Depuis maintenant trois ans, pour être en conformité avec la Loi, le conseil municipal a interdit l’utilisation des « voitures de fête ». C’étaient des voitures (en fin de vie en général) que les jeunes customisaient et utilisaient jusqu’à ce qu’elles rendent l’âme, pendant les jours de festivité pour faire les allers-retours des prés aux arènes et au champ de foire.
Il fallut l’aide de la force publique pour que leur utilisation cesse. Ce fut très mal perçu par l’ensemble de la jeunesse qui se plaignait du fait que, elle en était privée alors que d’autres communes, très proches, continuent à les utiliser.

Cette année, après concertation avec tout le monde, le même conseil municipal décide de mettre en application un arrêté municipal qui prévoit « pas de véhicules à moteur pendant les manifestations taurines ». L’année dernière, un taureau coursejé lors d’une bandido par des engins était mort d’épuisement.

Cette année, première bandido. Le véhicule chargé de sécuriser les parcours aperçoit deux ou trois motos qui attendent. Les conducteurs sont avertis et priés de ne pas suivre la bandido. Refus de leur part et Madame le Maire annule la bandido. La population approuve.

Dans la nuit de samedi à dimanche, (rétorsion ? ) une vingtaine de planches des barrières des arènes sont démontées et jetées au ruisseau le plus proche, le Rhony.

Le lendemain matin, palabres, discussions en mairie qui décide que « la grillade du jeudi », jour de la jeunesse, ne serait pas autorisée avant la course.
Il faut préciser que le jeudi de la Voto, depuis des lustres les jeunes font dans la partie de la contrepiste (dans « leur coin »), une grillade avant que commence la course. Toute la population sait que le concours de manades du jeudi ne commence jamais à l’heure et qu’il faut bien attendre une heure avant que la piste soit remise en état. Bonne enfant, la population même si elle râle (surtout quand elle reçoit des œufs eu des petits pois) elle comprend.

Mais déjà ce jeudi avait mal commencé. Dans la nuit qui précédait des individus avaient inondé la piste et endommagé les serrures des arènes. Encore une fois, les agents techniques ont pu tout réparer avant le début de l’arrivée.

Ce jeudi la course a commencé à l’heure. Trois taureaux sortent et c’est l’entracte. Sort le quatrième taureau et au bout de cinq minutes de la fumée dans le coin de la jeunesse : ils se préparent à la grillade. Des salves de pétards fusent, la fumée envahit le coin alors que le taureau est en piste. Décision du président de course « Le taureau rentre ». Il est 17h 30 environ.
Une trentaine de planches des barrières sont démontées mais non brûlées. Des slogans anti-municipalité sont proférés avant que ne pleuvent les noms d’oiseaux.
Pas un mot au micro devant les autochtones et touristes abasourdis.

Au bout d’un long moment le premier magistrat de la commune va à la rencontre des « manifestants ».
Dialogue de sourds mais toujours pas la moindre explication au micro.
En contrepiste, il est fait état de l’ultimatum du maire lancé à la Jeunesse : « Ou les planches sont remises en place et la piste en état de continuer la course ou j’arrête la fête ! ».
Les jeunes essaient de remettre les planches mais l’ambiance est délétère et la situation risque de dégénérer. Les manadiers ont décocardé et les raseteurs sont passés à la douche.
Deux heures après le début des événements, deux voitures et un fourgon de Gendarmerie sont sur les lieux.. Discussion pendant un quart d’heure et les fonctionnaires repartent.

Grosse agitation à l’entrée : on vient d’annoncer que la bandido allait avoir lieu et que la fête continuait.
Toujours rien au micro pour informer les spectateurs qui étaient encore là.

20h 10 : la bandido part et se termine sans incidents.

Quelle image Le Cailar a donné à toute l’afecioun ?

