La Fédération Française des Sociétés Taurines [2], section courses camarguaises, aux destinées de laquelle préside Maître Lacroix, s’inquiétait, depuis déjà quelques temps, de faire reconnaître la course camarguaise comme activité sportive, à l’instar de la course landaise dont la reconnaissance dans cette discipline est acquise depuis déjà pas mal de temps (1973, NdR).

Cette idée, émise en 1974 pour la première fois, s’est vue grandement fortifiée lors du Congrès de Mouriès, adoptée ensuite par toutes les parties prenantes de la course camarguaise.
Les statuts de la nouvelle Fédération sportive ont été rédigés, à la veille des vacances, en vue de sa reconnaissance et de son admission au sein des grandes fédérations sportives.

Le long cheminement de cette idée a été favorisé par Maître Lacroix et les responsables de la Fédération, ainsi que par Monsieur Marcel Mailhan, Président de l’Association des Manadiers, qui a su prendre des contacts utiles.

Tout a été mené avec brio, peut-être facilité par la situation de fait quant à la Fédération de la course landaise qui a été reconnue Fédération sportive en 1973, à la grande satisfaction de son président M. Milles-Lacroix.
Cette fédération avait entrepris son action en 1951. Il lui a donc fallu 22 ans pour aboutir.

La Fédération de la Course Camarguaise aura moins attendu, bénéficiant ainsi d’un précédent et d’actions bien menées.
Un premier résultat positif permettant d’augurer d’un heureux dénouement a été acquis au Crès, le jeudi 27 novembre 1975, [3] par une phrase toute simple dite par Monsieur Pierre MAZEAU, s’adressant au Président des Gardians : « Monsieur Mailhan, vous avez satisfaction ».

Cette phrase, quasiment historique, a été prononcée par le Ministre au sortir de sa voiture, au manadier qui, à cheval et trident à la main, faisait la haie d’honneur avec les gardians.

Ainsi, Monsieur le Ministre a donné son agrément, la course camarguaise a désormais devant elle de nouvelles possibilités qui vont permettre de la sauvegarder et de favoriser son expansion.
Beaucoup ne voient pas encore la portée de cette décision.

Monsieur Pierre Mazeau est secrétaire d’État, chargé de la Jeunesse et des Sports, auprès de Monsieur le Ministre de la Qualité de la Vie.
Il a agi de concert avec M. Chirac, premier Ministre, qui connaît bien la Camargue et la tauromachie camarguaise.

Il est venu dans la région pour annoncer diverses bonnes nouvelles dont celle qui nous intéresse. Au Crès, il a été reçu à la Mairie par le Maire, M. QUET. A l’issue de l’inauguration du gymnase a été décoré.

Pierre Mazeau a vécu au Crès, petite ville de la banlieue montpelliéraine, quelques heures de bouvine qu’il a déclaré merveilleuses.

En effet, après sa réception devant la Mairie, avec les gardians, il a assisté à une course au cours de laquelle deux cocardiers de LAURENT : CHARRON et FLUX ont été rasetés par Xavier Ruas, Roumajon, Valat, Maurice Siméon et Mallet.

Le ministre eut ainsi une démonstration du déroulement d’une course ce qui lui permit de juger des dons sportifs qui doivent posséder les raseteurs qui frôlent le danger à tous moments.

A l’issue de cette course, monsieur Mazeau a déclaré :

  • « Bien que j’ai vu quelque peu rapidement ce qu’était la course camarguaise, je puis vous affirmer que je me suis rendu compte que ceux qui y participent sont de vrais sportifs ».

Nous avons noté, à cette manifestation, en sus des personnes déjà nommées :
MM. 

  • Deniaud, secrétaire d’État à l’Agriculture,
  • Couveinhes, conseiller général, Maire de la Grande Motte,
  • Mademoiselle Fanfonne Guillierme,
  • Magali Saurel épouse Dunant, gardienne de l’ordre de la confrérie des Gardians de Saint Georges,
  • Paul et Henri Laurent,
  • Rouquette,
  • Janin
  • Monnier
    etc...

La reconnaissance de la course camarguaise comme activité sportive est donc acquise. Il ne manque plus que l’arrêté ministériel qui ne devrait pas tarder à arriver.

La course camarguaise est donc à un grand tournant de son histoire.
Elle bénéficiera des avantages réservés aux Fédérations sportives.

Les clubs taurins seront assimilés aux clubs sportifs et, par exemple, paieront des taxes moins lourdes, les raseteurs devenus sportifs seront assurés convenablement et les blessures et accidents, même graves, n’auront pas (sur le plan financier) de conséquences dramatiques pour eux et leur famille.

Bien d’autres avantages découleront de cette reconnaissance. Nous les découvrirons rapidement lorsque l’affaire sera lancée.

[1Lucien André, avec Jacque Malaval, était co-directeur du Camariguo, revue de la Camargue.

[2"Sociétés Taurines" alias Clubs Taurins

[3Valéry GISCARD D’ESTAING a été président de la République Française de 1974 à 1981