255/ Digue principale d’abaissement du sol de la Camargue
En parlant de la formation et du nivellement de la Camargue, nous avons vu que le sol , incliné de l’est à l’ouest , et de l’occident vers l’orient produit dans l’intérieur de l’Isle, une ligne qui, penchant du nord au sud, a tous ses points en contre bas des terres latérales correspondantes, et que la majeure partie des eaux y afflue par la seule loi de la pesanteur. Cette ligne d’abaissement principal est entièrement au couchant.
Elle est déterminée par les marais de Palun Longue (1) et de Rousty par celui de la Grand Mar, et enfin par ceux des Saintes Maries

256/ Deuxième ligne d’abaissement du sol de la Camargue
Du coté de l’est, une autre ligne semblable, quoique bien moins prononcée se montre depuis la partie orientale du marais de la Grand Mar, au nord du Vaccarès, jusqu’au vieux Rhône, en passant par les petits marais de Romieu, de Grenouillet et de la tour du Valat.

257/ Un canal à deux branches qui suivrait ces lignes opérerait le dessèchement des marais.
Un canal longitudinal qui, par deux embranchements , suivrait les lieux enfoncés que déterminent ces lignes, serait, sans contredit, dans l’emplacement le plus favorable pour conduire à la mer les eaux croupissantes sur son passage.
Ces ouvrages qui, ainsi construit, ne ferait que dessécher les marais, serait regardé par quelques propriétaires comme le fléau de l’agriculture, ils croiraient difficilement que les pailles des grains produits par le sol émergé, pussent remplacer la plante destinée aux sansouires.

258/ Comment le canal de dessèchement fournirait des irrigations contre les sansouires.
Afin donc de les dédommager amplement de la perte du triangle, et de leur procurer une boisson salutaire pour eux et leurs bestiaux, il conviendrait à partir de Palun Longue, de faire communiquer le canal avec le Rhône et, par des dérivations de ce canal, de conduire sur les terres des eaux vivifiantes.

259/ Prise de ce canal dans le Rhône.
Cette communication serait d’autant plus profitable qu’elle aurait lieu plus en amont dans le fleuve. Il faudrait en conséquence d’établir à la partie la plus haute de la pointe de la Camargue, au dessus de Trinquetaille on la fermerait en tout ou en partie, au temps ou les eaux pluviales viennent dispenser d’autres eaux. On la rouvrirait à volonté, au retour de la belle saison, et alors, le territoire ayant déjà perdu ses eaux d’hiver, le canal cesserait ses fonctions de dessiccateur, pour être tout l’été un canal d’arrosage.