Bouvine & Traditions (B&T) :
Henri tu étais à la tête de la Fédération Française de Course Camarguaise. Depuis le 1er avril 2011 tu as choisi de ne plus y être. Que deviens-tu ?

Henri Itier (H.I.) :
J’ai la chance d’avoir une deuxième passion qui me prend, elle aussi, beaucoup de temps, c’est la chasse, l’élevage de chiens puisque j’ai une meute de beagles.
Grâce à cette meute de chiens je fais beaucoup d’expositions, de brevets de chasse et autres. Ce qui fait que cela occupe pas mal de mon temps et je n’ai pas de temps morts.
Mais… il n’empêche que je continue à suivre la Course Camarguaise car je reste toujours aussi passionné mais en même temps blessé.
Blessé de voir ce qui se passe autour

B&T :
"Blessé"... on comprend. Quand tu es parti tu avais des dossiers en cours. Par la force des choses tu n’as pas pu les mener au bout. Je pense, entre autres, à ce dossier que la Fédé actuelle avait inscrit, et clamé, comme étant prioritaire mais sur lequel elle n’a pas communiqué depuis plus de un an et demi : l’entrée de la Course Camarguaise au Patrimoine Culturel Immatériel suivant la convention de l’ UNESCO

H.I. :
Oui… mais je souhaite revenir sur le terme « blessé ».
En effet, quand on a passé 21 ans à la tête de la Fédération Française de Course Camarguaise, 3 ans au secrétariat avec Jérôme Vigne et 18 ans comme Président avec à notre actif tous les efforts réalisés, tout le travail fait, toute l’énergie dépensée.
Aujourd’hui l’équipe actuelle nous a complètement écartés, nous n’avons aucune considération de ces gens-là et c’est navrant qu’on puisse ainsi balayer d’un revers de manche l’action et les personnes qui ont fait avancer, indiscutablement, la Fédération Française de Course Camarguaise.
Personnellement j’ai toujours eu du respect envers mes prédécesseurs. Vous avez toujours pu le vérifier, ils ont toujours été invités à toutes les manifestations et événements dont la Fédération Française de Course Camarguaise avait l’initiative.
Aujourd’hui ce n’est plus le cas.

B&T : Tu veux dire que même sur les dossiers qui étaient en cours aucune demande de transmission n’a été formulée ?

H.I. :
Absolument pas !
Je pense même que tous les dossiers qui étaient en cours ont été arrêtés car il ne se passe plus rien à la Fédération Française de Course Camarguaise.
Il suffit d’observer pour se rendre compte qu’elle est d’une grande transparence - vue de l’extérieur – aujourd’hui. Elle est absente.
Je savais parfaitement que dans l’équipe en place pour certains le costume était trop grand et qu’il n’était pas dans leurs possibilités de mener la Fédération Française de Course Camarguaise comme elle devrait être menée aujourd’hui.
Je n’ai pas la prétention d’avancer que nous avons tout réussi mais en contrepartie je me suis, moi, toujours efforcé de mettre la Course Camarguaise à un haut niveau , le sien, tant sur le plan institutionnel que sur le plan communicatif.
Aujourd’hui, ce travail, ce souci permanent de tirer la course vers le haut est visiblement galvaudé et la conséquence immédiate c’est la perte de dimension auprès des institutionnels, des élus mais aussi auprès du Ministère qui n’a pas versé la subvention de fonctionnement. Cela marque leur perte de confiance.
C’est grave.
C’est un recul dont la Course Camarguaise n’avait pas besoin.

Pour ce qu’il en est de l’UNESCO.
L’UNESCO malgré qu’on ait eu un dossier parfaitement ficelé et même si, encore une fois de plus dans le milieu, il faut constater que les gens n’avaient pas mesuré l’importance de ce dossier.
La reconnaissance par l’ UNESCO pouvait permettre à la Course Camarguaise - et quand je dis Course Camarguaise je veux parler de toutes ses composantes en particulier pour les « éleveurs » que sont les manadiers – d’obtenir une protection pour l’avenir. Tous auraient bénéficié des retombées médiatiques car il est prouvé, statistiquement, que chaque fois que la région, l’activité ou autre, étaient reconnues au patrimoine immatériel les retombées économico-touristiques étaient indéniables.
Donc c’est bien dommage de ne pas avoir poursuivi dans cette voie. Certes cela aurait été difficile à jouer car sur ce dossier UNESCO nous avons essuyé les plâtres de la corrida qui avait été reconnue au patrimoine national. Pour faire simple, notre dossier n’est jamais arrivé sur le bureau du Ministre. Il s’est arrêté sur le bureau d’un directeur ministériel au prétexte que de la tauromachie le ministère de la Culture ne voulait plus en entendre parler.
Personnellement, je pense que c’est un dossier qui mériterait d’être relancé , reconsidéré, car je continue à croire que si il y a une tauromachie qui doit être reconnue c’est bien la nôtre car elle est unique au monde, c’est une spécificité unique.
Elle comporte intrinsèquement une valorisation de l’animal qui est importante, indéniable et indiscutable par rapport à d’autres tauromachies.

B&T : Valorisation que même les différentes ligues et associations de protection des animaux reconnaissent.

H.I. :
Exactement !
Une race unique.

Nous voyons bien, nous le constatons, qu’il y a un travail important à faire pour assurer la pérennité de nos Traditions mais bon, malheureusement aujourd’hui, compte-tenu de l’évolution des choses c’est un dossier qui risque de tomber à l’eau définitivement.
Ce serait regrettable et bien dommage à notre corps défendant.