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 LA COURSE

Si j’avais un compte rendu à faire de la 2è journée du Muguet d’Or ce serait incontestablement, le 1/4 d’heure de FANFAN.
Ce 1/4 d’heure, le 1/4 d’heure de la course, est sans doute le 1/4 d’heure de ce Muguet d’Or 2023.

Un 1/4 d’heure où le temps était suspendu, suspendu au départ d’un raset, un raset qui retenait notre souffle, pour éclater enfin dans un éclat de bois et de joie.

Le patron s’était lui, FANFAN, dès son entrée en piste il voulait être le maitre ; collé aux planches, position impeccable, calme, lucide de son pouvoir, il attendait ses serviteurs, ceux qui allaient oser, oser l’affronter dans son terrain, son royaume, la piste.
Ceux qui oseraient lui offrir un raset d’exception, pur, noble, courageux car FANFAN ne mérite que ceux là, les autres il les oublie, les néglige.
Alors FANFAN se tourne à gauche et attend, serein, mais aucun n’ose l’affronter, Youssef n’est pas là aujourd’hui ; alors FANFAN se tourne à droite, toujours aussi calme et demande un adversaire digne de lui, digne de son rang et repousse les autres, les intrus, ceux qui voudraient le distraire, le pousser à la faute, le tromper.

S’il n’y en a qu’un, je serai celui là !
Lucas Lopez veut marquer de son empreinte le grand cocardier comme il su le faire avec Chicharito .
FANFAN le sait déjà, c’est lui, il sera le seul à vouloir l’affronter, s’élever à son niveau, se transcender . Alors les rasets seront comptés, calculés, millimétrés.
Le temps s’arrête, le départ est réfléchi ; la courbe doit être parfaite, rapide, le geste sûr, l’arrivée encore inconnue.
FANFAN l’a vu, et honore celui qui sait venir à lui.
Il se jette sur le raseteur aussi leste qu’un guépard sur sa proie, et menace de sa corne. Lucas comme pris au piège ne peut assurer son geste, la main trop hasardeuse cherche déjà une sortie, une issue de secours par une envolée, une échappatoire au delà des bois.
Un final violent, mais salvateur pour échapper à la pointe meurtrière .

  • Benhammou et d’autres raseteurs, s’y seront essayés une fois pour une arrivée également en catastrophe.
    Lucas, lui repartira au combat 2 fois, 3 fois toujours aussi courageux, toujours aussi téméraire .
    FANFAN en ressortira vainqueur à chaque fois.
    Le taureau du Pantaï retournera au toril porteur de son 2ème gland, bouche fermée, toujours aussi calme comme fier de sa domination, sous l’ovation d’un public debout et en musique.
    Cette musique de Bizet, on aurait souhaité l’entendre plus longtemps, ininterrompue dès le départ du raset, tellement l’homme et le taureau étaient dans les étoiles,hors du temps, sur les champs Elysées de la Bouvine.
    Mais le président de course [2], lui n’y était pas, et attendait sans doute comme souvent le coup de barrière pour enclencher le disque.

Le 1/4 d’heure de FANFAN fut si exceptionnel de courage, de beauté, de passion qu’il effaçe presque les bonnes prestations de MONTAGO de Lautier ,qui fut un cocardier sérieux ou de ESPIGAU bon 1er (sans Carmen ?) et CRAULEN de Chauvet délaissé au final par les tenues blanches.

Mais nous étions dans un autre temps.

Ô Temps suspends ton vol !

 AUDIO sur ce texte

[1Alphonse de Lamartine, Le Lac NdR.

[2Président de course : PAILLET André NdR