Le Mistral souffle en ce lundi de Pâques sur la Crau et au mas de Beauchamp, les taureaux de la manade Ribaud cherchent des abris.
Heureusement, le soleil brille dans le ciel sans nuages et à la "cale" (1) devant les bâtiments, il fait beau. Le manadier Georges Ribaud nous accueille avec sa jovialité coutumière. nous sommes venus lui rendre visite pour son grand cocardier CHARLOT.
Il est tout heureux : " il le mérite bien , nous dit il, car déjà le 4 avril aux arènes d’Arles, et pour sa première course de l’année 1982, il a été nettement le meilleur de la super royale"

Baptisé à Fontvieille :
Charlot est né le 10 avril 1972, dans les pâturages du mas de Beauchamp, de la vache Poulido et de l’étalon Montfrinois, un des meilleurs taureaux des débuts de la manade, vainqueur de la 5e coupe Fédérale le 27 août à St Gilles élu taureau de l’avenir en octobre à Châteaurenard , vainqueur de la coupe de manadiers à Mouriès et de la coupe de l’amitié en 1973.

Le veau de Poulido et de Montfrinois a donc de très bonnes origines, et les Ribaud ont hâte de l’essayer en course , d’autant plus que le jour de sa ferrade, il a fait preuve d’une vigueur peu commune et que doublen(2) c’est déjà une belle bête.
Mais chaque chose en son temps, et les Ribaud attendent qu’il ait 3 ans pour l’envoyer dans une arène .
Il va donc courir "neuf", pour la première fois le 5 août 1975 à Fontvieille.
Il fait preuve d’une si grande vitalité en piste face aux tenues blanches que Charles Aubert, grand afeciouna Fontvieillois , dit à Georges Ribaud " Aquel biòu ès pas un Charlot" et c’est ainsi que ce " ternen" (3) va être baptisé "Charlot" et que Charles Aubert va devenir son parrain.

En 1975, Charlot va courir une 2e fois avec son nom cette fois-ci, à Caissargues et confirmer sa fougue et ses qualités de jeune cocardier, affichées à Fontvieille.

1976-1977, le trident d’or
En 1976, le (quatren)(4), Charlotva participer aux éliminatoires du Trident d’Or , le 01 mai à Montfrin, et qualifier la manade pour les demi-finales le 25 juillet à Fontvieille où il est encore nettement le meilleur.
Entre temps, il court le 15 juin à Vallabrègues, où il fait preuve de beaucoup de tempérament .
Malheureusement blessé, il ne peut participer à la demi-finale de Lansargues où un sacré biòu du nom de Segren de Fanfone élimine les Ribaud.

En 1977, Charlot participe à nouveau aux courses du trident d’or, le 15 mai à Aramon, le 3 juillet à Vallabrègues, le 28 août à St laurent , et le 4 septembre aux Paluds de Noves. c’est le manadier Pierre Aubanel qui remporta cette finale du Trident d’Or 77, avec Roberto, Youri, et Capitoul, mais c’est Charlot qui fut déclaré meilleur taureau de cette très belle finale.
Auparavant, Charlot avait remporté la Coupe-Révélation 77 du Trident d’Or le 19 juin à St Georges d’Orques, puis couru brillamment le 31 juillet à Fontvieille, et le 15 août à Eyguières.
Enfin pour terminer sa belle saison taurine 77, Charlot alla au grand concours de manades du 30 octobre à Vauvert, et fut un des meilleurs.

1978 : La Super Royale
En 1978, Charlot a 6 ans, il va courir avec la super royale du Mas de Beauchamp ou dans de grands concours de manade, surtout en Provence.
Il fait ainsi grandement honneur à sa devise , le 15 mai et le 22 octobre à St Martin de Crau , le 2 juillet et le 17 septembre à Mouriès, le 6 août à Fontvieille, le 13 août à St Rémy.
Cette année 1978 est cependant une année de transition pour Charlot qui doit s’aguerrir au contact des as du crochet. C’est pourquoi ses éleveurs le ménagent et ne le font courir que dans des petites pistes où naturellement il se défend bien, et étale toujours une brillante combativité.

