136/ Les poissons de la mer cherchent tour à tour et désertent les étangs.
La mer, immense et profonde,n’est pas exposée aux mêmes variations de température que les étangs voisins de ses bords. Moins froide qu’eux en hiver, moins brulante en été, les poissons y trouvent communément un séjour qu’ils préfèrent, Cependant, attirés au rivage, soit par l’appât des végétaux, des vers, et des autres matières qui font la base de leur nourriture, soit par la chaleur qui doit faire éclore promptement leurs œufs, ils s’avancent dans les étangs, et les abandonnent tour à tour, aidés, dans leur trajet par les courants qui les guident.

137/ Bordigues simple à une avenue pour arrêter les poissons
L’observation de ces faits curieux a fixé l’attention de l’homme. Il s’en est promis d’utiles spéculations et, plein de cette idée flatteuse, il a imaginé les pêcheries connues sous le nom de bordigues (1) Ce sont des labyrinthes d’une forme particulière, établis dans les tranchées de communication entre la mer et les étangs. Deux claies en roseaux qui s’attachent aux berges du canal et qui se brusquent sur son axe, sous un angle plus ou moins aigu, composent l’avenue de la bordigue. Le sommet de l’angle présente, à la longueur seulement nécessaire pour laisser passer la proie, un écartement qui prend le nom bouchelle.(2) Une troisième claie posée verticalement comme celle de l’avenue, se joint à celles-ci, en enveloppant extérieurement la bouchelle et constitue une poche cylindrique appelé prison, tour, et plus spécialement pantène.(3) Elle est la pêcherie de ce genre la plus simple qu’on puisse employer. Le poisson qui nage vers l’avenue, suit les parois des claies qu’il ne peut dépasser. Il s’engage dans la pantène et ne sais plus en retrouver l’issue ? Cette pantène peut, en quelques circonstance, se remplir au point de ne plus permettre l’entrée aux autres poissons qui arrivent. On survient à cet inconvénient non pas en agrandissant la prison, parce que la difficulté de la pêche en serait la suite, mais en construisant une serre ou prison latérale qui communique avec la pantène, de la même manière que la pantène communique avec l’avenue de la bordigue.

138/ Bordigues composées à une avenue
Aux claies de l’avenue d’une bordigue simple, il arrive souvent qu’on en ajuste d’autres d’une moindre longueur. On les busque du même côté et toujours dans un angle moins aigu que les premières.Les nouveaux sommets sur l’axe du canal ne sont points garnis de prisons. Mais les claies nouvelles forment, à leur rencontre avec les claies primitives, des angles tournées en sens contraire de l’avenue, et c’est à l’origine de chacun de ces angles qu’un tour ainsi qu’une serre sont adaptées.
Cette complication de la pêcherie est utile en ce que le poisson qui à pénétré jusqu’à la bouchelle de la pantène peut hésiter de s’engager plus avant, et rebrousser en arrière. Pour lors il va s’enfermer dans les tours latéraux, s’il les évite, il reste dans les bouladours (4), d’où, au moyen de la seine, on peut le forcer à entrer dans celles des prisons qu’on lui assigne.

139/ Bordigues a double avenue
Les bordigues simples ou composées ,que nous venons de décrire, n’ayant qu’une seule avenue, ne peuvent livrer au pécheur que les poissons qui tendent vers elle, mais, lorsqu’on veut s’emparer de la proie de quelque part qu’elle arrive, on établi des bordigues a double avenue. A cet effet on place dans la tranchée deux bordigues ordinaires de manière que l’évasement de l’une soit dirigée en sens inverse de celui de l’autre, et que les tours sur l’axe du canal soient réunis an une pantène unique et commune.