23/ Idée générale qu’on peut se faire du climat de la Camargue
Des jours souvent sereins, rarement un calme parfait , tour à tour et sans gradation, des vents faibles et impétueux, des chaleurs brûlantes et des froids piquants, une atmosphère extrêmement sèche et un air fort humide, telle est l’esquisse rapide, mais assez fidèle de l’état du ciel dans la Camargue.

24/ Vents du nord.
A l’arrivée du solstice d’hiver, se manifestent, pour l’ordinaire, les fougueux vents du nord qui soufflent tous les ans au moins sept ou huit mois .
Ils commencent, pour ainsi dire, leur règne avec l’année,
grondent et se calment successivement jusqu’à la saison nouvelle, abandonnant alors l’horizon, et le viennent l’occuper ensuite, d’une manière beaucoup moins exclusive, jusqu’au mois de janvier.
Ils peuvent se faire sentir dans tous les temps, mais ils succèdent particulièrement à la pluie dans toutes les saisons . Une légère bruine, quelques gouttes d’eau versées par l’orage dans le bassin du Rhône,suffisent pour les faire élever.
C’est dans ce bassin qu’ils se dirigent, en s’appuyant à droite et à gauche sur les Cévennes et sur les Alpes. De là les temps secs, les gelées, les frimas, qu’ils amènent en hiver, et, en été même, la froidure instantanée qu’ils substituent à une chaleur accablante.

25/ Vent N.O ou Mistral, ses ravages, ses bienfaits
Parmi eux, le Mistral ou vent N.O est surtout remarquable, il agite le plus fréquemment l’atmosphère, et, dans ses reprises très variables, il dure de trois à neuf jours, rarement moins ni plus !
Tantôt, il s’apaise pendant que le soleil est sous l’horizon , tantôt, il se montre le même la nuit et le jour. Son souffle n’est presque jamais modéré. Il peut acquérir une violence capable non seulement de dépouiller les arbres de leurs feuilles, mais encore de briser leurs rameaux, de renverser les toits et les cheminées des habitations, d’exciter sur les eaux les tempêtes les plus furieuses. Il augmente dans tous les temps l’intensité des maladies inflammatoires des hommes et des bestiaux.
Mais son influence au printemps est surtout redoutée, et en effet redoutable. Si la végétation est avancée, que les montagnes voisines comme celles du Dauphiné ou le Mont Ventoux, soient encore chargés de neige, et qu’après un temps humide le Mistral se déploie, les plantes situées tout à coup dans un air glacé, perdent d’autant plus de leur chaleur propre que l’évaporation est très active à leur surface, elle souffrent d’abord du bruissement de leurs jeunes pousses et souvent encore des déchirures que la congélation de la sève et la contraction de la fibre ont occasionnés dans leur sein.
Ces graves inconvénients, le Mistral les compense par autant d’avantages.
Il met un terme aux longues pluies, il dissipe les brouillards et les nuages, il sèche les champs submergés, il remplace par un air sain, l’air que vicient sans cesse les émanations morbifiques des marais, il agit puissamment contre toutes les astéries.