Lorsque sa Jeunesse ne respecte pas les taureaux, ne respecte pas la course camarguaise et tourne le dos aux traditions on peut se dire que cette commune, siège du Syndicat de Défense des Traditions Camarguaises dont son premier édile est la présidente, a bien du pain sur la planche avec ses habitants et que, avant de s’occuper des problèmes des autres, il va falloir qu’elle règle les siens.

Un coup de gueule

Force est de constater qu’il y a dans les évènements de 2012 nombre de problèmes qui n’auraient pas dû avoir lieu.

Il serait temps que les fauteurs de trouble se posent des questions sur la portée de leurs actions.
Lors de la course, ils ont décidé leur grillade "traditionnelle". Elle avait été interdite, mais force est de constater que si les jeunes l’avaient fait comme les années précédentes, soit 30 minutes avant le début de la course, la retardant d’une demi-heure, le public dans les gradins auraient regardé cela d’un air narquois, mi-amusé, mi-agacé.
Mais les meneurs de cette troupe ont choisi d’entrer en piste pendant la course, au 4e taureau aux cris rauques de "On est Cailarens, on est chez nous".
Qu’attendaient ils alors ? si ce n’est interrompre la course et prendre le public et les organisateurs en otage.
Eux ont en effet fait ce qu’ils voulaient. Une vingtaine de personnes sont venus "casser" la fête et y ont fort bien réussi, les manadiers ont décocardé leurs bêtes, les raseteurs ont pris la douche... Fin de la course.
Ils n’étaient visiblement pas venus voir la course, simplement se montrer.

Le Cailar s’enorgueillissait d’une fête sans véhicules à moteur. Une vraie fête dans la tradition, à l’instar d’autres villes - comme Fourques - qui ont fait ce choix (qui rejoint ainsi une obligation d’interdiction par les préfectures).
Cette année pourtant, l’interdiction mise à l’utilisation des véhicules à moteur a été un des facteurs déclenchant des errements.
Il serait peut être temps d’admettre qu’il y a des règles à respecter en France, n’en déplaise à tous les fouteurs de merde.

Les manifestations de rue, les spectacles taurins sur la voie publique sont sur la sellette, et d’autant plus depuis le jugement du Grau du Roi. S’il ne nous appartient pas de commenter une décision de justice [1], force est de constater que cette décision a fait prendre conscience de la notion de responsabilité aux différents organisateurs et représentants officiels. Les choses ont changé. C’est ainsi.

Au final, décideront de la survie ou du trépas des manifestations sur la voie publique, les fonctionnaires de l’état au niveau local que sont les préfets. Eux agiront sans état d’âme. Envoyés sur place par l’administration nationale, [2] les préfets sont des fonctionnaires spécialisés dans la sécurité, pas des élus locaux bercés des traditions ancestrales qu’il faut maintenir.

Les maires des communes sont le dernier rempart contre l’annulation pure et simple de nombre de manifestations et il est consternant de constater que ces édiles ne sont pas soutenus par ceux là même qui se disent amoureux de leurs traditions locales. Les maires se sont déjà opposés à certaines règles édictées, parce que ces règles vont à l’encontre de la philosophie de la fête locale. Ils plaident leur cause quand ils le peuvent pour maintenir leurs particularismes. Encore faut il qu’ensuite, ils ne soient pas trahis par des "troubles à l’ordre public" lors d’une manifestation qui n’aurait pas dû avoir lieu. Leur statut deviendra peu à apeu intenable, et ils laisseront passer le couperet plutôt que de devoir répondre de ces troubles.

Rien ne laissait présager une telle conduite.
Au Cailar, une réunion ouverte à tous les participants avait été organisée. Tous savaient et avaient accepté les règles décidées alors. Mais c’est vrai, les participants ne représentaient pas toutes les parties. Certains ne sont pas venus, ils ont préféré attendre...
Et agir.

Ils peuvent être contents, le web fourmille d’allusions à ces évènements qu’ils ont générés.
D’un autre coté, je n’ai toujours pas lu une intervention les soutenant dans leurs actions.

[2ou le "pouvoir central" selon la vision des choses