Mistral historien ?
Ce n’est pas le qualificatif que l’on associe le plus facilement au poète de Maillane.

Certes, il n’est pas historien à proprement parler mais en son temps, la frontière entre la littérature et une histoire qui n’est pas encore vraiment scientifique est poreuse. Et pourtant, Mistral s’est intéressé à l’histoire, celle du Midi bien entendu, tout au long de sa vie.

Pour lui, l’historie, cela peut d’abord être un matériau parmi d’autres dans la confection de ses grandes œuvres narratives, de Mirèio auPouèmo dou Rose : le récit est toujours clairement situé dans le temps, et Mistral parsème ce récit d’allusions au moment où se passe l’action, allusions empruntées à ses nombreuses lectures.
De ce point de vue, il ne procède pas autrement que bien des poètes ou romanciers de son époque.

Mais il n’y a pas que cela.
Mistral développe bel et bien un discours sur l’histoire du Midi, discours destiné à restituer au peuple de ce Midi la connaissance d’une histoire qu’on lui a cachée, ou qu’on lui a racontée « à rebours » comme il dit dans un de ses derniers poèmes. C’est principalement dans les pièces lyriques, les discours, ou des articles dans les publications félibréennes que l’on peut trouver ces « leçons ».
Bien sûr, cette démarche est avant tout militante : il s’agit de développer une conscience d’appartenance, voire une fierté « nationale », quitte à solliciter parfois les faits racontés.

C’est de cela que l’on parlera, en essayant de voir comment Mistral voit l’histoire de son pays ce qui pose la question du territoire qu’il assigne à ce pays : le Midi ? La seule Provence ?
Ce qui pose aussi la question des événements et des périodes qui lui semblent les plus importantes. On verra alors qu’au cours de sa longue vie, il a pu évoluer sur ces différents points.

Restera à comprendre pourquoi.