A 8 ans chaussé de sabots, alors qu’il attendait un veau le voilà face à face avec un biòu, un vrai, quelle frayeur, il veut décamper mais voilà qu’avec des sabots !!!!
Alors il s’enfuit pieds nus et s’en sort de justesse.
Mais voilà il ne faut surtout pas se dégonfler devant les copains et, à partir de là, partout où il y a des taureaux, il est aux premières, aux abrivado et surtout aux courses emboulées.

Ado il fait même quelques essais devant des vaches et taureaux jeunes lors de petites courses dans les fêtes votives, mais la guerre survient et en 1942, il doit partir en Allemagne pour le STO (1)

Ses débuts en course
Quand il revient à la fin de 1944, Paul Garric décide de revêtir la tenue blanche. La toute première fois il n’a pas choisi le plus simple il vient à Beaucaire en septembre.
Il n’y avait de ce temps là, ni école taurine, ni courses de protection, ni courses pour stagiaires et d’entrée il doit faire face à des raseteurs chevronnés, aguerris, à la concurrence des raseteurs avertis.

Il fait donc son apprentissage sur le tas, avec des hauts et des bas, plus de bas que des hauts, comme beaucoup, mais il persiste, il améliore son style, prend confiance doucement, réussit de temps en temps quelques coups de crochet et le soir fait la fête.
D’autres fois il part en tournée pour des spectacles taurins dans des arènes démontables aux quatre coins de la France et même de l’étranger.

Et c’est toujours la fête pour ce fils de forain, qui n’a jamais trop aimé avoir des tuiles sur la tête et après sa carrière il a vécu longtemps aux Saintes dans une caravane où il pêche un peu pour occuper sa retraite.

Sa carrière de raseteur :
Dans les années 50, Paul Garric devient cependant un bon raseteur et rivalise souvent avec les as du moment, Falomir, Douleau, Soler, Canto, San Juan, Lansac,
Il gagne le trophée des raseteurs en 1954 ( le groupe 2 de nos jours) et la cocarde rente Ricard en 1955.
Il termine 2e au au trophée des raseteurs en en 1955 derrière François Canto et 5e au trophée des as en 1956.

Il est certain que Garric aurait très bien pu obtenir un bien meilleur palmarès, tant il en avait les moyens, s’il n’avait été le voyageur que l’on sait.

Sa carrière de tourneur  :
En 1960 après 15 ans de raseteur, Garric décide d’abandonner le crochet et devient le tourneur de François Canto, puis de Soler, Rinaldi, César, et Emile Dumas qu’il propulse aux premiers rangs grâce a ses conseils éclairés, à son autorité et son efficacité dans l’art de placer le taureau dans les meilleures conditions pour le raseteurs.
Il sera ainsi pendant 16 ans un tourneur de grande qualité, il quittera la piste en 1976 à 54 ans.

Les blessures :
Revêtir pendant 31ans la tenue blanche apporte des joies et des jours de gloire, mais aussi malheureusement des jours de peine et de douleur .
_ Ainsi Paul Garric comptabilise 14 coupes de cornes plus ou moins graves évidemment, le plus souvent au bras ou à la main. La plus sérieuse lui à été infligée aux arènes de St Gilles par Carretié de Bilhau avec 3 coups de cornes à la poitrine jusqu’à la plèvre et à la cuisse.
Il se souvient aussi d’une rouste mémorable reçue par Vovo en pleine piste de Lunel en 1951.
Malgré ce, Garric, toujours optimiste dit ne pas avoir de mauvais souvenirs tant il a aimé et aime toujours la fête et les grandes ambiances des courses.

Lunel le 22 avril 1951.

Sorti du toril comme un boulet de canon, Vovo donna un énorme coup de barrière après le raseteur Dora.
Fidani eut droit au sien dans les mêmes conditions, et c’est alors que Garric, ne voulant pas être en reste, eut la malencontreuse idée de défier le taureau.
Vovo atteignit les planches en même temps que lui, sauta et bondit sur le malheureux raseteur qui n’avait pas eu le temps de s’enfuir. Fou de rage, il essaya de le transpercer avec ses cornes, mais n’y parvenant pas, il se mit à le piétiner férocement et, comble de la furie, lui arracha un morceau du cuir chevelu à l’aide de ses dents !

Garric ne dut son salut qu’à ses collègues qui le tirèrent par-dessous la barricade.
Voyant que son homme en blanc lui échappait, Vovo devint alors fou furieux. Il s’attaqua aux poteaux métalliques qui protégeaient la contre-piste, projetant ici et là des spectateurs qui n’avaient pas eu le temps de fuir.

Il n’y eut pas de catastrophe ce jour-là car les cornes du taureau étaient trop courtes et dépointées, mais la panique provoquée par Vovo fut indescriptible.

Source : http://torobravo.fr/