1979 : diplôme d’or du trophée de l’Aficion
En 1979, Charlot a 7 ans et de bonnes notes.
Il va courir 12 fois dans les grandes arènes et face aux meilleurs raseteurs.

Il va ainsi le 01 avril à Jonquières, le 15 avril à PSL, le 01 mai à Fontvieille, le 2 juin à Caissargues, le 8 juillet à Beaucaire le 15 juillet à Eyguières, le 29 juillet à St Martin, le 19 août à St Laurent, le 2 septembre aux Paluds, le 16 septembre à Mouriès, le 30 septembre à Châteaurenard, et le 01 novembre en Arles.

Aguerri Charlot a certes perdu de sa fougue, mais il devient de plus en plus cocardier, et ne s’en laisse que rarement conter.
A Fontvieille, il signe 7 coups de barrières et blesse légèrement Zerti, à St Laurent, il rentre sa cocarde, aux Paluds il gagne la coupe fédérale , à Mouriès, il remporte la coupe de la finale des Olives Vertes.
La commission de l’Aficion lui décerne alors le 21 octobre à Nîmes son diplôme d’or 79 pour sa remarquable saison taurine .
C’est la consécration d’un grand cocardier.

1980
En 1980, Charlot est parmi les grands et la vedette de la devise vert-noir-rouge. il court 13 fois :
13 avril Tarascon, 11 mai Sommières, 01 mai Fontvieille, 15 juin Mouriès, 29 juin Mallemort, 26 mai Eyragues, 13 juillet Beaucaire, 27 juillet St Martin, 6 août Istres, 31 août Barbentane, 20 septembre Lunel, 19 octobre Arles, 02 novembre Arles.

C’est à Beaucaire le 13 juillet qu’il effectue sa meilleure sortie, une course de sérieux cocardier, aux violentes ripostes poussées jusqu’au pourtour où il joue dangereusement des cornes, ce qui lui vaut plusieurs fois Carmen.

En cette année 1980 : il gagne la coupe de la ville d’Istres, le 6 août, et il est déclaré meilleur taureau de la finale de l’Aficion le 19 octobre aux arènes d’Arles.

1981
En 1981, Charlot continue sa remarquable carrière de cocardier,
Il court 14 fois:12 avril Istres, 01 mai Fontvieille, 17 mai Lunel, 8 juin Eyragues, 21 juin Mouriès, 6 juillet Arles, 12 juillet Lunel, 26 juillet St Martin, 9 août Sommières, 23 août PSL, 13 septembre Vallabrèques, 4 octobre Nimes, 11 octobre Arles, 25 octobre St Martin.

Partout, il fait honneur a sa devise, notamment le 6 juillet à la Cocarde d’Or, et surtout le 11 octobre aux arènes de Nîmes où il reçoit le titre de meilleurs cocardier de la finale des As 81.

1982
en ce début de saison 1982, Charlot a tout juste 10 ans.
Pour sa première course an Arles le 4 avril, il est nettement le meilleur de la Royale Ribaud. Le chroniqueur Lebrau écrit dans la Marseillaise :
" Charlot , maître cocardier, n’eut pas à forcer pour s’imposer. Sur la seule faute qu’il commit, Patrice Ménéghini lui prit la cocarde mais les glands rentrèrent à 1300 francs.
De vigoureuses réactions après Sanchez, Mézy, Gérard qui se permit quelques fantaisies et Denis qui sauta en catastrophe, Carmen et rentrée très applaudie
"

Souhaitons donc à Charlot, cocardier au vrai sens du terme, une bonne saison taurine 1982 et une longue carrière dans nos arènes méridionales.
L’Aficion en a bien besoin alors que l’avenir des courses Camarguaises pose problème.