Sept taureaux de Arnaud et Reynaud ( manade du Languedoc) mille francs de cocardes.
Coquette la plazita Vauverdoise, savez-vous amis, amis lecteurs ? Et très louable l’effort de l’aficionado Ribier, qui a su organiser un spectacle de choix avec les pensionnaires d’une des meilleures manade du Languedoc
Mais hélas ! Nous constatons avec tristesse depuis déjà longtemps que l’aficion sommeille et les « bétrinés » boudent à l’appel des organisateurs je dis sommeille car je ne puis me faire à l’idée qu’elle soit morte tout à fait.
Une seule course à l’heure actuelle attire la foule des connaisseurs, amateurs et curieux ; c’est celle du Sanglier. Celle-là mise à part on ne regarde pas que dans des manades autres que celle de Granon existent des pensionnaires digne d’attention.
A Vauvert ce n’est pas la foule des grands jours qui occupent les gradins. Du coté bétail nous nous attendions beaucoup du « Frisé » qui n’a pas fait sa course ; le « petit sanglier » bien en chair cependant , n’a pas fait une course digne de sa renommée primitive, le « peyrolen » a fait une bonne course, mais une blessure récente, paraît-il, l’a handicapé fortement ; « l’Espagnol » est toujours le défonceur de barrières que nous connaissons, le plus combatif fut le sixième, petit taureau qui se montra ardent au combat, défendit dignement sa cocarde et ne succomba que sous le nombre accablant de razeteurs qui l’assaillirent.
Du côté razeteurs , c’est toujours la même chose. D’abord ils sont trop nombreux, et ensuite ils s’acharnent sur les malheureux taureaux de peu de poids, tandis qu’ils dédaignent travailler de fières bêtes qui ne demandent pourtant qu’une seule chose le combat. (1)
A 15h30, l’affluence est assez conséquente quand retentit l’air de Carmen ( pourquoi persévérer à le jouer cet air chéri qui ne s’harmonise véritablement que dans le cadre d’une corrida ?), et quand prend place au palco présidentiel Olivier Brun, entouré de personnalités notoires et inconnues.
La plaza s’agite, la chaleur est accablante. Ouf, l’ami Pradheilles, fervent aficiounado, qui m’accompagne, et votre serviteur « suseu la camisa ». Qu’importe la foi est tenace !
D’ailleurs, en une seconde tout est oublié, chaleur, soif, une sonnerie a retenti. A cet appel douze razeteurs sautent en piste et l’attention se porte vers la porte du toril qui s’ouvre toute grande et livre passage au premier pensionnaire d’Arnaud et Reynaud.
«  Lou Patassa » porteur de 100 francs de cocarde , robe rousse, bien armé. Richard attaque, Paulet suit. Et les razets succèdent aux razets. Le malheureux taureaux est assailli et se défend comme il peut . Lucien coupe et Cyrano enlève peu après. 50 francs de surprime à la ficelle sont attribués à Rimbaud
Taureau qui a manifesté une certaine combativité, a fatalement succombé sous le nombre.
Les razeteurs seraient-ils décidés à travailler ? Aurions-nous cette agréable surprise ?
Et voici le 2eme « l’Espagnol  » 150 francs de cocarde, sortie en trombe
Paulet coupe, Cyrano enlève, travail de Navarrito, Melette, Paulet, Rimbaud, Resquillette et Cyrano.
50 francs à la ficelle ne sont pas attribués.
50 francs de plus à la ficelle de chaque corne ne trouvent pas également d’heureux élu.
Du travail dans la piste. Taureaux combatif dangereux même en ce qu’il poursuit l’homme jusqu’aux planches et très durement plante ses cornes dans ces dernières.
Le 3eme pensionnaire d’Arnaud et Reynaud , « Le petit Sanglier », qui porte 200 francs de cocarde, fait une sortie très vive. Se montre désireux de combattre, mais les razeteurs ne l’attaquent pas. Tiens ! Déjà une défaillance, aussi cette ardeur du début...cela m’étonnerait, ils se font siffler d’importance par le public mécontent. Enfin Paulet se décide et attaque, Richard suit, Lucien coupe et Rimbaud enlève.
Peu de travail une fois la cocarde supprimée, 100 francs de surprime à la ficelle ne sont pas adjugés, malgré le travail de Rimbaud, Richard et Melette.
Assez bonne course, taureau qui poursuit bien et pousse sur l’homme, beau de formes, mais un défaut de la vue, il est borgne de l’oeil gauche, paraît le gêner beaucoup. Ne poursuit qu’attaqué quoique ne refusant jamais le razet.
Et voici «  Le Frisé » qui, porteur d’une cocarde primée de 300 francs, fait une sortie de cocardier, accepte de suite le combat et chassant l’homme devant lui, fait le vide dans le redondel. Les razeteurs, méfiants, paraissent surpris en ce début et n’attaquent pas pendant un assez long moment. Sifflets justifiés du public . Richard se décide et attaque sans résultat d’ailleurs. En suite ? Plus de travail !!!Les razeteurs auraient-ils peur du « Frisé » ? Méry attaque de loin par deux fois, mais ses collègues ne profitent pas de ses déboulés. Enfin Rimbaud, puis Lucien ( dont le travail nous a beaucoup surpris et plu en même temps, Paulet, Méry, Rimbaud amorcent des attaques, mais le taureau, véritable type de cocardier Camargue se garde et rend le travail difficile, Paulet passe à nouveau et Rimbaud enlève, enfin plus de travail. 100 francs de surprime a chaque ficelle de chaque corne ne sont pas attribués.
Bonne course, mais taureau qui se garde trop. Ne part alors qu’attaqué de très prés et rend le travail excessivement dangereux, vieux cocardier qui fournit toujours une course intéressante.
Le 5eme taureau « Le Peyrolen »porteur de 150 francs de cocarde. A cause d’une récente blessure, le trompette annonce que ce taureau ne courra que dix minutes et qu’un septième sera fourni.
« Le Peyrolen » fait une très belle sortie et sème la panique. Richard attaque, Cyrano enlève le ruban, du bon travail dans la piste. Bonne combativité de ce taureau qui à une façon toute spéciale de poursuivre l’homme jusqu’aux planches. ( on dirait qu’il est fou me confiera l’ami Pradheilles )
Le 6eme « L’Ouragan », porte 100 francs de cocarde. Sort en trombe et s’annonce coureur. Lucien coupe au premier razet, le taureau étant d’une franchise remarquable, tous les razeteurs l’assaillent, le taureau de défend âprement, bravo au manadier, Castellis enlève, du travail à ce taureau, trop de travail même pour un taureau de cette force.
Excellente combativité de « l’Ouragan » qui s’est très bien défendu, n’a pas refusé un razet. Mais quel est le taureau qui , assailli, comme il l’a été, n’aurait pas succombé sous le nombre !
Le 7eme, donné en supplément est un taureau jeune, de même type que le Peyrolen, et le Petit Sanglier, se montre combatif, voire même coureur, se lasse vite. Rimbaud attaque, Richard enlève, du travail, mais trop, le taureau jeune succombe sous le nombre.

En résumé, course intéressante, bétail bien en forme, en général combatif.
Razeteurs travailleurs aux taureaux faciles, comme toujours aux taureaux plus dur, offrant quelques difficultés, grosse réticences de ceux-ci.