Il est certain que la partie du canal de Marius qui était entre l’étang du Galéjon et Fos a dû être mise à l’abri des alluvions, attendu que le point d’arrivée dans la mer, au lieu d’être signalé par des apports limoneux, est en retraite aujourd’hui, la mer ayant même recouvert, comme nous l’avons indiqué, plus haut, les ruines romaines du « Port des Fosses ». Il est certain, en outre, que cette portion du parcours a été la première abandonnée après de la chute de l’empire Romain d’occident et la décadence d’Arles, autrement nous aurions des apports du côté de Fos. La portion rectiligne du canal de Marius, au contraire, se rendant du Mas Thibert à l’entrée du Galéjon, avec une dérivation vers le sud-ouest , au moulin de la Roque ou Roque de Dour, a dû former, pendant tout le moyen âge, le bras le plus oriental du fleuve. Nous savons même que ce bras, dont les marais de Capeau, d’Icard, des Trinitaires, de Bondoux et les étangs de Ligagneau, du Landre, et le Galéjon, marquent distinctement la direction, sans être complètement abandonné au commencement des temps modernes, fut sensiblement modifié par la formation d’un nouvel estuaire du bras principal qui, prenant le Rhône beaucoup plus bas, au mas du grand Passon, gagnait le Galéjon par deux embouchures que séparait l’ile de Lansac. Ce lit, aujourd’hui Bras-Mort, passant vers la Porcelette, au nord du Petit Passon, le pas de Boucher, le et mas de Radeau, fut substitué à la partie septentrionale du canal de Marius, sans doute vers la fin du moyen âge et substitua jusqu’à l’année 1587, comme nous le verrons bientôt, ayant son estuaire principal entre le moulin de la roque à l’est, et le Castellaz, à l’ouest. Nous reconnaissons, en effet dans le Castellaz, la tour que le roi René permit à la ville d’Arles de faire élever à l’embouchure du fleuve, par lettres patentes en date du 16 juin 1470, et qui est désignée sous le nom de Tour de Balouard. Cette tour subsistait encore en 1543, comme cela résulte d’une pièce authentique du temps.
Cette tour fut abandonnée en 1587, en effet un grand débordement du Rhône ayant eu lieu le 24 août 1583, dans la direction de la Camargue, le fleuve ayant alors changé complètement son cours, (2) la Tour de Balouard (3) tomba en ruine.

Il est donc bien établi :
1/ Que le bras le plus oriental du Rhône, depuis l’an 103 av JC, jusqu’à la fin du 5e siècle après JC, n’a été autre chose que le canal de Marius.
2/ Que, dans le moyen âge, l’estuaire de ce bras a été l’entrée du Galegeon substitué au port des Fosses Mariennes (au sud de Fos)
3/ Que, plus tard, l’origine du canal de Marius fut abandonné à son tour, le fleuve s’étant frayé un passage beaucoup plus bas et que ce nouveau bras, ayant son embouchure vers le moulin de la Roque et Castellas, subsista jusqu’en 1587.