1921/1938

Première manade (1921/ 1925) :

Laurent Mistral surnommé " Lou Bon Diéu de Canebe " fut d’abord gardien du phare de Faraman et jardinier du château de Faraman de mars 1903 à la fin de l’année 1905, puis agriculteur, mais sa grande passion le fit devenir aussi manadier.
1921 - Il achète une vingtaine de bêtes à monsieur Noble de Châteaurenard et par la suite, des vaches et taureaux de la société Péchiney des Salins-de-Giraud. Pour la plupart, ce sont des croisés espagnols.
Sa devise : Blanc et Violet, l’escoussure : à l’oreille gauche un " L " qui représente l’initiale de son prénom.
1922 - Laurent fait l’acquisition d’un char hippomobile et installe les bêtes sur les terres de la Palissade, en face de Port-Saint-Louis-du-Rhône.
Les bayles gardians : monsieur Justin Peyrol, du Sambuc devient son bayle gardian pour la Palissade, monsieur Elie Viguier, de Châteaurenard, aidé par I’Eyraguais monsieur Henri Ventajol pour Eyragues.
Les bêtes participent à des courses de taureaux et aux " bourgino " organisées à Eyragues pour les quatre fêtes et sortent trois fois à Châteaurenard.
1923 - Le manadier vend un lot de six bêtes qu’il accompagne outremer à Casablanca, au Maroc (déjà, à cette époque, il n’était pas rare de voyager et de s’exporter) et bien sur, toujours les sorties pour les fétes d’Eyragues et Chàteaurenard.
1924 - Participation à Arles à un concours de dix manades avec Lou Grand Pavoun qui sort en dernière position et accroche assez sérieusement le raseteur Benoit.
Courses aux Salins-de-Giraud, Châteaurenard, Eyragues et Beaucaire.

Manade Mistral - 1925

_ 1925 - monsieur Mistral devient le directeur des arènes de Bagatelle, dans l’île de la Barthelasse, à Avignon. Les sorties se multiplient dans ce plan où sont organisées cinq ou six courses et toujours, Eyragues et Chàteaurenard auxquels s’ajoute Cabannes en octobre.
Le 12 juillet le manadier accueille à la Palissade, les membres de la Société Félibréenne des Salins-de-Giraud pour une journée champêtre. Pour le remercier une affiche en lengo nostro lui est offerte, signée par Charles Naudot, Pellegrin et Lautier.
Sa double activité de manadier et agriculteur pose des problèmes à Laurent et c’est la mort dans l’âme que, fin 1925, il vend son élevage à monsieur Augustin Féraud de Fos-sur-Mer.

Seconde manade " 1927/ 1938" :

La fe ne le quitte pas.
1927 - Il achète des bêtes à messieurs Courtin de Beauvoisin, Cyprien Saurel, Marc Rouvillain, Yonnet fils, Albert Lescot, Louis Robert. Dans le lot de vaches acquises auprès de Robert, une doublenco se fait remarquer, elle charge tout ce qui bouge et cogne aux planches. C’est la sœur du Lieutenant, un des meilleurs cocardiers de l’élevage du Sauvage. Ses cornes inclinées témoignent d’une lointaine origine espagnole. Laurent la baptise " La Butarde ".
1928 - Cette manade fait partie des 21 qui fournissent les courses de Provence et Languedoc.
1931 - Le char hippomobile se fait vieux, Laurent achète un camion Ford 19 CV. Un " càrri " flambant neuf !
1932 - Achat à Mr Saurel d’un ternen qui deviendra Le Frisé.

 La Butarde

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Dès I927, à Cabannes où elle sort, le raseteur Julien Rey (1903/1989) après la course, conseille au manadier : "Soigne la bien, celle là, elle deviendra quelqu’un".
1928 - à Fournès, elle enverra Julien Rey par-dessus les charrettes du plan et au moins trois de ses compagnons feront après lui la même douloureuse expérience.
Partout on parle de la terrible Butarde qui devient vite la terreur des raseteurs.
De 1928 à 1930, ses sorties se multiplient et sont toujours aussi spectaculaires. En trois saisons, elle ne cède son garrot que deux fois et devient comme le diront les journaux de l’époque un phénomène.
1931 - Elle déshabille Bastide dans les arènes de la Crau. Les courses se suivent et elle tient toujours en respect les vedettes du crochet en ne concédant pas ses attributs. Sa renommée et sa réputation ne sont pas surfaites, c’est bien comme le disent les journaux, une célèbre cocardière, elle attire des milliers de personnes aux arènes et les amateurs de courses libres se souviennent de la Butarde qui passe en vedette dans les arènes les plus importantes : Nîmes, Beaucaire, Châteaurenard, Saint-Rémy, Arles.
Cette année là, on lit dans le Midi Taurin du 07 juin : " Le bétail de Mistral forme maintenant une manade supérieure dont la terrible Butarde est le porte fanion. Cette redoutable bête et ses congénères viennent de fournir dans la Provence et le Languedoc, et en particulier à Châteaurenard des courses émouvantes où elles font la terreur des raseteurs."

