Essai tendant à démontrer les avantages qu’il y aurait de lier le projet d’un canal de navigation vers Arles pour les sels récoltés dans la Camargue avec celui d’assainissement de cette isle, et d’amélioration des produits de l’agriculture

Des opérations préparatoires que nécessiteront les grandes amélioration de la Camargue.

282/ Temps et dépense que demanderait un nivellement général.
Cherchons donc à évaluer le temps et la dépense que demanderaient ces opérations. De la comparaison des temps employés à niveler, des frais et des longueurs de nivellement, entre les années 18111 et 1813, il résulte :
Que chaque mètre de longueur nivelés à absorbé moyennement
en numéraire 0,095 francs
en temps de nivellement 0,005 francs, mais, comme les coûts de niveau ont eu une portée de 250m en avant et en arrière, comme la précision demande que ces distances soient diminuées de moitié, comme l’établissement de l’instrument est le principal obstacle à la célérité, nous pensons que ces éléments devraient être portés au moins à : le 1er mètre à 0,15 francs, le 2e à 0,008 francs
d’une autre part , la longueur d’une méridienne traversant la Camargue étant fixée à 3 myriamètres, celle des perpendiculaires limitées aux deux branches du Rhône, est au moins, pour la moyenne de 15 kilomètres, ainsi l’on aurait 120 profils en travers d’une longueur ensemble, 1 800 000 mètres qui, avec le profil en long de 30 000 mètres, donnerai une longueur totale à niveler de 1 830 000 mètres.
Lequel 1 830 000 mètres courant de nivellement ne pourraient s’effectuer, d’après les éléments ci-dessus qu’en y affectant :
une dépense de : 274 500 francs
un temps de nivellement et de ses aides de 14 640 jours

283/ Moyen de diminuer ce temps et cette dépense
Une grande réduction dont ces résultats pourraient être susceptible, serait due au choix du temps. Pour peu que l’on parcoure le chapitre premier de cette étude, on ne tarda pas à se convaincre que l’éloignement des habitations dans la Camargue, l’inconstance du climat, les chaleurs accablantes de l’été, les pluies abondantes de l’automne et les vents impétueux qui les précèdent et qui les suivent, sont autant de cause qui les ne permettent qu’un travail lent et sans cesse interrompu, des courses indispensables pour reconnaître les localités, viennent ajouter a cette interruption, enfin, le pays ne fournit que des cultivateurs. Il faut y conduire des ouvriers et d’Arles et des villes voisines. Il faut les garder dans l’inaction, en attendant les moments propices.
Il faut les payer chèrement dans ces lieux isolés où l’on manque de tout, où les insectes sont dévorants, où leurs bataillons rougissent parfois la verge qui frappe l’air , tant ils sont innombrables, où, pour tout dire enfin, les maladies sont fréquentes et souvent mortelles. On alléguerait en vain que quelques personnes n’ont pas été atteintes par les fièvres dans le cours des opérations de 1811 à 1813.

Celles qui les ont évitées, ont évité aussi le de la Camargue, elle n’y ont paru que momentanément, soit pour donner des ordres, soit pour faire des reconnaissances qui n’ont duré que peu de jours nous ne parlerons des ouvriers.
Mais les élèves ingénieurs, Mr Trona, Mr Beaudemoulin, alites longtemps et tourmentés de dangereux symptômes, n’ont dû leur salut qu’à de prompts secours, et a la vigueur de leur âge et de leur tempérament. Mais le conducteur Magny réduit 14 mois à lutter contre la mort, n’y a pour ainsi échappé, comme l’avouent ceux qui l’ont vu malade, que par miracle. Si donc la vie et la santé des hommes sont appréciées comme elles le méritent de l’être, si l’exactitude des opérations, si l’économie dans les frais de nivellement, sont comptées pour quelque chose, on jugera qu’un travail continu dans cette Isle ne devrait avoir lieu que pendant les 100 jours de l’année, compris entre la fin de février et le commencement de juin.

C’est le temps où cessent les frimes où les vents sont plus tempérés, où les marais commencent à se dessécher, où leurs émanations sont moins dangereuses, et l’unique motif qui ait empêché jusqu’a ce jour de mettre à profit cette époque favorable, a tenu à ce que les élèves ingénieurs chargés des nivellements, n’ont pu quitter qu’en mai l’école des Ponts et Chaussées, et que novembre les a rappelés à Paris.