Comme il y avait à Cabannes la course qui, sans un fâcheux contre temps aurait dû paraitre ce jour là à Barbentane, c’est vers le pays des pêches que nous avons dirigé nos pas. Nous étions attirés surtout, il faut l’avouer, par l’Orphelin, qu’un mauvais état de santé nous avait empêché de voir l’an dernier et que nous n’avions plus revu de ce fait depuis tout ce temps. Nous ne regrettons pas d’avoir fait ce choix, car la course de Cabannes à été certainement meilleure que celle de Beaucaire si nous en jugeons par l’appréciation d’un aficionado averti que nous avons rencontré peu après la course.
Mais revenons a notre Orphelin et commençons par lui quoiqu’il soit paru sixième, car sa course a été, sinon la meilleure, certainement la plus intéressante des six pensionnaires de Granon.

L’Orphelin en parfait état, frais, le poil luisant, fait une belle sortie paraissant cependant gêné par une raideur dans l’arrière train. A la sonnerie, Heraud attaque, mais est obligé de rompre aux bois sans pouvoir mettre la main ; Champion cite ensuite et subit le même sort. Héraud cite à nouveau et dans un même razet enlève un gland et coupe la cocarde. A ce moment, le taureau est en pleine action et nous portons a son actif deux jolis coups aux bois. Orphelin répond bien, accompagne chaque fois, et ce début de course s’annonce prometteur. Par la suite, le taureau faibli un peu ; puis, au tourniquet, au milieu du rond, Orphelin parait être submergé et donne l’impression de ne plus savoir où il est, ni ce qu’il fait. Nous pensons à ce moment là que sa course était finie, nous n’avions pas compté sur Hugues, et nous avions oublié également la volonté de fer de la brave bête. Grace à Hugues, à quelques rasets, à quelques rasets comme il sait les faire, se montrant bien, allongeant la bête. Orphelin se reprit, aidé par les primes judicieusement appliquées à ce moment-là, et sa course alla crescendo jusqu’à la fin pour terminer en beauté, Orphelin rentrant au toril un gland surprimé à un chiffre astronomique.

Le brave Hugues devait être bien mal récompensé d’un labeur aussi efficace, aussi intelligent, non seulement il fut malheureux pendant toute l’après-midi, mais encore, peu avant la rentrée de l’Orphelin, il reçut une pointe dans le bras.
Nous espérons que cet accident sera sans gravité et nous lui souhaitons un prompt rétablissement.

Le Matha, qui avait précédé l’Orphelin, fit une très bonne course ; régulier du commencement à la fin, il vint sur tous et selon son habitude travailla quelque peu pour les charpentiers. Changeant de terrain de temps en temps, il ne s’en laissa pas compter et rentra un gland fortement primé ; Paulin se chargea tout seul a ce taureau de l’autre gland et de la cocarde.

Le Clairon, quatrième, ne nous a pas emballé et sa course ne valut pas celle qu’il fit à Beaucaire il y a quinze jours. Après un joli début et trois coups aux bois, de ceux qui comptent Clairon faiblit et ne se repris plus. Il fut dépouillé de ses attributs par Heraut, Margaillan et Denfert. A sa rentrée au toril, retentit l’air du toréador, par sympathie sans doute.
Puisque nous avons commencé par la fin, allons en remontant et arrivons au troisième.

Le Bajan, peu chanceux Bajan, peu après sa sortie fut dégarni par Hugues, Cartier et Paulin, ce dernier lui prenant les deux glands, à la ficelle, Bajan se défendit d’une façon superbe ; paraissant peu redouté et subit un nombre incalculable de razets et n’en refusa aucun s’illustrant au contraire de plus en plus et terminant très bien.
Peu de choses à dire sur les deux premiers.

Le Dur, fit sa course et passa sans peine, ni gloire, il fut décocardé par Heraut, Denfert et Placide.

Le Peyrolen, après un début prometteur, termina moins bien ; Peyrolen parait animé d’un vif désir de combattre mal secondé par des moyens physique déficient du moins ce jours-ci.

Neuf razeteurs en piste, tous travailleurs, mais surtout Hugues déjà cité, Héraud, Paulin et Margaillan qui, comme Hugues reçut de l’Orphelin un coup de pointe a l’avant-bras, sans conséquence grave espérons-le.

Les arènes n’étaient pas tout a fait pleines, et on sait quelles ne sont pas très grandes ; nous regrettons pour nos sympathiques amis de Cabannes que le public n’ai pas répondu plus nombreux à leur appel. Par contre, nous notons avec plaisir l’aide qui leur a été apportée pour les primes, aussi bien par les clubs des environs que par des aficionados indépendants, et n’oublions pas que, malgré une entrée moyenne les dirigeants eux-mêmes furent chaque fois les premiers à primer glands et ficelles.
Course bien dirigée et bien conduite selon l’habitude dans ce charmant pays.