Essai tendant à démontrer les avantages qu’il y aurait de lier le projet d’un canal de navigation vers Arles pour les sels récoltés dans la Camargue avec celui d’assainissement de cette Isle, et d’amélioration des produits de l’agriculture

276/ Par rapport aux dessèchement des marais.
Nous avons consigné dans cette étude ce que les articles de l’essai confirment, (articles 274 et 275) savoir que le sol dans l’intérieur de la Camargue forme une vallée inclinée du nord au sud , au fond de laquelle se rassemblent toutes les eaux, et où, par conséquent se trouvent les plus grands marais. Le canal de Mr Gorsse ne suivant pas cette vallée, ne pourrait être le plus favorable au dessèchement, à l’assainissement, au bénéfice qui doit en résulter. La direction assignée à ce canal ne permettrai de dessécher les marais de Palun longue, et de Rousty, et à l’ouest celui de la Grand Mar, qu’au moyen d’autres grands canaux, elle serait d’un effet nul, pour les vastes marais des Saintes, elle renfermerait toutes les améliorations de l’Isle, dans la partie orientale, où les eaux croupissantes sont le moins étendu et le moins pernicieuses où de nombreuses roubines sont moins qu’ailleurs insuffisantes aux besoins des hommes et des troupeaux. La partie orientale qui ne possède que des roubines, tantôt assèches tantôt chargées d’eau corrompues ou saumâtres, et qui, par ces inconvénients, est forcée, quand elle veut abreuver ses bestiaux, de les conduire à des distances extraordinaires. Ce canal la laisserai absolument morte, toujours inondée et malsaine, et il ne donnerai pas à la seule population rassemblée dans l’Isle, l’eau douce indispensable et promise.

277/ Rapprochement du canal de Mr Gorsse et de celui qu’on a proposé.
Que si Mr Gorsse voulait conduire de l’eau potable aux Saintes Maries, par une dérivation de son canal, alors voilà un nouveau canal qu’il faudrait ouvrir, et qu’il importerait de conditionner comme le canal principal, afin qu’il pût dessécher les marais sur son passage, alors voilà encore le canal de Mr Gorsse qui rentrerait dans le canal à deux branches que nous avons proposé et qui ne différerait plus de ce dernier que par une prise moins avantageuse. Mais si l’on réfléchit qu’outre ces deux branches, Mr Gorsse serait
dans l’obligation de construire d’autres grands canaux accessoires pour vider les marais de Palun longue et de Rousty, si l’on se pénètre de la nécessité des irrigations et du bénéfice qu’on en doit attendre, ou nous nous trompons bien fort, ou l’on conviendra que l’établissement de la prise à la pointe septentrionale de la Camargue est indispensable.

278/ Opinion d’une commission de travaux publics sur un canal projeté avant 1813 dans l’emplacement de celui de Mr Gorsse.
Le jugement que nous venons de porter, en général, sur le projet de Mr Gorsse, peut être étayé d’autres preuves que nos observations. Une commission de travaux publics, dont Mr Grognard et Carier, ingénieurs en chef de Ponts et Chaussées, étaient membres, furent chargé pendant la révolution de présenter leurs idées sur de dessèchement des marais d’Arles et les améliorations de la Camargue. Elle inséra dans le rapport qui suivit sa visite des lieux, le même cours à peu près, et la même issue que celui de Mr Gorsse. Mais elle ne regardait un tel ouvrage que comme propre à la bonification de la partie orientale de l’Isle et à l’exploitation des salines, il conste, par les autres ouvrages proposés par cette commission, quelle était loin d’attendre de ce canal un résultat heureux, ni pour le dessèchement des grands marais, ni pour l’assainissement de l’Isle, ni pour des irrigations assez abondantes. b