Que si, cependant l’application de le loi de 1807 a un moment trouvé place dans les projets de Mr Bernard et Perrier, elle a soulevé de la part des propriétaires une telle résistance, et on peut même dire une telle indignation, que l’administration, toute- puissante cependant quand elle veut, a du s’arrêter dans la voie qu’elle avait embrassée, pour revenir à des idées conciliant à la fois, d’une manière plus sure, les intérêts généraux et les intérêts prives.

Il y a mieux, un dessèchement, dans le sens réel du mot, et la mise en culture qui doit en être la conséquence forcée sans impossibles.

Pour qu’en effet un dessèchement puisse être considéré comme accompli, il ne faut pas seulement que la surface du marais soit mise à sec et asséché pendant un temps plus ou moins long, il ne suffit pas qu’étant asséchée, elle ne soit plus exposée à être recouverte par les eaux.
Il faut surtout que la nappe d’eau inférieure et intérieure soit abaissée au-dessous de la surface du sol d’une quantité suffisante pour permettre aux plantes de végéter et de croître.

A défaut de cette condition, un terrain ne saurait jamais être mis en culture avec sécurité, et on ne pourrait songer raisonnablement à y essayer de la luzerne, des céréales ou autres plantes dont les racines peuvent périr par le contact continuel de l’eau. Dans une expertise ayant pour but de fixer les contributions de telle ou telle parcelle à l’entretien de l’oeuvre de dessèchement des marais des baux, les experts ont dù, dans leur rapport, tenir compte de cet élément d’appréciation.

Il est tellement ainsi que, dans tous les projets d’amélioration de la Camargue, comme dans celui qui nous est présenté, on a dù toujours prévoir le fonctionnement de machines élévatrices puissantes destinées à procurer précisément cet abaissement du plan d’eau intérieur.

Or, cet abaissement, sur de grands espaces, est vraiment difficile, pour ne pas dire impossible, à procurer de manière à permettre la mise en culture, même pour les terres basses. Et dessécher sans pouvoir mettre en culture est une opération coûteuse, ruineuse même, sans résultats prochains, mieux vaut infiniment laisser les choses en l’état, surtout si la question de salubrité publique n’est pas sérieusement engagée.

VI/ DU DESSALEMENT4

Et encore la question du dessalement mérite d’être signalée et elle contribue à rendre plus difficile encore l’exécution du dessèchement véritable avec mise en culture à la suite.

« Cette question du sel , dit Dupouchel, spéciale a nos climats méridionaux, est une question, qui, en fait de dessèchement doit tout dominer et dont l’étude doit primer toutes les autres. Nous croyons donc devoir la traiter en premier lieu.
Car à quoi servirait de dessécher à grands frais de nouvelles surfaces, si les terrains ainsi obtenus devaient rester improductifs, comme ceux que nous possédons déjà en trop grand nombre sur nos plages, si nous ne nous étions assurés d’avance des moyens de remédier à cette cause persistante de stérilité
 ?

Tout les terrains qui se sont trouvés à une époque , même très reculée, en contact avec la mer, restent imprégnés de sel marin qui, suivant les conditions atmosphériques, produit des effets très différents.

Après avoir expliqué qu’à la différence de ce qui se passe dans les climats humides et brumeux du Nord, qui favorisent , qui favorisent la dissolution constante du sel et son infiltration dans le sous-sol, Duponchel parle du phénomène de la capillarité que nous voyons se produire chaque jour dans notre région plus sèche, où l’évaporation naturelle est toujours supérieure à la quantité d’eau pluviale et il ajoute :

« Avant de mettre en culture un terrain desséché il est donc nécessaire de la dessaler, mais cette opération présente des difficultés qu’on n’a jamais pu surmonter jusqu’ici d’une manière complète. Et, d’ailleurs, il ne suffirait dons pas de dessécher un de nos marais du littoral pour le mettre en culture. Tant qu’on ne sera pas parvenu à le dessaler entièrement, on n’aura obtenu qu’un résultat à peu près nul. »

Et c’est a ce moment que Duponchel expose que les essais tentés quoique d’une manière fort incomplète, sur quelques points de la Camargue l’ont mis sur la voie d’un procédé qui, appliqué d’une manière convenable doit donner un succès infaillible, il veut parler du drainage des marais.

On peut juger par les dépenses que plusieurs propriétaires ont exécuté sur plusieurs terres de leurs domaines ce que coûterait le drainage du Valcarès ou des étangs inférieurs . Duponchel l’évaluait en moyenne à 300 francs par hectares, et peut être même faudrait-il en Camargue porter le prix à 400 francs au moins.
Le remède, comme on le voit, est héroïque, d’autant que les applications faites par Mr Duponchel lui-même sur les marais de Vic et de Tourneville dans l’Hérault, n’ont donné aucun résultat satisfaisant et surtout concluant.