Syndicat mixte pour la protection et la gestion de la Camargue gardoise,
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Ni oiseaux, ni papillons de nuit, ces animaux batifolent pourtant au crépuscule et parfois jusqu’à l’aube, dans le ciel de Camargue. lls sont souvent anthropophiles, c’est à dire qu’ils vivent près des hommes.
lls souffrent, la plupart du temps d’une mauvaise réputation. Mal connus du grand public, ils font l’objet de croyances et de superstitions très anciennes. Comme la plupart des êtres vivants aux mœurs nocturnes, tels les hiboux, les chouettes, les salamandres... ils inspirent la peur, la méfiance.
Pourtant, des génies créateurs, comme Léonard de Vinci, s’en sont intelligemment inspiré pour imaginer des machines volantes. lls sont dotés d’étonnantes facultés leur permettant d’évoluer naturellement dans l’obscurité, puis de disparaître au lever du jour. En fait, ils ne voient pas la nuit, mais se déplacent grâce à une remarquable faculté : l’ écholocation .
Et surtout, ce sont les seuls mammifères au monde capables de véritablement voler. Vous l’aurez compris, il s’agit des chauves-souris, aussi appelées chiroptères . Elles font partie de la faune camarguaise, et bénéficient de mesures de protection pour garantir le maintien de leurs populations, très sensibles à la dégradation des milieux naturels.

 Généralités sur les chauves-souris

Les chiroptères sont les seuls mammifères capables de voler avec la même aptitude que les oiseaux. Leurs mains, pour se transformer en ailes, ont évolué avec de longs doigts qui sous-tendent une membrane souple et élastique. Pour chasser et s’orienter dans l’obscurité, ils émettent des sons qu’ils réceptionnent en écho grâce à des oreilles paraboliques : c’est l’ écholocation . Les chauves-souris parviennent ainsi à repérer les environs, tout comme les proies qui croisent leur trajectoire.
Les sons émis sont audibles par l’homme, mais pas les ultrasons que seuls des appareils spécialisés peuvent intercepter.

En hiver, les chauves-souris entrent en hibernation, avec des réveils fréquents si le climat se radoucit. Pour hiberner, elles recherchent des lieux humides où la température a une amplitude entre 4 et 11 degrés. Durant cette période, les colonies sont très vulnérables et des réveils trop fréquents, à cause de dérangements extérieurs, mettent en danger de nombreux individus qui épuisent leur stock de graisse avant la fin des froids.
En ce qui concerne leur régime alimentaire, tous nos chiroptères sont insectivores. La ressource en insectes est donc déterminante pour garantir l’état des populations.
Lorsqu’une zone est aménagée pour l’agriculture intensive par exemple, où les traitements insecticides (épandage, vermifuge) sont courants, les chiroptères déclinent très vite.
En France, il y a une trentaine d’espèces de chauves-souris, réparties en trois familles : les Rhinolophidés qui ont un museau en forme de fer à cheval, les Molossidés qui ont la " bobine " d’un chien, et les Vespertilionidés qui ont un faciès proche de celui de la souris.

 Les espèces locales

  • Parmi la quinzaine d’espèces recensées sur notre territoire, les Pipistrelles

    (Vespertilionidés) sont les plus communes. Elles abondent surtout au niveau des villages et de certains mas qui leur servent de refuge, pourvu que leur nourriture, faite la plupart du temps de moustiques et de divers diptères, se trouve à proximité. Les pipistrelles établissent leur gîte dans des fissures de murs et de poutres, sous des toitures accessibles, ou en passant à l’intérieur de volets mal jointés. Elles font partie des plus petites représentantes européennes de la famille des chauves-souris, avec une envergure maximale de 20 cm, et un poids inférieur à 10 grammes. Elles sont aussi les plus abondantes dans une grande variété d’habitats, y compris le centre de la plupart de nos villes.

  • Les Murins (Molossidés) sont quant à eux beaucoup plus massifs. lls comptent
    Il peut être observé au dessus des roubines.

    parmi les plus grandes espèces de chauves-souris, pouvant atteindre une envergure de 45 cm. Ils affectionnent les canaux et les roubines au dessus desquels ils chassent leurs proies. Ils se gîtent dans des fissures de bâtisses et dans des arbres creux. C’est le plus souvent en colonie qu’ils se retrouvent la tête en bas suspendus dans le vide, ou bien accrochés aux murs de leur gîte.
    Entre fin mai et mi juillet, les femelles donnent naissance à un petit, rarement deux, qu’elles allaiteront pendant un mois. C’est aussi le délai nécessaire pour qu’ils soient aptes au vol. Pendant le temps de " la nurserie ", les mâles vivent seuls ou en petites colonies. Les murins possèdent de grandes oreilles qui, contrairement à celles des oreillards, sont bien espacées au sommet de la téte.

  • Les Oreillards

    (Molossidés), quant à eux, se rencontrent plutôt dans les zones boisées, comme les ripisylves en bordure du Vistre par exemple. Ils ont, comme leur nom l’indique, la particularité de posséder des oreilles surdimensionnées, presque aussi grandes que la taille du corps (5 cm). L’oreillard vole souvent sur place parmi les arbres et y capture ses proies, des insectes et des araignées à même les feuilles.

  • Enfin, les Rhinolophes

    ou " fer à cheval ", dont les populations bénéficient d’une attention particulière, notamment aux niveaux des remparts d’Aigues-Mortes où un gîte a été repéré. Le Rhinolophe a besoin d’une structure paysagère complexe qui lui sert de repère pour ses déplacements en écholocation et de taureaux ou de chevaux à proximité puisqu’il se nourrit essentiellement d’insectes liés au bétail. Ce qui illustre une fois de plus l’intérêt patrimonial de nos manades pour la sauvegarde d’espèces vulnérables qui contribuent à la richesse et à la qualité de nos milieux naturels.

Rato-penado  :
Extrait du "Trésor du Félibrige"