Sans aucun doute, de 1928 à 1936, La Butarde est la vedette de l’élevage eyraguais. Jusqu’en 1936, le manadier ne possède pas d’éléments mâles susceptibles de constituer une royale, il en met, quelquefois, pour des courses mixtes.
Si le trophée de la Cocardière d’Or avait existé à l’époque, gageons que cette cocardière aurait pu prétendre au titre suprême.

 Le Boucabèu

Doublure du Frisé, c’était un croisé espagnol et son mufle plus clair que son pelage roux lui avait valu ce nom. Il restera lui aussi entier toute sa carrière et avec le Frisé, ils surent porter haut les couleurs de la devise de la manade Mistral.

 Le Frisé

Ph : Jacant

1932 - Le dimanche 30 août, Mistral assiste à une course à Châteaurenard où monsieur Saurel essaie six jeunes taureaux. A l’issue de cette prestation, Lou Gnoque , mécontent de l’exhibition de ses pensionnaires, décide de les conduire directement à l’abattoir. Laurent a remarqué dans ce lot un jeune ternen à l’allure élégante. Il propose à son ami de l’acheter et l’affaire est conclue, le jeune taureau est sauvé de l’abattoir. Il a l’allure élancée, la vitesse et les cornes en lyre pointées vers le ciel. Afin de lui conserver sa magnifique prestance, il ne sera pas bistourné. A cause de son frontal bouclé, il sera baptisé Le Frisé.
1933 - Le tau fait ses débuts de cocardier.
Il sort à Châteaurenard en sixième position, après les vaches de la royale. Mistral l’essaie aussi à Tarascon, Châteauneuf-du-Pape et Courbessac. Le quatren se comporte de manière irréprochable, il confirme même les espoirs mis en lui. Face aux hommes qui hésitent à le passer, tant il est impressionnant de fougue et de méchanceté, il reste maître de la piste. Eyragues et Rognonas l’accueillent aussi en compagnie de la royale de vaches.
1934 - L’espoir de la manade Mistralenco continue de faire ses classes dans de nombreuses arènes.
1935 - Le Frisé poursuit l’apprentissage du métier de cocardier et commence à faire parler de lui. Il sort à Vallabrègues, La Crau, Beaucaire, Arles. Il est rapidement maître de la piste et le reste. Il vient fort et chaque fois met la moitié du corps dans le couloir sans toutefois sauter. Les chroniqueurs sont unanimes, ce taureau fera parler de lui.
1936 - La réputation grandissante de l’étalon le désigne tout naturellement comme le successeur de La Butarde qui termine sa carrière. Il se produit à Fourques, Comps, mais c’est à Câteaurenard qui organise le premier Trophée du Trident d’Honneur que le cocardier fait son entrée dans la cour des grands. A Cabannes, la course du Frisé valait le déplacement, à chaque appel il partait comme un bolide et arrivait aux bois en même temps que les hommes.
1937 - Le Frisé confirme sa classe et mérite le titre de Cocardier vedette de cet élevage. En mai,à Nîmes, sont organisées les grandes fêtes du Taureau. Laurent y est invité avec son tau. Le Frisé participe à l’unique course libre prévue lors de ces festivités. Dès qu’il fait son entrée en piste, une rumeur admirative parcourt les gradins. Pendant sa course, le Frisé poursuit Toussaint et dans un élan superbe saute après lui, tous deux se retrouvent dans l’abri situé près du toril. Dans le burladero bondé de spectateurs, c’est l’affolement, la panique, chacun se dégageant tant bien que mal. Un spectateur recevra une pointe de 4 cm dans la fesse droite. Le tau reprend sa course et la contre piste se dégarnit. Le vaillant taureau rentre ses attributs sous l’accent de Carmen et l’ovation du public. Après cette sortie, les invitations se succèdent. De nouveau Nîmes, Aramon, Châteaurenard et bien entendu Eyragues, ainsi que Vallabrègues où le Frisé signe une de ses plus belles courses.
Durant toutes les années d’existence de cette manade, les taureaux de Laurent courent toujours "à la bourgine" pour toutes les fêtes d’Eyragues.

