciouna !

Et à tel point, que je décidai de passer des gradins à la piste le jour de la course de vaches du vendredi, traditionnellement réservée à la jeunesse.
Faisant fi des emboulés, le "néophyte" que j’étais sauta du théâtre dans le rond, alors que survenait une vachette "cornes nues" ; et sur le champ je m’éloignai en droite ligne d’un coin de la piste à l’autre, poursuivi par cette créature à la livrée sombre et qui me talonnait avec une détermination farouche.

Et plus je courrais, plus elle me poursuivait et la course me paraissait interminable ; je n’osais pas me retourner et pour cause.
Enfin j’aperçus un espace libre entre deux barrières (heureusement que le pourtour n’était pas complètement clôturé), je m’y précipitai et, la peur au ventre, ne pus escalader le théâtre, restant plaqué contre les planches !
La jeune vache peut-être étonnée de cet arrêt intempestif, ne franchit pas la frontière théorique des barrières, et s’en retourna dédaigneuse vers le centre de la piste.

Et c’est alors que je perçus les bravos du public qui applaudissait "le fils du Receveur" pour son audace !

Le soir même, certains me prédisaient une carrière de raseteur, mais mon père prit fort mal la chose et ce fut-là mon unique confrontation publique avec une Camarguaise qui aurait pu s’appeler la Rapide Arethuse "Velox Arethusa".

Mais je restai marqué à jamais du Feu de l’Aficion, et ce fut bien là l’essentiel !