9/ Utopie ruineuse ?

Quelques personnes, en lisant ce que je viens d’écrire, n’y verront peut être qu’une utopie impraticable et ruineuse. Je m’y attends. On disait la même chose, on souriait, il y a trente ans, lorsque, dans un écrit sur l’amélioration de notre delta, je parlais, pour la première fois, d’endiguer la mer et de fertiliser, ensuite, le sol par l’eau du Rhône. L’une et l’autre opération, cependant, ont été réalisées, sur ma propriété, avec les faibles ressources dont je disposais. Tous le monde l’a vu, et, dans ce moment, il n’est pas un seul propriétaire de la Camargue qui ne désire voir des travaux analogues exécutés sur le reste du delta.
J’espère qu’on n’attendra pas trente ans pour reconnaitre les incalculables profits que retireraient des ponts-barrages que je propose, la navigation, le commerce, l’industrie et l’agriculture du pays. Mais les idées qu’on jette dans le public ont besoin, comme les semences que l’on confie à la terre, d’un certain temps d’incubation pour germer. Je le sais et je m’y résigne.
En attendant que celle-ci soit suffisamment enracinée dans l’opinion, si tant est quelle y prenne, comme je le crois, il convient de nous occuper de ce que tous le monde veut ou doit vouloir, après avoir lu les projets que nous ont communiqués les ingénieurs ….le dessèchement par l’endiguement du Rhône et de la mer, combiné avec un système d’épuisement par des moyens mécaniques. Je n’ai fait qu’indiquer, dans les paragraphes précédents, ma manière de voir à cet égard ; je vais l’exposer aussi brièvement que possible.