Historique : Le jeu taurin qui a pris plus tard le nom d’"abrivado" avait lieu - à l’origine - lors du déplacement des manades.
Ces déplacements, essentiellement, se faisaient au moment du "carnage", direction l’abattoir...

Encadré de gardians, le troupeau traversait les champs et les hameaux au pas mais quand il fallait aborder les villages si au début ils étaient traversés au pas il fallait "abriva" lorsque la jeunesse locale - et autres - attendaient la troupe pour faire "échapper".
Pour éviter ces "atrapaires" la traversée se faisait, parfois, de nuit...
Les cavaliers étaient tous chaussés des "abrivo", nom familier donné aux éperons, "les accélérateurs". Merci Monsieur Jacques Blatière

Une arrivado en route vers Gallargues
F. Granon en bas à droite
Une arrivado à Marsillargues après le gué

En effet, dans les villages des attroupements de valets de ferme se formaient sur leur passage pour tenter de perturber la bonne marche du troupeau. Les gardians devaient affronter ceux qui se faisaient fort de démanteler la troupe de cavaliers et de faire échapper au moins un taureau.

Les gardians lançaient alors leur monture et la manade au galop pour leur échapper, le pelot* ayant ordonné : "Abrivo !" (accélère !).
C’est l’origine du mot abrivado, du verbe abriva : accélérer, lancer, précipiter.

Quand les courses au plan, les courses dans les arènes, prirent forme, l’abrivado consistait à mener les taureaux de la course, avec le simbèu, des près au toril des arènes.
Cette manifestation se déroulait avant la course, généralement vers midi juste avant l’apéro. La coutume a perduré.

"Lou matin vers li dès ouro, se dounara dos abrivado de sièis biòu chascuno. (Ch. Rieu 1891)"
(le matin, vers dix heures, se dérouleront deux abrivado de six taureaux chacune)

Il existe aujourd’hui un véritable marché autonome de l’abrivado, certains manadiers s’étant spécialisés dans ce genre d’animation.

Avec la multiplication des fêtes taurines, l’urbanisation des villages et le désir de tout organisateur de diminuer les risques, alors qu’en principe le parcours s’étend des prés jusqu’aux arènes, on voit de plus en plus d’abrivado consistant en un lâcher de taureaux du camion où ils étaient enfermés, jusqu’aux arènes.
On en voit même partir du même camion à un autre camion garé un peu plus loin sur la chaussée et même partir du camion avec arrivée au même camion.

Voir : atrapaire* et bandido*

L’Arribado précède l’ Abrivado
La "tradition" n’est pas un vain mot !

Mistral, dans son dictionnaire, publié sous le titre de « Trésor dou Félibrige », traduit « abrivado » par « élan », « essor », « hâte ».
Quand on fait signe à quelqu’un de se dépêcher, on lui crie en provençal : « Abriva ! », c’est-à-dire : "hâte-toi ! accours !"

1912 : abrivado aux Saintes
A gauche, le baile-gardian Mazard *
Photo : C. Muscat
Beaucaire 8 mai 1983