HOMMAGE A LA MANADE Jean Claude BLANC ET A SON TAUREAU « OURASI »

Chers amis afeciouna,
Notre Trophée se place semble-t-il sous le signe du « Triplé »...

En effet après la manade ST ANTOINE et la famille CLAUZEL, vainqueurs en 2014, 2015 et 2017 grâce aux prestations de GRECO, voici qu’un taureau à fort caractère nommé OURASI nous permet d’inviter pour la 3ème fois dans ce Casino la manade Jean Claude BLANC, après ses succès en 2004 avec RASCAILLON puis avec ULMET en 2016, il y a à peine deux ans.

Mais au fait, d’où provient ce nom étrange d’OURASI ?
Jean Claude BLANC nous dit :
« Quand il était en course de Ligue à 5 ans, c’était un taureau qui avait énormément de sang, et surtout qui courait très vite, on a donc pensé à ce cheval prestigieux du nom d’OURASI, vainqueur à 4 reprises du prix d’Amérique au trot attelé entre 1986 et 90, sans doute le plus grand trotteur de l’histoire.
Et en plus ce nom me plaisait ! »

Pour parler d’OURASI calmement, le plus simple c’est de prendre la route d’Arles au Sambuc et à mi-chemin de tourner à droite dans l’allée menant au Mas de Paulon, un mas très ancien, datant du XVe siècle, un des plus vieux mas de Camargue, ancienne Commanderie des Chevaliers de l’Ordre de Malte.

On est accueilli par Brigitte, l’épouse de Jean Claude, qui fulmine le bras en écharpe pour quelques mois encore, devant les monceaux de feuilles qui s’amoncellent sur sa terrasse.
C’est l’automne.
La nature s’est parée de couleurs superbes.

Jean Claude nous reçoit dans la grande salle à manger du mas, agrémentée d’une belle cheminée d’autrefois mais aussi de multiples Trophées... dont les deux offerts par Camarina.

Jean Claude BLANC n’est pas fils de manadier.
Il est arrivé dans les taureaux par les chevaux.
Il a fondé son propre élevage de chevaux en 1970 avec des juments d’origine Jalabert et Mailhan qu’il faisait paître sur ses pâturages.
Son épouse est la cousine d’Aimé GALLON et il allait monter chez eux.
Son voisin de terre était Alain LEBRET et il allait monter chez lui et aussi chez les MAILHAN.

Cette passion pour le cheval et pour le travail à cheval dans les taureaux, éclabousse de tout son être.
Il ne faut pas le pousser beaucoup pour qu’il dise :
« Pour moi le plaisir c’est de préparer mon cheval le matin et d’aller le monter dans les prés au milieu des taureaux, au contact des taureaux, en dominant les taureaux.
Voilà une belle matinée !
Une course quelle qu’elle soit commence toujours dès le matin, c’est presque un rituel »

La vie de la famille BLANC a basculé en 1998 lorsque Alain LEBRET se sépare de sa manade et la vend à Jean Claude.
C’est un risque mais depuis 25 ans qu’il monte chez LEBRET et l’accompagne, il connait parfaitement les familles de vaches, les étalons utilisés TAVAN, BARCARIN, BIGARRA tous de MAILHAN.

Il ne reste plus qu’à travailler et OURASI est le fruit de ce travail.

Cet OURASI est le fils d’un excellent étalon nommé ARGENCE, lui-même issu du taureau PAVIAS qui était un petit fils de BARCARIN.
C’est donc un Mailhan et sa stature rappelle les MAILHAN des années 70/80, stature que l’on retrouve dans la majorité des taureaux de la manade : costauds, grandes cornes, très vifs et pas faciles.

En pays, OURASI est très très calme, il se trie pratiquement à la voix, un peu comme ULMET. Le pelot dit son nom et il sort du troupeau, venant s’amailler sans problème.

La carrière de ce taureau racé débute en 2013 à 5 ans par les courses de Ligue et déjà il est sélectionné pour la finale à Cabannes.

