Dépenses
Les dépenses atteignaient , d’après Mr Bernard, une somme de 4.400.000 francs, et ne devaient pas , d’après Mr Perrier, ingénieur en chef , dépasser 3.600.000 francs.

« Mais, » disait Mr Perrier dans un rapport daté du 29 février 2860, « on se tromperait grandement si on croyait que les dépenses qui viennent d’être indiquées sont les seules pour porter l’agriculture de la Camargue au degré de la propriété qu’elle peut atteindre au jour.
La population éparse dans l’ile occupe environ cent cinquante fermes, ou, quand les travaux d’amélioration mentionnés ci-dessus seront exécutés, il faudra, pour cultiver convenablement le sol, en admettant même que l’on conserve la grande culture , une population triple au moins de celle qui existe aujourd’hui, ce qui suppose que l’on construira trois cents fermes de plus pour loger la nouvelle population et faciliter la division des domaines.
Or, chaque maison de ferme coûtera environ 25.000 francs à raison du prix élevées constructions dans la Camargue. D’où il résulte une dépense totale de 7.500.000 francs, à quoi on doit ajouter, pour achat d’instruments aratoires, bestiaux, engrais et pour ouverture des fossés secondaires destinés destinés à compléter l’assèchement des terres une somme d’au moins 2.500.000 francs.d’où, il suit que les propriétaires auront à supporter, en sus du capital des travaux, un autre capital de
2.000.000 de francs , ce qui porterait le capital nécessaire à l’amélioration complète de la Camargue à environ 14 millions »

3/ Plus-value
La plus-value résultant de ces améliorations est prévue de la manière suivante :
« quand à la plus-value du sol ( non compris la valeur la valeur des nouvelles maisons de ferme) pouvant résulter de l’exécution des travaux de dessèchement et d’irrigation, nous pensons qu’on peut l’évaluer, sans exagération, à ce qui suit :
a/ Pour l’oeuvre de dessèchement : .500 hectares de marais à raison de 1.500 francs l’un, soit 11.250 000 francs
b/ 15.400 hectares de pâturages et terres vagues à raison de 1.000 francs
c/ 14.000 hectares de terres cultes dont l’assèchement sera amélioré à raison de 500 francs par hectare, soit 700.000 francs ; total 33.650.000 francs.
d/pour l’oeuvre d’irrigation, 1.950 hectares de terres pouvant s’arroser à raison de 1.000 francs par hectare, soit 19.850.000 francs.
Soit pour l’ensemble de cette œuvre de dessèchement et d’irrigation au total général de 53 500 000 francs.

« Mr Poulle, qui avant Mr Surrel s’est occupé de la Camargue, avait porté cette plus-value à 73 000 000 francs.
Mr Surrel a fixé a 25 millions celle pouvant résulter de l’irrigation, il n’a pas indiqué celle résultant du dessèchement.

Mais il ne faut pas se faire d’illusion, le progrès de l’agriculture dans la Camargue, après l’exécution des travaux de dessèchement et d’irrigation seront l’oeuvre du temps.. il se produiront lentement et seulement au fur et à mesure que les propriétaires verront leurs ressources s’accroître et qu’ils pourront avec leurs épargnes bâtir des fermes, appeler de nouveaux colons et leur faire des avances.

Nous devons même dire que, dans les premières années, les propriétaires qui possèdent les marais et les pâturages bas, verront leurs revenus diminuer, parce que ces terres desséchées ne pourrons être converties en prairies ou en terres cultes qu’après avoir été entièrement dessalées par une irrigation abondante. »
(...)