Arènes "Paul Laurent" de Beaucaire
Plaque commémorative placée sous le passage d’accès

LA DOUBLE QUALITÉ

L.B. - Qu’est-ce qu’un grand taureau ?
M.G. - « Celui qui réunit la double qualité de couper le terrain et de finir à la barrière ».

L.B. - Et que dire de celui qui remplit les arènes pendant 3 ou 4 saisons et même davantage
M.G. - « Pas de doute, il s’agit d’un grand taureau. Ce fut le cas de GOYA. Le taureau qui remplit les arènes représente quelque chose dans la vie taurine camarguaise ».

L.B. - Vous êtes un supporter de la devise rouge et verte.
M.G. - « On le dit.
J’ai toujours aimé cette race de taureaux.
Pour moi, la course libre n’est pas la finition du raset, c’est le début. Je préfère les taureaux qui empêchent l’homme de passer à ceux qui terminent à la barrière et se font mal ».

L.B. - Les querelles entre aficionados qui préfèrent tel ou tel raseteur, les taureaux classiques ou les taureaux spectaculaires, sont-elles nécessaires ?
M.G. - « Cela permet la discussion. Si tout le monde était du même avis, ce serait triste, monotone ».

L.B. - Qu’est-ce qu’un aficionado ?
M.G. - « Quelqu’un qui après avoir entendu parler son entourage a besoin de voir le spectacle taurin, de le prendre au sérieux et d’y prendre plaisir.
Ainsi se transmet à travers les âges, la tradition du taureau ».

L.B. - Vous êtes aussi un amateur de corrida ?
M.G. - « Oui, mais la corrida d’aujourd’hui est trop touristique.
Je suis venu de Dijon pour assister à une MIURADA à Béziers. Je regrette que les arènes de Nîmes ne présentent pas une corrida de MIURA.
Le torero qui a vu un MIURA en face de lui mérite le respect.

L.B. - Venons-en à des problèmes d’actualité. Comment sont nommés les membres de la Commission du Trophée ?
M.G. - « La Commission a été formée sous l’égide de M. TRIAIRE, ex-Président de la Fédération.
Les membres, au nombre de 30, sont pour moitié des Provençaux, pour moitié des Languedociens.
Ils sont nommés à vie.

L.B. - Il est regrettable que certains membres n’assistent pas aux courses.
M.G. - « Il est vrai que certains membres ne suivent pas toutes les courses mais ils en suivent une grande majorité ».

L.B. - L’opinion publique vous reproche aussi d’être l’homme qui désigne le Biòu d’Or, ou tout au moins, qui influence la plupart des autres membres.
M.G. - « On me le reproche et pourtant je n’y suis pour rien.
Je suis le seul à ne jamais parler du Biòu d’Or avant sa désignation. Mais ce reproche n’est pas nouveau.
Le manadier Jacques RAYNAUD pensait déjà, il y a quelques années, que je modifiais le vote.
Il continue d’ailleurs à me bouder ».

ON DEMANDE BEAUCOUP A LA VEDETTE

L.B. - Comment est désigné le Biou d’Or ?
M.G. - « Chaque membre vote de chez soi sous double enveloppe.
Une enveloppe où se trouve le bulletin et une enveloppe pour la correspondance adressée au domicile de M. BOUNIOL, Président de la Commission.
Les enveloppes sont ouvertes le jour fixé, en général, le matin de la finale du Trophée de l’Avenir.
Le dépouillement est public.
Le taureau qui recueille le plus de voix l’emporte. Cette année, le dépouillement aura lieu le dimanche 3 Octobre (1982 NdR) au matin dans la salle de restaurant Le Robinson à Beaucaire.

L.B. - Vous n’êtes pas toujours « tendre » avec CHOMEL.
M.G. - « On demande beaucoup à la vedette.
Je n’ai pas été « tendre » avec Julien REY que je mène aujourd’hui aux courses en voiture. Il m’a même menacé à l’époque.
Pour en revenir à CHOMEL, nul ne conteste sa classe extraordinaire. Il a tant de classe qu’en le regardant, raseter semble facile ».

