Coup d’oeil sur les projets antérieur d’amélioration de la Camargue

A/ Projet de M.Poule
Nous ne dirons rien des projets de M.Grognard en 1804, de M. Gorce en 1813, d’un premier travail de M.Poulle en 1827, simples ébauches, ils étaient d’autant moins pratiques, que jusqu’alors aucun nivellement général de la Camargue n’avait été exécuté.

Mr Poulle mena à bien cette opération, et, dès 1837, put produire un avant-projet que l’on peut analyser de la manière suivante :
1/ Convertir le Valcarès en récipient général de l’ile, à l’aide d’une digue de ceinture.
2/ Arroser les terres hautes par un canal dont la prise était à Comps, qui traversait le petit Rhône en siphon, et dont les eaux arrivaient en tête de la Camargue à la côte de 4,38m au dessus du niveau de la mer.
3/ Arroser les terres basses par un canal dont la prise était à la Cape.
4/ Ecouler les terrains au moyen de trois canaux débouchant, l’un à l’embouchure du petit Rhône, l’autre dans le lit du vieux Rhône, le troisième dans la mer.

Le projet comprenait l’établissement de la digue à la mer.

La dépense était évaluée à 1.0050.000 francs.
L’ Etat ne devait accorder aucune subvention et, pour encourager les particuliers ou une Compagnie à s’engager dans de pareilles dépenses, Mr Poulle faisait concevoir l’espérance de plus values comme les suivantes :
7000 hectares à 1000 francs acquerraient une valeur de 2000 francs,
4000 hectares de terres marécageuses passeraient de 250 francs à 1800 francs
30.000 hectares de terres vagues de 400 hectares à 1600 francs

Les travaux devaient durer trois ans, et on estimait que la perte de temps prendrait trois autres années.
Ce projet général s’appliquait à 45.000 hectares environ
Comme inconvénients, il présentait un système d’écoulage bien moins étudié que celui de l’arrosage, le Vaccarès était maintenu à un niveau qui pouvait paraître trop élevé en égard au développement de la faculté d’irriguer, le dessalement n’était point touché, l’estimation des plus-values exagérée, il ne détermina aucune tentative.

B/ Barrage sur le petit Rhône
La question de l’amélioration de la Camargue fut du reste, à cette époque, primée par les soucis que causèrent à l’administration les inondations de 1840 et celles qui les suivirent de près.
Vers la fin de 1847, Mr Surrel, ingénieur ordinaire des Ponts et Chaussées, présenta un projet dans lequel l’irrigation était procurée à la Camargue par un barrage sur le petit Rhône.
L’enquête ouverte sur ce projet, au double point de vue du régime des eaux et de l’utilité publique, fut interrompue par les évènements de 1848.

C/ Projet de 1850.
A la date du 30 mai 1850, Mr Surrel et De Montricher présentèrent une nouvelle étude.
Ils proposaient comme ouvrage capital et préliminaire la construction d’une ligue à la mer, le Valvarès ainsi isolé de la mer, tant que la masse des arrosages ne dépasserait pas 8,20m, pendant l’hiver, il pourrait s’élever à zéro, sans jamais dépasser la cote de + 0,20.
Les canaux d’écoulement déjà faits étaient maintenus, ils étaient agrandis, ramifiés et complétés.
L’arrosage embrassait une superficie de 35.500 ha : 10.000 ha répartis entre six bassins desservis par trois canaux, ayant leur prise dans l’ile même, 24.900ha répartis entre neuf bassins desservis par des machines élévatoires, alimentant plusieurs canaux et leurs ramifications.
La dépense était évaluée 1 650 000 francs, la plus-value à réaliser à 25.000.000 francs.

Une commission consultative fut instituée par arrêté préfectoral du 24 mai 1850 pour étudier l’amélioration de la Camargue et examiner les projets de MM les ingénieurs. Cette commission se divisa en cinq sous commissions :

  • celle de la digue à la mer
  • celle des écoulages et du dessèchement
  • celle de l’irrigation naturelle
  • celle de l’irrigation par machine à vapeur
  • celle des voies de communications

Chaque commission lut son rapport dans une assemblée générale du 14 novembre 1850. une sous-commission centrale fut nommée avec mission de déposer un rapport général, qui fut lu le 14 octobre 1851, au sein de cette sous-commission,

  • quatre membres se prononcèrent pour l’ajournement indéfini du projet,
  • trois demandèrent que, pour le moment du moins, il ne fut question que de la digue à la mer,
  • quatre réclamèrent l’enquête immédiate.

Le président alors mit aux voix le projet de digue à la mer, mais les suffrages demeurèrent les mêmes. La commission consultative s’ajourna alors à quinzaine, elle ne s’est plus réunie.
(...)