Défense de la "bourgine"... en 1922.
Un article de 2008 de notre ami regretté Simbéu
Ce n’est pas d’hier que nos jeux sont dénaturés par des observateurs plus ou moins objectifs...
Vendredi dernier, la quotidien La Provence titrait dans l’édition d’Arles : "Les anti-corrida s’inquiètent du danger pour un jeune torero de 11ans" (1). Et leur présidente de porter l’affaire devant la justice...
Des anti-corrida aux "anti- escoussure" et "anti-marque au fer" il n’y a pas loin et nous risquons de voir ceux qui s’offusquent du jeu espagnol faire rapidement l’amalgame avec nos jeux taurins et notre course camarguaise.
Pour "la bourgine" (ou taureau à la corde), jeu pourtant très prisé de nos populations, il en est allé ainsi... dès 1922. Progressivement l’attaque a fait son chemin et dans le dernier quart du siècle dernier la bourgine a été interdite.
Un journaliste (qui signe Philos-Provençal) avait pourtant pris sa défense face aux calomnies de ses premiers détracteurs dans le Torero du 2 avril 1922. Je vous livre son article in extenso ci-dessous.
"L’affaire" s’est passée à Saint-Rémy mais à cette époque le taureau à la corde courait alors dans tous les villages environnants, y compris bien sûr le mien, Eyragues (voir la photo ; un click dessus pour l’agrandir).
Le journal "Excelsior" a publié dernièrement un article violent contre l’un de nos divertissements, le plus goûté de la population provençale : la "Bourgine". Justement émue par sa lecture, la Société Protectrice des Animaux a écrit au maire de Saint-Rémy pour l’inviter à prendre un arrêté interdisant la Bourgine.
Comment la SPA a-t-elle pu prendre au sérieux les horreurs décrites par la correspondante de l’Excelsior ? Oeuvre d’une hallucinée qui n’a vu les réjouissances féroces dont elle parle que sous l’empire d’un cauchemar affreux. Elle a vu des diables noirs et barbus forger des fers de lances, des lames de couteaux, elle a vu de vieilles sorcières piler du poivre, des jeunes enfants piler du verre, tout cela pour martyriser le malheureux taureau ! Elle a vu, mais non, le PAL qu’elle a cru voir, n’était qu’une modeste tige de bambou plus légère et plus flexible que la cravache dont les jockeys abusent dans les courses de chevaux. Et tout naturellement, après avoir cru voir les instruments du supplice elle a vu le supplice lui-même : l’empalement du taureau !!!
Provençaux, mes frères, avez-vous jamais vu dans nos fêtes votives empaler un taureau ? C’est pourtant ce que nous raconte l’Elxcelsior.
La correspondante de ce journal habite momentanément une petite maison toute ensoleillée aux pieds des Alpilles. L’aspect riant de nos collines devrait éloigner d’elle pareilles visions. Nous lui apprendrons qu’au delà de l’horizon qu’elle aperçoit de ses fenêtres, horizon bordé des fines dentelures des rochers du Lion d’Arles chanté par Mistral, il se trouve une immense plaine divinement décrite par Jean Aicard, dans laquelle paissent, tranquilles, des taureaux ayant subi plusieurs bourgines et qui attendent philosophiquement le jour où le boucher viendra les quérir.
"Provençaux, Languedociens, mes frères", après de tels propos - si vieux soient-ils - un seul mot me vient à l’esprit : "Mèfi !"
Messages
1. Défense de la "bourgine"... en 1922., 21 décembre 2014, 17:57, par Bernard
La bourgine à l’Eyraguaise fait encore parler d’elle, en cette fin d’année 2014 et une certaine Starosinski ( toujours la même) s’y attaque encore !!!!!!
Il y a un article dans un quotidien.
1. Défense de la "bourgine"... en 1922., 28 décembre 2014, 12:05, par Liberté
Défenseur de nos traditions Camarguaises autant que de notre culture Provençale par la lengo dòu Mestre Mistral, j’ai sur le sujet du taureau à la bourgine un avis partagé.
