Essai tendant à démontrer les avantages qu’il y aurait de lier le projet d’un canal de navigation vers Arles pour les sels récoltés dans la Camargue avec celui d’assainissement de cette isle, et d’amélioration des produits de l’agriculture

272/ Motifs de cet examen
C’est une témérité bien grande sans doute, que d’oser ne pas partager en tout l’opinion d’un homme éclairé. Aussi n’est-ce qu’avec une extrême défiance que nous donnons ici quelques aperçus sur l’essai rédigé par Mr Gorsse le 25 septembre 1813. malheureusement pour nous , le projet de cet ingénieur n’est pas de nature à devoir être passé sous silence dans un écrit qui embrasse la Camargue. Si les observations qu’il nous suggérera sont erronés, elles feront ressortir davantage le mérite de celui qui l’a conçus. Si elles sont justes, Mr Gorsse s’applaudira de les avoir fait naître, puisqu’elles pourront servir à donner plus de perfection à son travail.

273/ Projet considéré par rapport à l’exploitation des salines.
Le titre de l’écrit de Mr Gorsse, et les articles de l’essai depuis 17 jusqu’à 29 montrent que le canal proposé était destiné principalement à faciliter l’exploitation des salines. Sous ce rapport il remplirait parfaitement son objet. Mais cet ouvrage de l’industrie sont aujourd’hui de la plus mince importance. Mr Gorsse en convient lui-même, en ces termes :
Cette conviction, que son projet était excellent, devient malheureusement inutile au pays d’Arles, les salines de la Camargue n’offrent plus qu’un tout petit intérêt, la chaîne qui liait les idées que je proposais est rompue (1). Depuis que le temps où Mr Gorsse écrivait ainsi, rien n’a changé dans l’isle, hors le canal du Japon. Les douanes le récurent, il pourrait, si jamais il y avait lieu, suppléer en partie aux avantages que l’auteur de l’essai avait en vue.

274/ Par rapport à l’amélioration des salines.
Pour assurer aux salines un réservoir d’eau salée, l’article 3 des idées générales à la suite de l’essai, indique la construction d’une chaussée, propre à isoler de la mer tous les étangs du sud , il indique aussi une porte dans l’épaisseur de cette chaussée, pour réparer, pendant les hautes mers, les pertes du réservoir.
Il résulte des articles 11 et 14 de l’essai, que la mer amoncelle constamment des sables entre elle et les étangs. On craindrait donc un ensablement constant de la porte désignée, et les salines actuelles pourraient être privées de leur alimentation où être obligées a des frais continuels pour se le procurer. Nous avons fait connaître, en parlant des salines, par quels moyens leurs propriétaires s’ils sont désireux de réservoirs salants, en obtiendraient tous a moins de frais.

275/ Par rapport aux irrigations.
L’origine dans le Rhône du canal de Mr Gorsse est fixée par l’article 30 de l’essai à un point où les eaux du fleuve sont plus basses de 0,45 m qu’à la pointe au nord de la Camargue. Ce canal laisserait donc le regret de n’avoir pas fourni aux besoins de l’agriculture toutes les irrigations que les localités permettent de leur fournir. Le surcroît de dépense qu’entraînerait l’établissement de la prise au dessus de Trinquetaille ne devrait pas faire balancer de l’y établir, il serait plus que compensé par les avantages qui en serait la suite. Car, en général, rien n’est plus précieux que les arrosages dans les pays méridionaux, et la Camargue, en particulier, dont le sol est imprégné de sel marin , dont les champs sont brûles par l’été, achèterait de l’eau vive à tous prix.