De 2014 à 2018 il va courir 25 fois et il rentrera 1 ou même 2 ficelles à 22 reprises c’est dire que le biòu est loin d’être facile.
Agé aujourd’hui de 10 ans, ce N° 883 avait besoin d’être bien mené car il est brillant, barricadier, doté d’un cœur énorme, et chacun sait qu’un taureau qui tape aussi fort se fait mal et s’en souvient.

Pour ma part je retiendrai ses énormes courses à St Rémy en 2014 et 2015, où aller à sa tête et en sortir s’est révélé un problème avec 14 coups de barrière à la clé sur Rassir, Cadenas ou Benafitou.

En 2016 il confirme à Noves, Fourques ou St Rémy son côté bombardier ultra brillant mais il rajoute à Beaucaire à la Palme d’Argent son sens du combat, du placement et de l’anticipation.

2017 est sans doute sa meilleure année, avec une course supérieure à Nîmes, enlevant le prix de la Féria, bien aidé par un Cadenas qui l’entraîne dans 4 rasets exceptionnels sur toute la longueur de la piste. Puis il enchaîne à Pérols, St Rémy, enfin à St Gilles où son duo avec Cadenas a repris de plus belle.
Une saison extra.

Enfin 2018 est là.
Le caractère du taureau évolue.
C’est un vaillant qui se livre énormément, trop même aux attributs, ce qui est un défaut et ses grosses cornes ne l’aident pas. Heureusement aux ficelles il recommence à donner de la tête, il percute, il se place et finit en dominant.

Voilà l’image de sa course à Beaucaire en juillet où il obtient justement le 24e Trophée Camarina lors de la gère journée de la Palme.

Chers amis, la Palme d’Or 2018 ne restera pas dans les annales.
Après une première journée insipide courue le matin à 11h, où les hommes liquident glands et cocardes en moins de 2 minutes comme si la fin du monde était à nos portes, on a subi bien trop souvent des attentes de 3 à 4 minutes aux ficelles avant le moindre raset, à trottiner derrière le taureau et pour des gens qui ont payé 12 et 17 f c’est très long 3 à 4 minutes.

La 2e journée n’a pas été vraiment meilleure et la Finale par contre a été marquée par le duel CUPIDON/NAIM qui nous a rappelé que le mot « spectacle » figure bien dans le dictionnaire et par la course ultra dominatrice d’OPTIMUS à qui nous aurions bien donné le prix.

Devant des faits aussi répétitifs aux ficelles toutes pistes confondues, il ne s’agit plus de réfléchir ou de concerter, il faut agir et vite, c’est une question de survie.

Amis afeciouna, ce 24e Trophée Camarina pourrait se clôturer sur cette note de pessimisme, largement partagée par Jean Claude BLANC avec qui j’en ai longuement débattu.
Heureusement le rôle de Président comporte quelques compensations, celles de rencontrer un homme, un manadier d’envergure, Jean Claude BLANC, sa femme Brigitte, ses enfants Véronique, Olivier et Laurent, celles de découvrir une organisation minutieuse autour du mas de Paulon, une entreprise qui couvre aussi bien la culture des céréales que l’élevage des taureaux et des chevaux, l’organisation de journées camarguaises ou les séjours dans leurs gîtes ruraux.

Et tout cela avec une vraie réussite.

Mais surtout je n’oublie pas le respect, l’amitié, la pondération, qui se dégagent de leurs personnes sans jamais donner l’impression de se forcer.

Mesdames et Messieurs je crois que chacun d’eux mérite une belle ovation, nous avons devant nous un très bel exemple de travail en famille, de réussite en famille.

L’Association CAMARINA est fière de vous compter parmi ses triples vainqueurs.

Bernard DUMARCHER

Le président de la FFCC :

Il nous a appris une chose - mais est-ce un scoop ? - il finira son mandat comme prévu en 2020 mais ne se représentera pas.
Candidats, fourbissez vos arguments !