Pour notre manadier eyraguais, le 17 octobre 1937 sera sa dernière prestation. Il ne se doute pas que ce sera également celle de l’élevage qu’il soigne amoureusement depuis onze ans. Et pourtant, son fils Gabriel, à qui Laurent pensait passer le flambeau,tombe gravement malade. Ne se sentant pas capable de continuer seul la double activité, il se résout, en 1938, à vendre la manade à Jean Barthélémy Thibaud, manadier à Saliers, chez qui le Frisé assurera la réputation de la manade.
Notons toutefois qu’en 1938/1939, les taureaux courront encore sous le nom de Mistral ou sous le double vocable Thibaud-Mistral.
1938 - Cette année là, Le Frisé participe à la Cocarde d’Or à Arles. En août, il remporte, sans contestation possible, le Gland d’Or à Beaucaire.
1939 - Le Frisé poursuit ses sorties pour la manade Thibaud et il est retenu pour participer à la Cocarde d’Or. Sa course est très sérieuse et il effectuer un combat supérieur aux autres lauréats. " Torero " du 9/7/39 : "A la sonnerie il s’en alla fièrement en entendant Carmen et sous les vivats du public enthousiaste qui le désigne déjà comme le vainqueur du Tournoi ". Malgré cela, Juif est consacré et le public manifeste sa désapprobation en scandant longuement le nom du Frisé. Il reçoit en compensation une breloque-souvenir pour sa seconde place.
1941 - Le Frisé participe pour la troisième fois à la Cocarde d’Or.
1942 - 1948 - Le Frisé continue sa carrière très sérieuse, faisant le bonheur de son nouveau patron.
Les principaux adversaires du Frisé :

  • Vergézois de Blatière,
  • Sarraié de Delbosc,
  • Juif de Robert,
  • Clan Clan d’Aubanel.

Gilbert Mistral,un arrière-petit-fils.

Gilbert, arrière-petit-fils de Laurent, né en 1962, a revêtu la tenue blanche. Sa passion pour les taureaux le conduit à s’inscrire à l’Ecole Taurine de la Vallée des Baux dirigée par Michel Vincent et Serge Denis. De 1980 à 1983, il foule les pistes provençales et tente, la troisième année, d’affronter les taureaux cornes nues. Gilbert rasete avec la passion mais n’envisage pas une carrière avec le crochet, aussi, il le raccroche à 26 ans.
Il continue à assouvir cette passion en participant aux activités du club taurin " La Bourgine d’Eyragues " et en suivant de très près tout ce qui touche notre monde de la bouvine.

Amis afeciouna, si vous trouvez dans vos archives quelques affiches, comptes rendus ou photos concernant cette manade, Gilbert Mistral et sa fille Manon seraient heureux d’en posséder une copie
(Tel : 04 90 94 49 20
portable : 06 73 40 23 60)

 LES TAUREAUX ET VACHES DE LA MANADE MISTRAL :

COCARDIERS COCARDIERES
LE FRISE LA BUTARDE
LE BOUCABEU LA MAME
LE BUTARD LA ROUSSETTE
LE ROUSSET LA BETINA
LOU DESBANA LA MEDI
LE CAMARGUAIS L ESPAGNOLE
LOU GRAND PAVOUN LA TRICOLORE
LE CASTILLAN LA SEVILLANA
LE SIGNAU L ITALIENE
PAS POULI LA GUERE
LE CHARPENTIER LA SOLVAY
L’ ESQUINAU LA FONFONE
LE PONTILLO LA MADELEINE
LE ROSSIGNOL L’ ETIENNETTE
LA FOURNAISAN LA SCORPIONNE
L EYRAGUAIS LA FORNIERE
L ESPAGNOL LA RENARDE
LE NAPACA L YVONNE
LOU NOUVEU LA NINE (Simbèu)

Mistral Laurent sur son cheval Coquet
et son fils Mistral Gabriel (Ph : Gilbert Mistral)