ASSOCIATION TAURINE CAMARINA
BEAUCAIRE LE 18.11.2011

Joël Linsolas aux "Prestiges" 2010 à Baillargues

"Prestiges" 2010

(...) qu’on peut traduire par « jolie grotte » et qui laisse à penser que la vie animale comme celle des humains, ne doit pas dater d’hier, dans cet espace reculé.
Ici, c’est la fourmilière autour de Sylvie dans la grande salle de réception, Guillaume le fils a des visiteurs, et Joël le pélot arrive des prés les bottes chargées de boue.

La journée ordinaire d’une manade qui s’éveille et qui vit. Je suis aux Baumelles chez GARLAN Bioù d’OR 2011 et chez Joël LINSOLAS manadier heureux et enfin apaisé.

Apaisé vous dites ?
Presque apaisé serait plus adapté car un sentiment d’injustice tenaille cet homme. Depuis l’échec de MICHOU en 2002 face à VIRAT mais surtout de RODIN en 2009 face à PASTEUR, le goût de la défaite le laisse comme marqué au fer rouge au plus profond de son être.

Il me dit : «  Après une saison pareille, complète, dominatrice de bout en bout, on se demande ce que RODIN aurait pu faire de plus pour obtenir le Biòu d’OR 2009. Un taureau cela se juge sur une saison complète, pas sur un tiers ou un quart d’année !  ».

Cher Joël, je me souviens d’une discussion avec Yves Bouniol alors Président de la commission du Biòu d’Or, et cela en octobre 1987 à Lunel au sortir d’une élection déjà houleuse.
Cet homme d’une grande courtoisie m’avait dit textuellement :

" Cher Monsieur, vous voulez des réformes, plus de transparence, une autre méthode de vote.
Je vous entends très bien.
Mais vous oubliez un fait qui n’est pas un détail : il s’agit d’un Trophée PRIVE et notre direction ne souhaite pas d’évolution
".

25 ans après, ces propos sont d’une actualité incroyable car il n’y a toujours pas d’évolution. Et les manadiers n’ont pas fini de soupirer, vociférer parfois, et en final faire avec faute de mieux.

Mais trêve d’états d’âme en cette année 2011 et parlons un peu de vous, du passionné de chevaux et taureaux depuis l’origine.
En 1960, vous travaillez chez Mr Charles Guillaume qui avait une promenade à cheval et votre jeunesse est marquée par les prestations du FOURMIGO de Ricard, un croisé du genre démolisseur.

Vous montez chez Aubanel et ce contact chevaux/ taureaux vous n’allez plus le perdre.
Vous gérez le Café Boisset, rendez–vous incontournable de l’afecioun saintoise.
En 1985 une opportunité se dessine : Denys Colomb vend sa manade et vous parvenez à récupérer le bail donnant accès aux 400 ha de pâturages et de marais communaux.
C’est le début de l’aventure.

Une brève association avec Riri CAUSAN et vous fondez la manade des PALUNS jusqu’en 1992 où vous vous séparez bons amis sûrement, avec la furieuse envie de gérer votre cheptel comme vous l’entendez.

La manade des Baumelles est née composée de toutes les vaches et anoubles origine Denys Colomb, et Mailhan auxquelles vous allez joindre des Saumade.

Mais vous le savez, la vie est faite parfois de hasards fabuleux.
En 1993 à Mouriès TRISTAN de Saumade se fait crever l’œil. Pour le soigner et le remettre en état Claude Saumade décide de vous le confier, certain qu’il sera au calme au milieu des vaches, et en échange vous autorise à vous en servir en tant qu’étalon.
Un coup du sort incroyable car en suivant, tout le cheptel va être irrigué par le sang de ce grand étalon, père de MICHOU et RHODANIEN, grand père de RODIN , MARICO et GARLAN pour ne parler que des plus grands.

MICHOU parlons en. Sans doute le plus complet des trois car il avait tout : le placement, l’anticipation et une finition violente voire brutale.

