Le Rhône de Saint-Ferréol est parfaitement indiqué sur plusieurs cartes, entre autres sur celle de Bomparius (1594) (voir fig. 45), et sur celle de la Guillotière, éditée en 1620 par Leclerc, et dédiée au roi Louis XIII. Ces géographes sont parfaitement d’accord sur ce point et ont indiqué chacun un troisième grand bras du fleuve partant un peu au-dessous de Trinquetaille, coupant obliquement la Camargue du Nord-est au Sud-ouest, traversant l’étang du Vaccarès et venant déboucher dans la mer, près des Saintes-Maries, en laissant cette ville sur la rive droite.

De nos jours encore cet ancien bras est parfaitement distinct et on peut le suivre sur la presque totalité de son cours : il se détachait du Grand-Rhône à 7 kilomètres environ au-dessous de la ville d’Arles, à peu près à la hauteur du domaine de Montlong, un peu au-dessus du Fort-de-Pâques ; passait entre l’étang du Vaccarès au Sud et le marais de la Grand-Mar, et, après avoir formé un grand coude autour des terres du mas d’Agon, se dirigeait vers les Saintes-Maries d’où il débouchait dans la mer.
C’est dans le lit bouché de cet ancien bras qu’est aujourd’hui creusée la roubine de la Petite-Montlong passant près des domaines de la Tour d’Amphoux, château Brunet, Valériole, de la Tour de Montmeillan, au dessus de Villeneuve, Notre-Dame d’Amour, de Cabassole, du Mas Neuf et enfin contourne le Mas d’Agon par le nord, dans un de ses méandres frôle Méjanes pour prendre la direction plein sud .

Peu après ce dernier domaine, la Petite-Montlongue est coupée par le canal de la Vidange, creusé vers la fin du XVIe siècle (1587 ?), pour servir d’écoulement dans le Vaccarès aux eaux des marais de la Grand-Mar, du Pont de Rousty et de Paluns-Longue. Mais immédiatement après ce canal, le bras de Saint-Ferréol devient très distinct : sa largeur, sur quelques points, est aujourd’hui de plus de 100 mètres ; il passe un peu au-dessous du château de Méjannes, près des domaines de Cazalet, de Douine et des Frignans ; sa trace se perd ensuite sur la rive occidentale de l’étang du Vaccarès et se retrouve un peu plus loin vers l’Est, ainsi qu’à droite des Saintes-Maries.
C’est probablement à l’existence de cette ancienne embouchure qu’on doit de voir sur quelques anciennes cartes la ville des Saintes-Maries, ou de Notre-Dame de la Mer, placée sur la droite du Grau d’Orgon. Cette erreur provient sans doute de la confusion qui a été fait de cet ancien bras avec le Grau d’Orgon ouvert postérieurement à l’époque où la branche de Saint-Ferréol avait cessé de fonctionner.

On refait le parcours à suivre sur une carte IGN : Provence la Camargue
Prise d’eau entre Fort de Pâques et Monlong, au lieu dit « trou de la Cappe »
Passage entre la tour d’Amphoux et grand Gageron
Passage près de Bouchaud, Beynes et de la Capelanière
Passage entre château Brunet et la cabane des gardians,
Traverse les marais de : Tour Blanque, Mourefresch, Cabassole, Grand Mar, Remoules, contourne le mas d’Agon, Signoret, basse Méjanes, pâty de Gouyères, pâty de la Trinité, frôle le mas de Carrelet, Sigoulette, touche Bardouine, longe la bordure de l’étang des Impériaux, traverse les Arnelles, l’étang des Launes, se jette rive gauche des Saintes dans le grau d’Orgon