LE TRIDENT D’HONNEUR,

PRECURSEUR DU TROPHEE DES MARAICHERS.

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Le Club Taurin de Châteaurenard s’est créé en 1903.
En 1936, MM. Emile Marchat et Joseph Rossi, président et vice-président ont à cœur de redonner à leur piste le prestige qu’elle a quelque peu perdu depuis les dernières et uniques venues du Sanglier les 19 août 1928 et 7 juillet 1929.
Avec l’aide de M. Alfred Blatière ils décident d’innover en organisant le Trident d’Honneur.
Ce nouveau trophée se jouera en effet entre les sept meilleurs cocardiers représentant sept manades différentes, ce qui est totalement nouveau. Il récompensera le meilleur taureau dont le manadier recevra un Trident d’Or.

La première compétition a lieu le dimanche 6 septembre 1936.

Le public a répondu en masse aux organisateurs pour applaudir aux exploits des cocardiers qui sortent dans l’ordre de l’affiche : [1]

Le Lieutenant de Robert remplace Le Capouchin, malade.
Le Vergézois de Blatière a été le meilleur taureau de la Cocarde d’Or 1936. [2]
Le Meissonnié est du Marquis.
Le Vallabréguant de Raynaud.
L’Angora d’Aubanel.
Le Sarraié des frères Delbosc.
Le Boucabèu de Laurent Mistral, le manadier du village voisin d’Eyragues. Son "Frisé" qui sort en supplément est un tau âgé de 7 ans.

Les places (numérotées ou non) sont mises à la location à partir du 25 août au café Henri IV, le siège du C.T. Trois francs supplémentaires sont demandés pour la réservation en recommandé auprès de M. Courbières, le trésorier du club.
L’harmonie locale « la Giberne » rebaptisée à l’occasion « musique des arènes » assure l’animation musicale.

A la capeledo défilent Rey, Boncoeur, Garonne, Blanchet, Daurat, Granito (Paul Bonel), Hugues, Margaillan, Merlusse (Patris), Méry, Michel et Placide qui se partageront avec plus ou moins de bonheur les 4 800f. de primes distribuées. [3]
Les meilleurs sont les trois premiers cités et c’est Le Sarraié qui est à juste titre élu meilleur cocardier du concours.

Le Sarraié

1937 : deuxième édition du Trident d’Honneur, le 5 septembre.

L’affiche annonce : Sarraié des frères Delbosc, Clan-Clan de Baroncelli, Hérisson de Raynaud, Meissonié d’Aubanel, Capouchin de Robert, Vergézois de Blatière et Frisé de Mistral.
Dans Le Torero, on peut lire, émanant de la Fédération des Sociétés Taurines de France :
« On ne pouvait réunir sur un programme meilleur choix et il convient de féliciter les organisateurs qui fournissent aux amateurs de courses libres un ensemble aussi éclectique… Nous demandons aux aficionados de tous les clubs de venir nombreux apporter par leur présence leur témoignage de gratitude et d’encouragement au Club Taurin Châteaurenardais ».
L’appel est entendu et c’est devant une foule record que va se dérouler ce concours exceptionnel.

« Depuis les courses de l’inoubliable Sanglier, nous n’avions jamais vu autant de monde ! » s’exclame Don Paco (Pierre Fontaine) qui, malgré sa place de presse, a toutes les peines du monde à la rejoindre. Et le chroniqueur de Barbentane de préciser :
« Quelques minutes avant la course, des centaines de spectateurs munis de leur carte ne pouvant pénétrer, ont pris d’assaut le portail, l’ont ouvert et sont entrés de force dans les arènes entraînant avec eux des personnes non munies de carte et occasionnant des bousculades regrettables ».

Le tirage au sort désigne l’ordre de sortie suivant : Vergézois, Meissonnié, Frisé, Sarraié, Hérisson, Pellegrin qui remplace Capouchin blessé et Cigalié qui remplace Clan-Clan lui aussi blessé.
Sur les vingt hommes en piste, Rey, Boncoeur, Placide, Azaïs, Margaillan, Lavolle, Simon, Michel s’inscrivent au palmarès. Sarraié est de nouveau élu meilleur taureau mais de justesse cette fois, devant Vergézois et Frisé (ce dernier a rentré un gland primé à 700F).

Le Frisé au Trident d’Honneur de 1937

(à suivre)

[1L’original appartient à M. Gilbert Mistral, arrière petit-fils du manadier de l’époque.

[2Il y aura plus tard un Vergézois II, Biòu d’Or en 1961 puis un Vergézois III, Biòu d’Or 1970.

[3Par rapport au prix des places, le montant des primes s’élevait donc à environ 4 800 de nos euros.

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