1992 : Doyen des gardians salariés et président d’honneur de leur amicale.
Justin Bonnafoux était né le 30 juillet 1897 au mas de la Dame sur la commune des Baux de Provence, qu’il a quitté a l’âge de 3 ans pour Eyragues.

Il a commencé son apprentissage de gardian a l’âge de 14/15 ans chez Cyprien Saurel avant la grande guerre, à l’époque où on gardait à bâton planté * et où on conduisait à cheval les taureaux par drailles et chemins jusqu’aux arènes parfois éloignés des pâturages.

Cette dernière terminée, c’est le retour au pays et le voilà bientôt chez la manade Viret * qui élevait des croisés renommés tel Valdemore  [1] et, en 1922, Justin est gardian professionnel.

Bonnafoux avec Baroncelli

Gros progrès : les animaux étaient transportés en char, mais ce dernier était tiré par des chevaux.
L’essentiel de son métier lui est instruit par le gardian Louis Bérard, chez Saurel, qui le lui a appris.

Il passe ensuite chez Féraud, maire de Fos, puis chez Augustin Lescot au mas du Laget et de l’Hôpital.
En 1935, une étape importante dans sa vie de gardian : Le Marquis de Baroncelli fait appel à lui pour s’occuper de sa manade fort réputée à cette époque et dont la royale des royales drainait les foules, juste avant et pendant la seconde guerre mondiale avec :

  • Bernissois,
  • Cabussaïre,
  • Cinq Francs,
  • Brun,
  • Lebrau
    et
  • Félibre.
    Les temps étaient difficiles et il fallait se faire accepter en Languedoc où les gardians Provençaux n’étaient pas admis volontiers.

Mais la grande époque de Justin fut de 1944 à 1962.
Pendant 18 ans sa présence dans une manade créée récemment, celle de Paul Laurent, aux Marquises, dont le premier cocardier à se faire un nom a été Sangar, Vovo d’Aubanel va joindre les pâturages à l’âge de trois ans et sera le géniteur d’une longue et brillante lignée, la devise verte, blanche et rouge va connaître des jours de gloire :

  • Tigre 2 biòus d’or,
  • Loustic trois,
  • Béchet,
  • Gaby trop tôt disparu,
  • Vovo doux en pays et déchaîné en piste.

Justin Bonnafoux a formé des cavaliers qui depuis ont fait leur chemin, Henry Laurent, Guitou Lapeyre.

Justin, à la forte personnalité et au caractère parfois difficile, n’était pas toujours tendre envers les raseteurs, et surtout des tourneurs ou des journalistes.

Après un bref séjour chez Chauvet-Chapelle il prend sa retraite à Maussane dans les Alpilles avec son épouse, à la « Retirado d’un gardian » où il a passé des jours heureux sans se couper du monde des taureaux, allant, ou sur la fin se faisant transporter, aux arènes pour suivre les cocardiers et surtout ceux de la marque qui était resté chère a son cœur, celle de Paul Laurent, et tout ceci jusqu’à ces dernières années, où il ne sortait plus guère.
Il s’est éteint dans sa 95e année.

Il restera une grande figure de ces anciens gardians qui lui ont consacré toute leur vie, une rude vie aux taureaux.
Adieu Justin !

Ses obsèques ont eu lieu le 30 janvier 1992 à Maussane.
Ses frères gardians ont porté son cercueil sur leurs épaules, et au cimetière, leur président Jean Pierre Durieu lui a rendu un hommage bien mérité.
Henri Aubanel qui fut un de ses « pelots » était présent.

LEBRAU.

[1Taureau marquant de SAUREL Pierre, le Panard *