Il n’est pas rare d’entendre dire par les spectateurs de corrida que le paseo a été la partie la plus intéressante et la plus belle pour lui.

Cette remarque émane évidemment d’une catégorie de spectateurs pour qui la véritable aficion est étrangère, mais elle n’en fait pas moins témoignage de l’importance du paseo.

Cette présentation des acteurs se retrouve en d’autres circonstances et pour des spectacles divers.

Au théâtre, c’est la fin qu’est le salut.
Ce sont les sportifs qui se présentent avant de s’affronter. C’est évidemment pour eux le moment où ils sont les plus frais et peut-être les plus présentables, physiquement.

Le paseo est loin d’être inutile. Il est le premier grand moment de la corrida, il est l’éclatement des lumières sous le soleil, un éclatement qui correspond aux ouvertures les plus célèbres des grands spectacles lyriques.
Tous les amateurs de bel canto seraient frustrés s’ils n’avaient pas ces ouvertures et il n’en est pas un qui se risquerait à enter dans la salle après que l’orchestre n’en ait attaqué ne serait-ce que la première mesure, ce serait un véritable crime de lèse-majesté.

Par ces présentations, les organisateurs, les auteurs, les acteurs, marquent leur déférence envers un public qui leur est nécessaire, indispensable, car sans public serait-ce vraiment un spectacle ?

Le respect du public est dû par tous les organisateurs quels qu’ils soient, et à plus forte raison ceux des courses camarguaises.
Comment vais-je faire, moi qui ne vient qu’occasionnellement sur les gradins des arènes pour m’y reconnaître dans les acteurs de la courses ?
Quand je vais à la corrida, par le paseo, je connais les toreros dont je vois le visage, souvent pour la première fois.
Mais comment vais-je faire pour mettre un nom sur les hommes à la tenue blanche que je n’ai jamais vu ? Aurais-je à mes cotés quelqu’un qui aura la condescendance de me les désigner et palliera mon ignorance ?

Ces propos, nous les avons entendus plusieurs fois. Ils sont justifiés et c’est la raison pour laquelle nous nous devons de mener campagne pour qu’une présentation soit faite à l’ouverture de toutes les courses. Le public a un droit absolu à cette marque de respect envers lui, à cette preuve de considération.
Saluer c’est être poli, bien sûr, mais c’est aussi inviter à participer à un grand spectacle, c’est montrer des égards, être déférent, c’est honorer et surtout c’est marquer de l’estime pour son public.
Comment organiser un paseo ou une parade pour une course camarguaise ?
Cela parait bien aisé. Il n’y a qu’à faire appeler par quelques éclats de trompette, puis avancer dans la piste jusqu’au devant de la Présidence, les acteurs de la course, raseteurs, tourneurs, manadiers qui représenteraient leurs taureaux, tout en étant porteur de leurs devises.
Au moment du salut, tous ces acteurs immobiles écouteraient la Coupo Santo. Tout le monde, acteurs et public, se découvrent et c’est là ce qui sera le paseo de la course camarguaise.
La musique de Bizet glorifie les taureaux de corrida. En terre camarguenco, sans mésestimer Bizet, nous devons préférer la Coupo Santo, hymne mie-journau par excellence.
C’est la raison pour laquelle elle devrait être jouée à chaque course.
Ce cérémonial attaché aux courses camarguaises, ne peut qu’être un élément de plus à la maintenance des courses et un attrait supplémentaire pour tous, pas du tout négligeable, loin de là.

Ces présentations, dans un appareil plus simple que celui que nous préconisons, se font déjà à l’occasion de courses très importantes, mais pour ce qui est l’exception, nous souhaiterions vivement que cette exception devienne la règle générale à laquelle nul ne devrait se soustraire.