« Il est indubitable que, dans le temps que le Roi Pépin, se rendit maître du Bas-Languedoc et en particulier de la ville de Nismes, le terrain entouré du bâtiment des arènes était rempli de maisons. Tout le reste de la ville était détruit, il ne restoit plus que cette petite ville. Les maisons des arènes étoient donc bâties avant que avant que la domination de nos rois fût établi dans ce pays. Or, on peut penser que le Roi Pepin, en se rendant maître de la ville, par la soumission volontaire des ses habitants, devint propriétaire des maisons qui étoient entourées du bâtiment des Arènes ? Il s’en suivroit que le Roi, qui a conquis tant de places fortes, est maître de toutes leurs habitations, quelles peuvent êtres considérées comme bâties sur son terrain et, par conséquent, sujettes au droit de confirmation ».

« Enfin si, mille ans de possession paisible ne sont pas un titre suffisant, il ne peut y avoir rien d’assuré dans le monde, ni aucun bien du royaume que le directeur ne puisse soumettre à son droit de confirmation ».
Mais en outre ces mille ans de possession, il a une titre respectable, par lequel Louis VIII a reconnu qu’il n’avoit aucun droit sur les maisons dont il s’agit : ce sont les lettres écrites par lui, en 1226, aux habitants des arènes, comme il a été dit ci-dessus.

J’avoue que je préfère à cette dissertation un peu spéciale et tourmentée la délibération du conseil de ville, en date du 13 août 1741, qui proteste simplement contre l’application du droit de confirmation parce qu’il n’est dû que pour les processions que l’on tient du Roi, et parce que l’amphithéâtre de Nimes, ayant été bâti au dépens de la communauté dans le temps quelle était soumise aux empereurs, conformément au droit Romain, il est sa propriété. Un arrêt du parlement de Toulouse de 1767, concernant la fermeture des ouvertures des maisons à l’extérieur, la démarche du conseil demandant au roi et aux états une subvention pour la démolition générale de toutes les habitations et les termes dans lesquels elle lui est accordée, ce fait significatif que sur la réclamation des commissaires du diocèse, les droits du Roi furent sauvegardés dans l’expropriation pour une somme de 4465 livres ; cette particularité qu’une parcelle du sol, située dans le cirque et non bâtie, fut achetée pour sa valeur a son propriétaire, et enfin les arrêtés du directoire du Gard, sous la période révolutionnaire, prouvent clairement que le droit de propriété ne fut jamais contesté à la ville. Ce n’est que sous le régime impérial que nous verrons surgir une nouvelle théorie et s’établir la situation mal définie qui nous régit aujourd’hui et que j’examinerai à son ordre chronologique.
Quelle fut la suite du mémoire de Bargeton et de la requête de la ville au sujet du droit de confirmation ? Je l’ignore, mais il est permis de croire qu’avec les lenteurs administratives (3) la question traina en longueur jusqu’à l’arrêt du conseil d’état ordonnant le déblaiement de l’amphithéâtre.

Ce projet de restauration était ancien. François 1er, frappé par la beauté de l’édifice, y avait songé et le don qui lui fut fait par la ville d’un modèle de l’amphithéâtre en argent, avait peut être pour but de l’intéresser à sa reconstruction.

Portfolio