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"De passage à Grand Gallargues, devenue Gallargues le Montueux, nous avons eu la bonne fortune de rencontrer ce gentil garçon qu’est Maurice LANSAC.

Il déballait son matériel de pêche, car, à ses heures de loisirs sur les berges du Vidourle, il taquine le brochet et il est, paraît-il, orfèvre en la matière, récoltant de belles prises.
Rapidement la conversation ne put être aiguillée que sur les taureaux, et ainsi, nous avons évoqué certains souvenirs, en particulier les courses qui se déroulaient sur le plan du « Coudoulié ».

Beaucoup d’aféciouna d’un certain âge se rappellent ces courses souvent mixtes, qui, pour la fête de la St Martin, clôturaient la saison taurine.
Suivies avec plaisir ; de Lunel, Marsillargues, jusqu’à Mauguio et autres villages, ainsi que la Vistrenque, la Vaunage ou bien la Vidourlenque, de nombreux passionnés de la Bouvine s’y donnaient rendez-vous.

Mais c’était après la course, les fameuses bandido qui avaient beaucoup de succès et étaient suivies par un nombreux public, qui se manifestait par un enthousiasme délirant, juché sur le mur de la promenade, où sont actuellement les arènes.

Dans un lâcher frénétique, dans une folle chevauchée, gardians, taureaux et chevaux dévalaient à vive allure et créaient une grande sensation.
La plupart des grands gardians s’y sont donné rendez-vous et étaient acclamés par la foule.
Souvent, la grande dame de la bouvine Mademoiselle Fangonne GUILLIERME figurait parmi eux.

Ce plan du « Coudoulié » comportait des charettes, tonneaux, théâtres ou travettes.
Quelques années avant les arènes, beaucoup se souviennent avoir vu la grande course de Lafont rasetée par SOLER, Pascal SAN JUAN, CANTO et autres.
Il ne fallait pas faire de fausses manœuvres pour affronter de pareils taureaux, surtout dans les conditions aussi précaires, de sécurité.

De même, la royale, de DE MONTAUT avec EYRAGUEN, qu’un jeune lunellois provoqua, ce qui fit passer le frisson dans le public.

C’est ainsi, avec Lansac, qui a fêté comme beaucoup d’autres de son âge, ses premiers débuts dans ce plan, que nous évoquions anecdotes et souvenirs.
Aussi n’hésite-t-il pas à dire qu’actuellement un jeune raseteur qui a un peu de classe, a la possibilité de s’imposer rapidement.

Lorsqu’il débuta, pour se faire une place, il ne fallait pas être trop exigeant et ne pas avoir la tête trop grosse, ce n’était pas de tout repos, la difficulté ne faisant pas défaut, mais aussi la valeur sûre des hommes de ce moment, et ils étaient nombreux, tout en étant loyaux, ne se faisait pas de cadeaux.

En piste, si l’on voulait marquer la journée, il fallait aller « au charbon ». Il ne mésestime aucun de ses collèges, mais un, parmi tant d’autres, lui a fait toujours grande impression, c’est Manolo FALOMIR.
Actuellement, il considère qu’il y a plus de facilité pour raseter, les pistes étant en général implantées, partout ou presque.
Les sauts sur les théâtres, les tonneaux, charrettes, ou fuites à travers les travettes sont devenus pratiquement inexistants et c’est énorme.

Les propositions, les offres sont plus alléchantes.
Sans être pessimiste et sans exclure des hommes de valeur, l’avenir de la relève parait assez limité.
Comme beaucoup, il souhaiterait que celui qui a démontré qu’il avait des possibilités certaines et évidentes, puisse reprendre, en bonne condition physique, la tenue blanche et s’imposer ; la saison 1976 nous fixera bientôt sur le sort de Jacky Siméon.

Maurice LANSAC est né à CODOGNAN, dans le Gard le 14 octobre 1930 .
Fils d’une famille nombreuse (sept enfants) comme beaucoup de jeunes, il a la passion et le désir de raseter sans jamais, pour cela, bouder le travail et très jeune, il entre à la source Perrier, où il a toujours travaillé.

Ses premières courses furent dans les plans d’alors.
Rapidement, poussé par son ami Aimé Hilaire dit « Salade », il prit de l’assurance et à 18 ans, il attaqua les taureaux cornes nues.
Le 1er taureau auquel il ravit la cocarde fut Eyraguen de Montaut en 1948 à Lunel.

Avec assez d’aisance il aborda la plupart des grands cocardiers de ce moment là, entre autres COSAQUE à Lunel le 20 octobre 1950 qui le bouscula, mais il se rattrapa, heureusement sans mal.

Pourtant, il eut toujours une crainte, motivée, pour GANDAR, qu’il considérait comme l’un des meilleurs, VOVO aussi par ses sauts et sa méchanceté, l’impressionnait.

Il conserve une grande estime et une amitié profonde pour ses copains qui débutèrent à peu prés comme lui et dont certains sont encore en tenue blanche comme Pierrot GRANIER, Félix CASTRO, ESPAZE, Léo DUPONT ou ALBUISSON.
Avec eux et quelques autres comme PRADERA, JANOT ou CESAR il affronte la célèbre royale de Vaches de Blatières composée de GIRAFE, MAGALI, ANTOINETTE (la Rouge) JACQUELINE etc...
Il y avait aussi des noms aussi célèbres, sinon plus comme Miraillette, Foraine de Rébuffat.

Si son palmarès n’est pas des plus prestigieux, il n’en est pas moins des plus méritoires, ayant gagné la Palme d’Or à Beaucaire en 1955 remporté le Crochet d’or 1963 (Challenge Trident d’Or) en 1961, la Margueritte d’Or lui revenue de même que la Coupe des Costières à Vauvert.

Comme tout homme qui se mesure aux taureaux, il est bien rare de ne pas payer de sa personne, sans avoir de graves blessures, la plus mauvaise lui fut infligée par SANGAR de Laurent, aux Saintes Maries en août 1953 plus bénignes furent les cornades de SAN GILLEN, de Nou de la Houplière à Beaucaire ou CERF des Frères RAYNAUD, à l’époque de leur grande royale avec REGISSEUR et EVEQUE, à St Géniès des Mourgues.

Actuellement à 47 ans, il ose espérer qu’il pourra faire une bonne saison de tourneur et s’il aide Barbeyrac, celui-ci avec plus de maturité doit s’imposer définitivement parmi les grands.
Avec Patrick CASTRO, dont il a été le 1er placeur lorsqu’il cessa de raseter à 39 ans, il ne put toujours avoir l’expression sincère, de sa place.
C’était sans doute une question de caractère."