Quand aux murs extérieurs et aux cloisons intérieures de cette cabane, qui devait être assez vaste car il était question de plusieurs cloisons et même d’une petite chambre à construire dans un angle, ils étaient construit en pisé et en scions de bois de tamaris. Il semblerai donc, à en juger d’après ces trois textes d’archives, que les seuls matériaux mis en œuvre au milieu du XVIIe siècle, pour construire une cabane camarguaise aient été le bois, l’argile et les roseaux, à l’exclusion de toute maçonnerie en pierre, même pour la façade.
Cette hypothèse est vérifiée par d’autres documents plus récents, datant cette fois du milieu du XVIIIe siècle, qui sont conservés aux archives municipales d’Arles. Comme nous allons le voir, la technique de construction avait sensiblement évolué à cette époque. J’en appellerai tout d’abord à un document graphique particulièrement précieux puisqu’il s’agit d’un dessin à la plume, exécuté par Jacques Imbert, architecte de la ville d’Arles, sur lequel figure le plan , la coupe transversale et l’élévation de la façade de la façade de la cabane des Salins de Badon que les consuls décidèrent de faire construire en 1745, sur l’emplacement de l’ancienne cabane restaurée en 1647. (9)
L’édifice représenté est une cabane de type traditionnel se terminant par une abside arrondie de quatorze cannes quatre pans de longueur (environ 29 mètres) sur 3 cannes six pans de large (environ 7,5 mètres) et deux cannes six pans de haut (environ 5.5 mètres). Trois piliers espacés de 7,50 mètres sont disposés dans l’axe pour soutenir la poutre faîtière qui porte les solives de la toiture. Cette dernière est à deux versants, avec une inclinaison d’environ 45°. Elle prend appui sur les murs latéraux qui ont une hauteur de sept pans (environ 1,75 mètres).

Dans la façade en pierre de taille s’ouvrent, à gauche une porte d’entrée d’une canne de haut sur quatre pans de large (environ 2mx0.75m). Le mur latéral faisant face au levant est aveugle, ce qui parait étrange, pourquoi ne pas profiter de la lumière du jour ? Tandis que celui qui est orienté au couchant est percé de deux petites fenêtres de trois pans et demi de large (environ 0.85 m) On notera l’absence de cheminée sur le mur de façade ; en revanche, on voit nettement le chevron d’axe de l’abside dépasser le faîte de la toiture comme on continue à le faire de nos jours.