Je voudrais parler de la passion du Taureau, mais pour cela il faudrait que je sois cette bête noire, fière et sauvage.

Par contre, je ne voudrais pas être les bien-pensants, qui veulent supprimer nos jeux ... Et exterminer notre race de taureaux.

Je voudrais être un de ces jeunes manadiers ou gardians qui s’engagent aujourd’hui dans un métier d’un autre temps, pour le plaisir ou pour rêver au taureau qui fera un triomphe dans les arènes... Ce sera l’année prochaine, ou dans 50 ans.

Je ne voudrais pas être celui qui demande aux organisateurs de la compétition ce qu’il doit dire pour leur faire plaisir.

Je voudrais être un de ces anciens qui, quel que soit le temps, vient dans nos arènes et emmène son petit fils afin de lui inoculer le virus.

Je voudrais être un de ces jeunes de 14 ans, qui rêvent d’en découdre avec la bête noire et d’en triompher dans les arènes ou un de ces anciens qui ne peut plus triompher, mais qui continue à suivre les courses.

Je ne voudrais pas être un de ceux que l’on ne voit plus le jour où il arrête.

Je voudrais être un de ces bénévoles, qui hiver comme été, travaille dans les villages pour organiser des courses aux arènes, juste pour le plaisir.

Je ne voudrais pas être un de ces organisateurs désabusés qui dit "On ne peut pas gagner d’argent avec la course camarguaise".

Je voudrais être un de ces amateurs qui viennent travailler dans nos manades, juste pour le plaisir.

Je ne voudrais pas être un de ces jeunes qui restent assis à la maison pour ne rien faire.

Je voudrais être un de ces rêveurs qui se dit que l’Europe finira par se passionner pour nos jeux.

Je ne voudrais pas être le pessimiste qui se dit que nous allons disparaître.

Enfin, en un mot, je voudrais être la demoiselle qui a consacré sa vie, qui a oublié la vie feutrée qu’elle pouvait avoir pour rien gagner si ce n’est se faire plaisir avec les taureaux.

Je ne voudrais pas être celui qui vend des cartes, et le pouvoir des professionnels pour faire un peu d’argent... Je ne sais pas pourquoi.

Alors enfin je voudrais être Raubo-Vesso qui a fait trefoulir son pelot de l’époque, Jacques dans les arènes d’Aimargues, je voudrais être Couté-Nègre dont les veaux sont en train de naitre sur la manade en ce moment.

Je voudrais être Candello qui coule des vieux jours dans les prés, en rêvant peut-être à ses triomphes dans les arènes d’Arles.

Mais je ne suis qu’un vieux gardian qui ne va pas tarder à être obligé de descendre de son cheval. Cependant je vous dis : "Aimez le taureau, cela peut nous apporter de grands moments de plaisir, cela peut nous apporter même de petits moments de bonheur."

Alors...

 

Vivo lou Biòu !

Vivons pour lou Biòu !

Pour écouter le discours, un click sur ce lien: {{Discours}}*