Les yeux d’émail nous interpellent depuis le fond de l’éternité. La prestance de cet athlète conscient de sa puissance et de celle de ses coursiers, est sereine. Il est sûr de sa force et confiant en son savoir.

Le drapé qui le vêt souligne la plénitude de son équilibre physique, tout d’harmonie, sans ostentation aucune.

"Connais-toi toi-même" et "nul n’entre ici s’il n’est géomètre" furent les deux plus significatifs enseignements que la philosophie grecque inscrivit au fronton de son temple.

Tel l’Aurige, nous apparaît Christian Chomel.
Exclusivement passionné par ce jeu hérité de Cnossos, il dispose d’une excellente condition.
Son calme, sa mesure, sa courtoisie, font de cet homme un exemple au sein de la cohorte à laquelle il appartient et dont il est à la fois si différent.

Christian Chomel fascine par la facilité, apparente, avec laquelle il agit . Son efficacité et son adresse ne doivent pas abuser ceux qui rêvent de l’égaler car ce n’est que par l’astreinte d’un entrainement exigeant et la mobilisation de sa volonté qu’il est parvenu au sommet.

Si l’Aurige est fixé a tout jamais dans la froideur qui, par un apparent paradoxe, lui confère la vie, Chomel incarne, lui, le mouvement.
Ou plutôt un trajet, celui de la flèche

Jugeant l’instant propice, il s’élance, l’œil rivé sur la tête noire, anticipant ses réactions.
Ce qui nous frappe le plus est la longueur du tracé que parcourt l’homme.
Dans l’amphithéâtre où se croisent tous les calculs, il les résout.

La plus grande dimension des pistes, n’est pas trop déployée pour l’étendue et l’amplitude de sa course. L’épreuve unique des jeux d’origine, à l’Olympie, était la vitesse...

Le regard précède la réaction du fauve, et ne le quitte pas.
La main armée, le métal n’est-il pas superflu ? Jusqu’à trois fois défie les cornes, la laine rouge ou blanche perle au crochet et l’athlète franchit l’obstacle.
Que le taureau accompagne, fulgurante vision, est le plus bel hommage que le symbole de Camargue puisse offrir.
L’assaut accompli, Christian Chomel serein, du geste qui lui est familier et qui seul, peut traduire son émotion, secoue sa crinière, puis rejoint les siens.

Dans le culte du taureau, et la mythologie du sud, il est frère de l’Aurige.