LE LANGUEDOC

7 - ESSOR URBAIN ET SOCIETÉ NOUVELLE.

Les cités Gallo-Romaines se développent, Nîmes, par exemple, en 1194-1200 se dote de remparts mais on ne voit pas encore se développer des faubourgs.

Des villes nouvelles apparaissent comme Saint Pons de Thomières ; Beaucaire et Alès (son nom apparaît au XII° siècle) et Montpellier avec l’essor des villes une société nouvelle se crée.

L’arrivée des populations est favorisée par des chartes des seigneurs qui accordent la liberté individuelle.
Cette société est rude, la vendetta [1] y règne, vers la fin du Xlle siècle apparut une forme de groupement constitué par les membres d’une même profession pour défendre les avantages reconnus par le seigneur.

De la masse se distingue un groupe plus restreint : les prud’hommes [2], plus fortunés que les autres qui composeront les corps municipaux naissants.
A leurs côtés on trouve des « chevaliers » urbains dont l’importance est un trait des pays du Languedoc ; ce sont les fils de la-noblesse des alentours qui reçoivent en fief une partie de l’enceinte.

Toutes les villes ont des communautés juives qui ne sont pas tenues complètement à l’écart, certains se convertissent et font carrière.
On trouve aussi quelques étrangers commerçants : Italiens et quelques Sarrazins.
La Société rurale connaît le servage qui disparaît dès le Xlle siècle. Les seigneuries sont quelquefois partagées en fractions minuscules, les seigneuries sont alors confiées à un Bayle [3] qui redistribue les revenus.

Comme en Provence les villes se donnent un consulat dès le Xlle siècle : en 1143 à Saint Gilles, 1 an après à Nîmes, en 1198 Raimond VI règle les modalités de l’élection des consuls.
Il y a quatre consuls de la cité élus au suffrage universel à 2 degrés.
Ils se joignent aux 4 consuls des chevaliers.
Les fonctions sont exercées par un collège.
La plupart des consulats sont étroitement soumis aux seigneurs.
Les villes s’ouvrent aux idées d’affranchissement.

8 - DE LA RÉFORME À L’HÉRESIE.

Les XI° et Xlle siècles furent considérés comme des siècles de réforme, la trêve de Dieu et la paix de Dieu sont étendues ; on lutte contre le mariage et la débauche des prêtres et on se fit restituer les biens de l’Eglise accaparés par les Laïques, ceci compléta la réforme « Grégorienne ».

Urbain II [4] traversa le Languedoc lorsqu’il prêcha la première croisade.

Entrée à Toulouse du pape Urbain II en 1096,

Vu au Capitole de Toulouse, salle des Illustres

Des ordres nouveaux apparaissent comme les Hospitaliers, les Templiers à Saint Gilles, Nîmes, Montpellier.
A la fin du Xie siècle des fondations atériennes apparurent.
Les fidèles sont mieux encadrés, la pratique est plus régulière, le pèlerinage se développe. La débauche, l’avarice, l’ignorance du clergé rencontrent moins d’indulgence.
L’hérésie rejette comme superstitions dénuées de fondement biblique, l’adoration de la croix, la communion. la messe, le culte de la vierge prouvant les détachements vis à vis des biens d’un monde corrompu et mauvais.

Dès la deuxième moitié du Xlle siècle l’hérésie se développe et ce n’est qu’au milieu du Xlle siècle qu’apparaît le catharisme, le Languedoc oriental est fort peu touché par l’hérésie, seule Béziers semble avoir eu quelques hérétiques.

Les Vaudois différents des Cathares cherchaient dans le dénuement volontaire la voie vers Dieu, ses attaques contre le Clergé firent déclarer comme hérétique son fondateur le Lyonnais Pierre VALDIS.
On les retrouve dans la région de Narbonne.

9 - LES NOUVELLES FORCES POLITIQUES.

Raimond IV de St Gilles [5], né en 1040 du Comte de Toulouse et d’Almodis de la Marche constitua une principauté comprenant une partie de l’évêché de Nîmes, l’abbaye de Saint Gilles, le château de Tarascon et la terre d’Argence, le bas Languedoc, le Rouergue et le Gévaudan et des droits en Provence.
Il fit preuve d’autorité et ébaucha l’administration tandis que le seigneur de Trencavel vicomte de Béziers, Nîmes, Albi et d’Agde forme une puissance au sein du Languedoc.

Raymond IV comte de Toulouse.

Salle des croisades, Versailles.

Raimond soutint l’Église dans sa principauté et participe à la première croisade où il mourut (1105).
Pendant un certain temps le Languedoc privé de son seigneur vit les seigneurs de second rang s’émanciper. Les consulats apparaissent, en outre le Languedoc participe à toutes les grandes questions Européennes. Il est aussi convoité par le Capétien Louis VII.
Et c’est dans ces conditions que Raimond V essaya (1148-1194) de rétablir son autorité.
Louis VII [6] perdit toute son autorité.
La menace de la croisade contre les Cathares qui plane sur le Languedoc lui permet de rétablir une certaine autorité sur les seigneurs. Il entreprit d’administrer ses terres.
Mais un historien, Emile-Guillaume Léonard [7], a qualifié sa domination de « Fédération au sein de laquelle les Comtés de Mauguio et de Nîmes, le pays de St Gilles et le marquisat de Provence ont à côté du Comté de Toulouse une vie pas très indépendante ».

Son successeur Raimond VI hérite d’une succession difficile, hérésie, fidélité à l’église, sujets indisciplinés et menaces extérieures, telle que la croisade qui n’est que remise.

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[1 vendetta  : désigne dans les sociétés claniques de la région méditerranéenne, la vengeance d’un meurtre (ou d’une simple offense) qui implique par obligation de solidarité tous les parents et alliés jusqu’à un certain degré de parenté ou d’alliance.

[2prud’hommes : de l’ancien français prodome, composé de preux et de homme .
évolution : du sens de « homme vaillant, preux, type du parfait chevalier » à « homme de mérite, qui fait preuve de sentiments nobles » et « homme sage, avisé, d’expérience, reconnu compétent dans un domaine et pouvant être considéré comme un expert à ce titre ».

[3le bayle, baylie, bailli, était l’agent de l’autorité seigneuriale chargé des affaires administratives et judiciaires.
C’était un officier d’épée, ou de robe, qui rendait la justice au nom du roi ou d’un seigneur.

[4Eudes de Châtillon ou Odon de Lagery est le 159ème pape de l’Église catholique sous le nom d’Urbain II (1088-1099).
Il est à l’origine de la première croisade en lançant, le 27 novembre 1095, l’appel de Clermont qui en sera le déclencheur.

[5Raymond IV : (ou VI) de Toulouse, mieux connu sous le nom de Raymond de Saint-Gilles (vers 1042-1105), est :
un comte de Saint-Gilles (1060-1105),
duc de Narbonne,
marquis de Gothie,
comte de Rouergue (1065-1105),
marquis de Provence (vers 1085-1105),
comte de Toulouse (1094-1105)
et
comte de Tripoli (de 1102 à 1105, sous le nom de Raymond Ier).

[6Louis VII : dit « le Jeune  » puis « le Pieux », né en 1120 et mort en 1180 à Paris, est roi des Francs de 1137 à 1180

[7

Émile-Guillaume Léonard : né le 20 juillet 1891 à Aubais (Gard) et mort de 11 décembre 1961 à Saint-Cloud, est un historien français, directeur d’études à l’École pratique des hautes études et spécialiste de l’histoire du protestantisme.