Il n’y a pas si longtemps que cela, notre ancien Président de la FFCC, Henri ITIER, avant-gardiste et clairvoyant s’il en fut, alertait lors d’un congrès tous les organisateurs de jeux taurins de rues des excès auxquels ils se livraient sans retenue.
Traquer une bête "sauvage" en la maîtrisant par la corde, la promener à travers la ville en fanfaronnant en l’absence de danger, c’est la dévaluer, l’avilir, alors que c’est une bête noble qui ne mérite pas un tel traitement.
Dans cette forme primaire de jeu qui n’a rien à voir avec le jeu de l’arène où l’on va se mesurer avec un fauve qui a toute ses chances de se faire respecter, on prête le flanc à tous les anti taurins de la planète qui, avouons-le, trouvent là un sujet providentiel à la demande d’interdiction.
Ne pas le reconnaître, manquer de courage et ne pas se l’avouer c’est signer l’arrêt de mort de nos traditions.
Tant pis pour ceux qui n’ont rien compris.
Liberté
2. Défense de la "bourgine"... en 1922., 29 décembre 2014, 06:34, par Jean-Paul.
Bonjour,
tout à fait d’accord avec Liberté.
Eyragues est la seule ville qui ne respecte pas un arrêté préfectoral.
Je ne vois pas pourquoi il faille en passer par le tribunal pour faire respecter un arrêté préfectoral.
Autant supprimer tous les préfets.
2. Défense de la "bourgine"... en 1922., 30 décembre 2014, 20:18, par Bernard
Ce jour sur FR3 Marseille petit résumé de cette séance du tribunal,concernant la bourgine à l’Eyraguaise.
Nous y avons vu le président du CT Pançin, le maire d’Eyragues Max Gilles.
Délibéré au 13 janvier (il me semble)
1. Défense de la "bourgine"... en 1922., 31 décembre 2014, 06:57, par Bernard
Au fait Simbeu, ta bourgine est bien mal en point !!!
2. Défense de la "bourgine"... en 1922., 31 décembre 2014, 12:05, par Liberté
L’affaire d’Eyragues sur l’interdiction du taureau à la bourgine a le mérite de nous interpeller sur des pratiques d’un autre âge qui mettent en péril tout le tissu associatif taurin.
La tradition taurine n’a de sens que si elle évolue. Or elle est engluée dans une perception rigide de nos us et coutumes qu’il faudrait préserver coûte que coûte au prix du déshonneur et contre vents et marées.
Imaginons un instant que l’on rétablisse le taureau à la bourgine où l’on faisait boire à une pauvre bête un litre de pastis pur comme cela se produisait à Beaucaire jadis.
Taureau qui finissait transporté sur un charreton à l’abattoir.
Imaginons que l’on ait conservé le jeu du "calos" ou de la "bedigane" en piste où il s’agissait de terrasser un taureau à coups de gourdins dans les pattes pour interrompre sa course. (Patrick Bruguière :"les origines de la course libre" début 19° s.).
Imaginons que l’on restaure une "vraie" abrivado et bandido avec les cocardiers de piste tel que cela se pratiquait autrefois dans les villages.
Avec les taureaux d’aujourd’hui, nul doute qu’il y aurait des morts parmi les spectateurs.
A tous les irréductibles de la maintenance de coutumes dépassées qui persistent encore aujourd’hui à défendre l’indéfendable, ils feraient bien d’ouvrir les yeux sur le présent et de se remettre en question.
Mais cet effort de réflexion demande à la fois du courage et de la profondeur d’esprit. Et je ne suis pas sûr qu’ils ne disposent ni de l’un, ni de l’autre.
Liberté
3. Défense de la "bourgine"... en 1922., 1er janvier 2015, 18:34, par Frisé
C’ est toi qui est mal en point , simbeu est décédé l année derniere