La Politesse Provençale - années 1935 - (1/11)
Extrait de « Souto la tiare d’Avignoun », récits papalins et Camarguais, parus en 1935.
A table
"Les sauvages Camarguais, les Saintins, — presque perdus au fond de la grande île, - les Gardians surtout, et les habitants (réputés pour leur caractère farouche et libre) des côteaux du Languedoc entre Lunel, Aigues-Mortes et Saint-Gilles, observent encore des coutumes absolument spéciales et qui, pour être à l’inverse de celles de Paris, n’en constituent pas moins une étiquette véritable."
"Dans tout le Midi, contrairement à la mode française, on commence le repas par la salade et par les figues fraîches.
Les olives sont mangées au dessert.
En Camargue, mais surtout dans le Languedoc tauromachique, pour honorer beaucoup des invités, il faut, suivant l’étiquette gardiane, après un dîner complet et le dessert, apporter à chacun un petit verre d’eau-de-vie.
Une fois l’eau-de-vie dégustée, on place sur la table un nouveau repas entier : bouillabaisse, charcuterie, volaille, sauces, levraut, brandade, crème et dessert, et ne pas reprendre de tout serait, pour le convive, un manque grave de courtoisie vis-à-vis de son hôte.
Si un homme ferme son couteau au milieu du repas, c’est qu’il se tient pour grandement offensé ou que lui-même veut faire un affront à la tablée."