Nous savons que ce bras se divisait en deux branches dans les plus anciens temps ; il envoyait un rameau beaucoup plus à l’ouest, baignant les terres où sont le fort de Peccais et la commune d’Aigues-Mortes. Il sépare aujourd’hui, par son lit, en partie canalisé, le département des Bouches du Rhône de celui du Gard. Il est même assuré qu’au moyen âge, le Petit Rhône continuait de pénétrer dans l’étang de Mauguio.

 C’est avant cette période que se forma, par l’action des ensablements maritimes, la longue digue naturelle qui sépare aujourd’hui la mer des étangs de Repausset, de Mauguio, de Pérols, de Maguelone et de Thau. Toutefois les étangs du nord paraissent seuls désignés par Pomponius Méla, au premier siècle.
Nous ne voyons pas qu’il soit fait mention de l’étang de Thau avant la fin du quatrième siècle, Strabon ne parle en effet que du mont Sétius , aujourd’hui montagne de Cette, qui devait être isolé de son temps, mais qui fut rattaché plus tard au continent à l’aide d’une digue de formation plus moderne.

Fétus Aviénus, qui, le premier parle de l’étang de Cette, dit que cet étang était proche du Rhône, c’est-à-dire sans doute qu’il communiquait avec le fleuve. Cette disposition subsista pendant le moyen âge et nous le retrouvons dans la carte maritime manuscrite de Gaspar Viegas, datée de 1534 et conservée au département des cartes de la bibliothèque impériale. Elle existe encore dans le portulan, également manuscrit, de Bartholomé Olivès de Mayorque, daté de 1584 et faisant parti de la même collection. Nous voyons figurer sur les deux cartes :
1/ La communication du Rhône avec l’étang de Maguelone
2/ La position de cette ville dans une île, Magalona.
3/La digue des apports maritimes indiquée par un pointillé.
4/ Les positions de Nates ( Lattes) et de Monpaller (Montpellier) et Agua Muertas (Aigues Mortes) , sur les étangs qui semblent être le bras très prolongé, à l’ouest du Petit Rhône (1)
Ainsi le Petit Rhône formait, dans les anciens temps, deux bras ; l’un qui devait se trouver ou est présentement la branche unique, se jetant dans la mer par le grau d’Orgon un peu à l’ouest du bourg des Saintes Maries, l’autre coulant au sud de St Gilles, à travers les marais de la Souteyrane, de Larmitane, de Scamandre et gagnant l’étang de Repausset au dessous d’Aigues Mortes, étendant ses eaux sur les côtes du Languedoc jusqu’au delà de Cette, à travers tous les étangs déjà mentionnés ? Cet écart occidental du Petit Rhône a cessé d’exister depuis longtemps, mais on peut en reconnaître encore les traces sur la grande carte de Cassini. On y voit comment, cet ancien bras s’est converti en canaux, le lit naturel étant comblé par des alluvions, à cause du défaut de pente et de la petite quantité des eaux.
Sous François 1er , le Petit Rhône fut détourné du port d’Aigues Mortes qu’il achevait de combler et on lui ouvrit un passage vers 1552, entre le bras actuel et l’ancien. La branche la plus occidentale, dont la direction est accusée par les étangs et les marais qui séparent la commune de St Gilles et celle d’Aigues Mortes, a été la première comblée par les atterrissements, vers la fin du seizième siècle celle qui passe au pied du fort Peccais l’a été ensuite (2) et aujourd’hui il ne reste plus d’autre estuaire au Petit Rhône que celui d’Orgon, vers Les Saintes.
voir page 56 de quel ouvrage ?
(...)
Age et subsista jusqu’à l’année 1587, comme nous le verrons bientôt ayant son estuaire principal entre le moulin de la Roque (Roque de Dour), dans le Castellaz.
 La tour que le roi René permit à la ville d’Arles de faire élever à l’embouchure du fleuve, par lettres patentes en date du 16 juin 1470, et qui est désignée sous le nom de Tour de Balouard. Cette tour subsistait encore en1543, comme cela résulte d’une pièce authentique du temps.
 Nous avons dit quelle fut abandonnée en 1587. En effet, un grand débordement du Rhône ayant eu lieu le 24 août 1583, dans la direction de la Camargue, le fleuve ayant alors changé complètement son cours(6) la tour de Balouard tomba en ruine.
Il est donc bien établi :
 1/ que le bras le plus oriental du Rhône, depuis l’an 103 av JC, jusqu’à la fin du 56e siècle après JC, n’a été autre chose que le canal de Marius.
 2/ Que, dans le moyen âge, l’estuaire de ce bras a été l’entrée du Galegeon substitué au port des Fosse Mariennes.
 3/ Que, plus tard, l’origine du canal de Marius fut abandonné à son tour, le fleuve s’étant frayé un passage beaucoup plus bas et que ce nouveau bras, ayant son embouchure vers le moulin de la Roque et Castellas, subsista jusqu’en 1587