Les voitures enguirlandées, avec leur chargement de jeunes gens robustes et gais, de jeunes files alertes et jolies. Les cavaliers montés fièrement sur leur petit Camargue forment le cortège qui vient vers les Saintes. Tout ce monde est gai et rit, plaisante, badine. On s’interpelle d’une voiture à l’autre, on se parle, on se reconnaît. Ce sont des interminables cris de joie, des rires clairs et sonores.
C’est une grande fête en Camargue aujourd’hui, c’est la ferrade !
On a choisi pour la ferrade un grand espace bien uni. Pas de tamaris, pas de mauvaises broussailles. Les voitures, qui arrivent par centaines, forment l’arène où va se faire le jeu. Les chevaux mis à l’abri, on tourne les bêtes l’extérieur de la piste, les arrivants prennent place, s’installent sur des coussins, des planches, des couvertures, des manteaux, c’est le déjeuner, toujours copieux, bien arrosé par des vins fins. Les bouteilles circulent de groupes en groupes, chacun aura chaud au cœur tout à l’heure, au moment de l’ouvrage.
Les valets arrivent, ils creusent un foyer et avec du bois mort ramassé dans la plaine, ils allument le feu, les enseignent et les empreintes du maître sont apportées. La marque va rougir, tout est prêt, on attend maintenant les garçons qui vont amener la manade.
Ils arrivent, fier sur leur petite monture, le chapeau a large bord bien planté sur leur tête, la taille serrée dans une large ceinture de laine rouge, la chemise aux couleurs chatoyantes, la cravate flottant au vent, le pantalon de peau de taupe, le trident à la main, les cavaliers arrivent, ils poussent devant eux toute la manade, et les rassemblent à 4 ou 50 mètres des voitures, les chevaux se cabrent, hennissent, ils voudraient commencer déjà.
Les taureaux effrayés, s’arrêtent, tous regardent du côté de la foule, les génisses, qui ont compris ce qui va se passer, recommandent à leur veaux de ne pas s’éloigner, c’est égal tout est prêt, la ferrade commence