1930, le rigorisme de Baroncelli

A l’occasion du centenaire de Frédéric Mistral, de grandes fêtes provençales sont organisées dans toute la « Patrie Méridionale ». de nombreuses villes participent aux festivités et certaines d’entre elles convient la Nacioun Gardiano à prendre part aux réjouissances. Baroncelli et le nouveau capitaine de la Nacioun Gardiano Alphonse Arnaud, font passer un communiqué à tous les cavaliers daté du 22 janvier 1930, concernant la tenue gardiane.

  • « La tenue gardiane est de rigueur et l’on ne tolèrera aucun manquement à son égard. Je vous en donne le détail : chapeau de Lunel, veste de velours, chemise de couleur sans gilet, pantalon de peau de taupe, taiolo ou foulard. De plus, il vous faut savoir que, par décision votée au Conseil de la Nacioun Gardiano le 19 janvier, les chevaux arabes et de couleur sont, à partir d’aujourd’hui, radicalement supprimés des rangs de la Nacioun Gardiano »
    A travers ce communiqué, Baroncelli laisse entrevoir que le code du costume de la Nacioun Gardiano est encore de rigueur et que la tenue de gala du gardian est immuable.

Pour ce qui est de la monture, le cheval constitue l’élément et l’outil indispensable du gardian. Afin de promouvoir la race, seuls les chevaux blancs se rapprochant le plus possible de la race Camargue sont autorisés à participer aux défilés de la Nacioun Gardiano à partir de 1930.

  • « C’est sans doute cette originalité qui leur fit retenir comme nécessaire le choix du cheval Camargue comme monture de prestige, d’autant plus que sa robe blanche se mariait au mieux avec le costume adopté. Ce choix et leurs activités un peu exaltées ont contribué à développer le côté spectaculaire de la monte camarguaise. Bien qu’en partie légendaire, cette croisade en faveur du félibrige tomba à pic pour promouvoir la race Camargue » (11)
    Baroncelli tente de créer une élite culturelle par le biais de la Nacioun Gardiano, association qui se destine à répandre la foi dans la langue, les traditions et la spécificité d’un pays qui peut s’enorgueillir d’élever sur ses terres une race équestre ne vivant qu’en Camargue. La codification du costume du gardian par Baroncelli n’apparaît pas toujours comme un point positif pour la Nacioun Gardiano.
  • « Les impératifs de représentation de la Nacioun impliquent la séparation entre l’image du pays et le pays réel. Il y aura ceux qui sont habillés en gardian et qui pour la plupart ne sont pas camarguais, et ceux qui les regardent défiler, souriant quelquefois à ce spectacle s’ils appartiennent au monde de la bouvine »(12)

Pour les professionnels de la bouvine, Baroncelli invente un costume en s’inspirant de certains aspects de la réalité vestimentaire du gardian. Les gardians de métier reprochent à Baroncelli ses fantaisies et ses finesses qui ne reflètent pas la rudesse du travail de gardianage et de bouvine. L’idée principale à retenir est la suivante :

  • « La logique de représentation et les copies successives s’éloignent progressivement de l’original gardian » (13)

Malgré ses fantaisies, Baroncelli tente comme il le peut de rester dans la tradition et de se rapprocher du mieux qu’il peut de la réalité :

  • « Pèr escourta li noço, nous meten en camiso blanco e, pèr li cherpo en camiso de coulour…Pèr estre dins la tradicioun puramen prouvènçalo pèr raport au simboulismo di coulour déurian, pèr li noço, nous cravata, nous centura en gansa nòsti ferre de blanc e nous cravataren proubablamen de rouge »