L.B.- Pour ou contre une règlementation de la Course Camarguaise ?
M.G. - « Pour.
Mais je souhaite ’seulement un minimum de règlementation.
D’ailleurs, je continue à l’appeler course libre. Il faut qu’elle conserve sa liberté, son caractère bohème et ne pas l’enserrer dans des règlements qui lui enlèveraient beaucoup de sa spécificité.
Je suis partisan d’une prochaine modification de certains règlements, mais à la commission du Trophée, nous ne voulons pas l’imposer.

Cette modification pourrait se faire ainsi :
Les courses du Trophée de l’Avenir seraient rasetées uniquement par les raseteurs inscrits au Trophée de l’Avenir et les courses du Trophée des As par des raseteurs du Trophée des As ».

L.B. - Cela semble difficile. Notamment au niveau des taureaux classés pour les As. Reconnaissez que certains taureaux n’ont pas leur place dans ce classement.
M.G. . - « Nous avons, cette saison, diminué le nombre de taureaux classés.
C’est encore insuffisant et ce problème est délicat à résoudre.
Les organisateurs ne sont pas exempts de reproches. Ils veulent à tout prix organiser des courses pour les As ».
Ils mettent aussi les jeunes raseteurs qui ont des qualités à toutes les sauces. Il serait préférable de laisser ces jeunes raseteurs au Trophée de l’Avenir. Cela permettrait d’assister à des courses plus intéressantes ».

L.B. - Thierry CAUSSE avait sa place chez les « As ».
M.G. - « Si CAUSSE avait suivi les courses du Trophée de l’Avenir, il serait probablement en tête.
En début de saison, il arrivait du Service Militaire et nous avons pensé qu’il était encore prématuré de le classer chez les « As ».

L.B. - En cours de saison, CAUSSE a demandé son changement de catégorie.
M.G. - « Il ne m’en a jamais parlé. Ni lui, ni personne. Mais son cas est significatif.
Il est primordial de réactualiser le Trophée de l’Avenir et avec davantage de moyens de créer un troisième Trophée (le Trophée des Raseteurs) intermédiaire entre celui des As et celui de l’Avenir ».

L.B. - Cela ferait beaucoup de Trophées.
M.G. - « C’est vrai. Il y a des Trophées partout.
Le Trophée des As a fait école. Tous les dimanches, il y a des arlésiennes, des gardians, des remises de prix.
Trop c’est trop.
Mais en cherchant bien, on doit trouver des solutions, des améliorations ».

IL FAUT AVANT TOUT AIMER LES TAUREAUX ET LES DEFENDRE

L.B. - En quelques mots, comment définiriez-vous la course camarguaise ?
M.G. - « Une tradition très bien ancrée qui soulève des passions ».

L.B.- L’avenir de la tauromachie ?
M.G. - « Nous sommes assez forts dans le Midi pour la défendre.
La Course Camarguaise a encore de beaux jours devant elle.
Nous sommes tous ravis de voir des arènes combles. Quand un organisateur dit aux candidats spectateurs : « Il n’y a plus de place », comme ce fut le cas à St Martin de Crau le 29 Août de cette année, cela fait plaisir ».

L.B. - Avez-vous des regrets ?
M.G. - « Non. Sinon que je regrette parfois de n’avoir pas la patience d’écrire un livre sur la tauromachie ».

L.B. - On vous chahute quelquefois à la sortie des arènes. Comment réagissez-vous ?
M.G. - « Cela ne me touche pas. J’ai entendu de tout.
Quand je sors d’une arène, je prends ma voiture, je rentre et j’écris mon commentaire en donnant mon idée sur la course ».

L.B. - Que souhaitez-vous à la course camarguaise lors de ces 10 prochaines années ?
M.G. - « Je souhaite voir arriver un taureau de grande envergure. Un taureau qui ait autant de personnalité que les 6 cités tout à l’heure ».

L.B. - Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qu’ils soient raseteurs, manadiers, gardians, aficionados ou révisteros ?
M.G. - « Un seul.
Peu importe leurs idées et leur conception de la tauromachie. Avant tout, il faut aimer les taureaux et les défendre »

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