80/ Nécessité de la construction de chaussées pour pouvoir cultiver la Camargue
La nature, enfermant la Camargue des débris qui dominent le cours du Rhône et de ses affluents, ne pouvait livrer entièrement à la jouissance de l’homme son travail à peine terminé. Mais l’homme, toujours insatiable de possession, avide de conquérir un terrain qui lui promettait l’abondance, déploya son industrie, et suppléa, par d’opiniâtres efforts, aux efforts trop lents de la nature. Ainsi l’histoire nous présente Sésostris vivifiant la basse Egypte par des canaux, et les peuples de bords de l’Euphrate encaissant ce fleuve par des digues qui, depuis le village de Sammaouât jusqu’à la mer, existent encore sur environ 100 lieux de longueur.

81/Longueur de ces chaussées
Les ouvrages construits dans la Camargue, quoique moins vastes et moins anciens que les précédents, ne sont pas moins utiles à l’agriculture. C’est a eux, sans doute, quelle doit, depuis un temps immémorial, (1) l’exploitation d’un sel aussi riche que favorablement situé. Aujourd’hui pour défendre ce sol contre les inondations du Rhône l’Isle est encore flanquée, sur les rives de chaque branche du fleuve, de hautes chaussées dont le développement total est de près de cent mille mètres.

82/ Règlements anciens relatifs aux chaussées
L’établissement primitif de ces travaux de défense remonte a des siècles obscurs, dont il est impossible de débrouiller le chaos, les écrits le plus récents, où il en soit fait mention, sont les statuts municipaux de la république d’Arles recueillis vers le milieu du 13eme siècle. Il parait que dès lors il existait pour les levées, une organisation en corps territoriaux (2) Des lévadiers en dirigeait les travaux et, pour faire face aux dépenses, chaque propriétaire était imposé proportionnellement à ses possessions. Mais des difficultés nombreuses, au sujet des réparations, s’élevant sans cesse et suscitant, entre les intéressés des haines fâcheuses, une transaction fut passée en 1543, entre les corporation territoriaux de la Camargue.

83/ Règlement récent.
Les dispositions quelle contenait, tombèrent en désuétudes par leur propre vice, par la faiblesse des magistrats, par les troubles qui peu après et depuis désolèrent la France. Un règlement nouveau fut demandé et décrété le 4 !!!!, an III, enfin, pour y faire suite, le 15 mai 1813, un nouveau décret particulier aux chaussées, fut accordé aux voeux des corporations.

84/ Il est déjà sans vigueur, et pourquoi ?
Ce règlement qui est rempli de vues prévoyantes et judicieuse, qui
unit ensemble tous les intérêts, qui rapproche les propriétaires et leur permet de s’entendre a trouvé des détracteurs parmi ceux même qui ont coopéré à sa rédaction. C’est que l’effroi qu’avaient inspiré les débordements du Rhône de 1801 et 1810, était passé, et que l’ambition s’était réveillée dans certain coeurs.

85/ Autres motifs de plainte et leur réfutation.
Les allégations ci-dessus n’ont pas été les seules. On a cru les cotes compromises, en les déposant aux mains d’un percepteur unique. Il n’est pas difficile de sentir que , moins l’adjudicataire d’une perception aura de recouvrements à faire, moins il fera de rabais et partant moins d’économie en résultera pour les associations. D’une autre part , l’on conçoit sans peine que ces mêmes décrets mettent ces travaux du bassin du Rhône, sous l’inspection immédiates de ceux qui sont chargés de la navigation intérieure. L’on voit, pour les propriétaires dans cette mesure, une garantie de la durée de leurs ouvrages, et pour le gouvernement celle de la liberté de la navigation qui, soit par l’élargissement du fleuve, soit par sa déviation, peut être à chaque instant compromise. L’ordonnance du roi en date du 30 octobre 1816, sur les travaux de la Durance, qui sont sans contredit bien moins important que ceux du Rhône, prouve qu’on est loin encore de regarder cette inspection comme illusoire.