Lunel - 9 Avril 2007

Photo Thierry Chatel
11 mai 2003 à Sommières-Michou - David Messeguer

Sabri Allouani : la dernière ! Lunel 13 novembre 2010

RODIN est un monument de noblesse qui n’a peut-être jamais refusé un raset, qui aurait pu être un taureau historique avec un brin de méchanceté en plus.

Vauvert, Dimanche 25 Avril 2010

16 Mai 2010, Nîmes - Trophée Jean Lafont

GARLAN enfin, meilleur taureau de la Palme d’Or et Biòu d’Or 2011 est encore différent.

Lunel, le 17 avril 2011

Un placement hors norme. Dans une piste ovale il sait utiliser l’endroit le plus compliqué pour les hommes, à Beaucaire, Arles, ou Château c’est à droite du toril. Doté d’une grande anticipation il est de suite arrivé aux planches. Dans une piste ronde comme Lunel ou les Saintes, c’est un vrai danger car sa grosse anticipation rejette l’homme vers le centre et la barrière est alors très très loin.
De plus c’est un malin qui laisse l’homme prendre confiance pour mieux l’épingler comme Moutet en octobre à Lunel ou Chekade en avril toujours à Lunel.
Amin a fait trois rasets de grande classe avant de se faire prendre pleine piste au quatrième, sans doute trop confiant.
Enfin et surtout il n’est pas possible de s’appuyer sur la tête du taureau pour se dégager, car il est doté d’un coup de tête très sec, Schuller l’a appris à ses dépends en septembre 2009.

Chers amis, dans une période où les hommes sont physiquement tellement au-dessus des taureaux, il est bon, il est rassurant de voir sortir un taureau qui se tient et apporte du danger.

En piste, la course du taureau devient une équation et il faut la résoudre. Il y a de la tension, de l’émotion, on sait qu’à tout moment il peut se passer quelque chose. Voir une équipe entière de raseteurs tirer des plans pour essayer de passer, poster deux voire trois tourneurs, et malgré çà se retrouver en grand danger, est un spectacle de très haut niveau.

GARLAN en cette année 2011 a fait huit courses. Méjanes, Lunel deux fois, Sommières, Beaucaire, Grau du Roi, Chateaurenard, Arles. Il a réussi six courses de très haut niveau, une d’un bon niveau et une à Château plus en retrait. Il a été présent dans tous les grands rendez-vous, n’a négligé aucune grande piste.
Le Biòu d’Or n’a pas été un cadeau mais une évidence.

Pourtant je voudrais passer un message à tous ceux qui croient que les choses sont dues : GARLAN en mars 2007 s’est fait en pays une fracture du boulet arrière. Il est resté quinze mois sans courir. On peut dire que son triomphe actuel n’a tenu qu’à un fil et que triomphe et catastrophe sont parfois bien voisins.

Cher Joël, comment terminer cette soirée sans parler de « l’homme qui parle à l’oreille de ses taureaux » !
Vous m’avez dit :
_ » Moi je participe depuis les barrières à la course de mon taureau. Il en a besoin, je parle avec lui. Il me voit, Il lève la tête, dresse les oreilles, attend que je le siffle pour se déplacer.
GARLAN par exemple à Lunel quand il a pris Chekade, est devenu comme fou, incontrôlé. Alors je lui ai parlé, fait entendre ma voix et j’ai vu que le taureau était apaisé, rassuré.
Un animal, comme un être humain a besoin de repères, et ses repères c’est ce qu’il a l’habitude de voir ou d’entendre. Sans doute certains croiront que je suis fou, mais cette communion avec mon taureau est bien réelle
 »

Chers amis camariniens, cela fait dix sept ans que nous recevons des manadiers. Il est sûr que vous avez devant vous un des plus attachants.

Je vous demande de faire un triomphe à Monsieur Joël LINSOLAS.

Bernard DUMARCHER

Finale de l’Avenir, Les Saintes 4 octobre 2009