1938 : troisième édition, le dimanche 4 septembre.

Durant l’inter saison 1937-38, Laurent Mistral qui vient de passer la soixantaine et sans succession (son seul fils Gabriel est gravement malade) a décidé de vendre sa manade. C’est Jean-Bathélémy Thibaud de Saliers qui l’acquiert mais en 1938, les taureaux d’Eyragues courent encore en tant qu’ex-Mistral ou sous le double nom.
A l’affiche et dans l’ordre de la course :

  • 1. Le Vergézois de Blatière.
  • 2. Tabernero de Lescot.
  • 3. Balloun du Marquis.
  • 4. Le Frisé, ex-Mistral.
  • 5. Le Sarraié de Delbosc frères.
  • 6. Juif de Robert.
  • 7. Martinet d’Aubanel-Baroncelli.

Excepté Balloun (auquel il préfère Dragon de Granon), ce sont d’après le revistero José (Joseph Mistral) ceux qu’il demanderait aux manadiers s’il devait organiser lui-même un « super concours de manades ».
En effet, Vergézois est le double vainqueur de la compétition, le croisé Tabernero a participé à la Cocarde d’Or 1936 où Vergézois a été le meilleur, Martinet et Frisé à celle (remarquable) de cette année remportée par Juif. Aussi ajoute-t-il dans le Toril du 10 septembre :
« A 14h 50 précises, les guichets étaient fermés depuis au moins un quart d’heure et nous eûmes du mal à nous frayer un passage au milieu d’une foule impatiente et fébrile qui, faute de cartes, se voyait interdire soigneusement l’entrée du cénacle taurin ».
Le chroniqueur taurin ne cite que les sept meilleurs raseteurs du jour dans l’ordre décroissant de la qualité de leur prestation : Granito, Boncoeur, Eyraud jeune, Rey, Michel, Lavolle (qui fut blessé par Juif), Méry et Hugues. Les autres tenues blanches devaient se trouver parmi : Arnaud, Azaïs, Blanchet, Cartié, Héraud, Margaillan, Merlusse (Patris), Placide, Rossignol, Simon, Toussaint…
Au palmarès des cocardiers on retrouve Sarraié suivi de Juif et Frisé.

Un accident peu banal se produisit en début de course.
Vergézois venait de rentrer avec les honneurs et la foule attendait Tabernero. Ce fut alors un cri d’horreur : du toril ouvert sortit un homme ensanglanté et chancelant qui allait s’écrouler quelques mètres plus loin sur le sable de la piste ! Il s’agissait de M. Justin Roubaud dit « Pivert », le gardian de Lescot qui, après être tombé dans la cage de Tabernero en le détachant, venait de recevoir pas moins de quarante deux coups de cornes ! Pivert fut soustrait à la fureur du fauve qui s’acharnait sur lui par MM. Casimir Raynaud et Laurent Mistral. Par miracle, aucune des cornada ne fut mortelle.

Juif de Robert sur Héraud ce jour-là

1939 : la quatrième compétition était prévue pour le dimanche 3 septembre.

Le 1er septembre, les troupes d’Hitler ont franchi sans préambule la frontière polonaise, obligeant la Grande Bretagne et la France à déclarer la guerre à l’Allemagne le lendemain. Le 3 septembre la mobilisation générale a commencé et la course est annulée.

Les responsables avaient de nouveau monté l’un des meilleurs plateaux du moment et les affiches avaient été publiées. Elles indiquaient l’ordre de la course, le nom de chaque cocardier étant accompagné d’un commentaire le situant.

  • 1. Vergézois de Blatière :

« Cocarde d’or 1936, 2ème au trident d’honneur 1937, est toujours un excellent premier ».

  • 2. Tabernero de Lescot :

« Le meilleur cocardier de Provence ».

  • 3. Clan-Clan du Marquis :
    « Cocarde d’or 1936, palme d’or 1937 avec Pascalet ».
  • 4. Le Frisé de Thibaud :

« Vainqueur moral de la cocarde d’or 1939 ». [1]

  • 5. Le Sarraié des frères Delbosc :

« Trois fois vainqueur du trident d’honneur ».

  • 6. Brun d’Aubanel :

« Le meilleur cocardier de l’année ».

  • 7. Marinero de Raynaud :

« Le taureau le plus brillant de la saison, 2ème à la cocarde d’or 1939 ».

Et 7000f. de cocardes et primes (7 000€ !) auraient motivé les as du crochets habituels.

Frisé à Châteaurenard le 30 juillet 1939.
L’une des dernières courses avant le second cataclysme mondial.

Autorisées par le gouvernement de Vichy, les courses reprendront timidement en 1941 mais il faudra attendre la Libération pour qu’elles retrouvent progressivement l’ambiance qui leur sied.
Dans les années 1946, 47, 48 le trophée local changea de nom, devenant « Le Gland d’Or ». A cette époque se créa un second club, « La Sounaio », que présidait M. Louis Rey.
En 1953, les deux C.T. fusionnèrent pour former l’Union Taurine Châteaurenardaise dont M. Joseph Rossi fut le premier président. M. Albert Pécout lui succéda en 1962.
Au décès de M. Rossi en 1965, le Trident d’Honneur existait encore mais avait perdu peu à peu de sa renommée. Sur l’initiative de M. Jean Chauvet fut alors créé le Trophée des Maraîchers dont la première édition eut lieu en septembre 1966. [2]

Depuis 1975, le meilleur taureau de la finale de ce trophée reçoit le prix « Joseph Rossi » en hommage au fondateur de l’U.T.C. que préside son fils Christian depuis 1986.

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1er mars 1954 :

Réunion de l’U.T.C. pour la préparation du Congrès de la
Course Libre qui eut lieu cette année-là dans la Cité des Tours.
Assis au centre, M. Joseph Rossi. Debout derrière lui,
M. Emile Marchat, assis à sa gauche M. Louis Rey.

En médaillon,
M. Albert Pécout, présent également à cette réunion.

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2009 :


Les membres de l’U.T.C :


M. Christian Rossi est au centre, debout au 1er rang.
A sa gauche (en blouson) M. Albert Pécout (médaillon 54).


Derrière lui, M. Bruno Pécout, président de la T.A.C [3].
Son père Roger est à la droite de Christian Rossi.
(cravate blanche).

[1Il y fut déclaré second meilleur taureau ex aequo avec Marinero de Raynaud derrière Juif alors que le public le plébiscitait comme vainqueur.

[2Les vainqueurs en furent Norbert Geneste et Etudiant de Laurent.

[3Tradition et Aficion Châteaurenardaises