.

.

Hommage à C.CHAMAND par Thierry PEYRET
Sept 2021

Dans la vie, nous faisons des rencontres : des belles, des moins belles et des très belles.
Avec vous, Christiane, je peux dire que nous avons fait une très belle rencontre.
Pour préparer cet hommage, il y a de cela une dizaine de jours, nous nous sommes rendus avec Bernard chez madame Christiane Chamand Debenest.
Un moment inoubliable.
Tout d’abord, Christiane nous accueille sur le pas de sa porte avec ce sourire que nous lui connaissons tous.

Elle nous fait entrer dans sa maison ou plutôt dans un atelier musée qui lui sert de lieu de vie. Dès la première pièce, les œuvres d’art captent notre regard et notre attention.
Nous nous installons autour d’une table et une seule question nous permettra d’entrer dans la vie de Christiane : « avant l’artiste c’est votre personne qui nous intéresse… parlez nous de votre jeunesse »

Originaire du Poitou, rien ne prédestinait l’artiste à venir s’installer dans le midi et de surcroit à Beaucaire.
Elle même nous dira : « J’ai épousé la Provence au sens propre comme au figuré. »
En effet, c’est ici qu’elle a trouvé son amour, son complice Maurice « Maurice a cru en moi et en mon talent, il m’admirait, il me soutenait » nous confie-t-elle.

Elle nous parle ensuite de sa jeunesse et de son intérêt très précoce pour le dessin :
« J’ai tout de suite dessiné, c’était en moi, cela vient d’avant ma naissance »
Avec une maman violoniste, un arrière grand père complet, peintre, musicien et artiste, le gène artistique était transmis.

Et André Verdier, son professeur aux beaux arts, un peintre reconnu, lui a permis de développer son talent, artiste à qui elle doit tout nous dira-t-elle.
Tout l’intéresse : peinture, sculpture, dessin, aquarelle, tapisserie, écriture et théâtre.
Elle jouera même auprès de son ami l’acteur Jean Franval le rôle de la Renaude dans L’Arlésienne.

Elle croque la vie à pleines dents et nous confie que quand vient le soir, elle a l’impression de ne pas avoir eu assez de temps pour tout faire et pense déjà au lendemain.
En tant que passionnée et amoureuse du midi, de la Provence et de ses traditions, elle ne pouvait s’empêcher de mettre à l’honneur sur différents supports la Camargue et son Seigneur : le Biòu.
Elle nous confie : « pour peindre les biòu il faut les connaître, regarder leur posture pendant le raset ou sur le coup de barrière. » Maurice lui a appris tout cela. Ainsi, elle sublimera le raset par une étude précise du mouvement.

Elle est également intarissable sur l’écrivain Alphonse Daudet.
« Pour l’exposition « Le Midi « d’Alphonse Daudet, je n’y suis pas allée par 4 chemins, J’ai fait des grands tableaux, immenses, j’en ai fait 14. ».
Le buste de l’écrivain trône dans la pièce à coté, où, sur un chevalet, une toile attend d’être achevée pour regagner son exposition qui se tient en ce moment à la maison gothique à Beaucaire : « La métamorphose du regard ».

A l’occasion du 150e anniversaire de la naissance du Marquis de Baroncelli, Christiane réalise sa statue grandeur nature entourée de son cheval Sultan et du célèbre cocardier Prouvenço.
« Cette œuvre est une de mes plus chères si ce n’est la plus chère à mon cœur  » dit elle.

Christiane est une perfectionniste, elle a appris le provençal et son petit accent du Poitou le rend unique.
Elle porte le costume provençal avec beaucoup de respect et élégance, qu’elle retranscrit à merveille dans ses œuvres.
Cet entretien avec l’artiste restera un moment inoubliable qui nous a captivé et enrichi. Christiane nous a ouvert sa maison mais aussi son cœur. Je pourrai vous parler de ses rencontres avec les manadiers : Aubanel, Mailhan, Yonnet qui lui ont expliqué la course camarguaise et la corrida.

Je pourrai également vous parler de ses trois nominations aux lauriers d’Arles, de ses nombreuses expositions, de son métier de professeur de français.

Christiane Chamand Debesnet, c’est tout cela et plus encore.

Je terminerai par ces quelques mots que nous a livrés l’artiste beaucairoise :

Dins ma vido, couneiguère de mounde estraourdinàri e mai encaro e touti aquélis annado fuguèron uno reussido dins ma fe, mi cresènço e dins mi passioun tambèn.
Tout ço que sabe, tou ço que descurbiras de bèu dins moun obro e dins ma paraulo, is autre, n’en siéu devèiro.
Soun lis autre que m’an gasta, emai lou cèu.
Per de que pinta à moun age ? Perco que pode faire autramen.
Faguère talamen de causo dins ma vido, moun Diéu !

Dans ma vie, j’ai connu des gens extraordinaires et plus encore.
Ma vie a été une réussite dans ce à quoi je crois et dans mes passions.
Tout ce que je sais, tout ce que vous trouverez de bien dans ce que je fais et ce que je dis, je le dois aux autres.
Ce sont les autres qui m’ont gâtées et le ciel.
Pourquoi peindre à mon âge, parce que je ne peux pas faire autrement.
J’ai fait tellement de choses dans ma vie mon dieu !

Chère Christiane, continuez à nous faire de belles choses, ne changez rien, l’association Taurine Camarina est très fière de vous compter parmi ses membres.

Thierry PEYRET 2021

Suite...